Alerte terroriste en Belgique : avant la finale de la Coupe Davis, ces événements sportifs bunkérisés
La finale de la Coupe Davis, entre la Belgique et la Grande-Bretagne, se déroule à Gand, dans un contexte pesant.
La finale de la Coupe Davis se déroule à Gand, en Belgique, du vendredi 26 au dimanche 28 novembre, dans un pays en état de siège. Une situation inconfortable pour les supporters des équipes belges et britanniques qui se disputent le saladier d'argent. Plusieurs amoureux de la balle jaune ont annulé leur venue, à commencer par Tim Henman, ex-n°1 anglais, qui explique au Daily Mail "préférer le regarder à la maison". Cela dit, la sécurité autour de l'enceinte est loin d'atteindre les sommets de psychose qui ont entouré certains événements sportifs. Petit retour en arrière.
Inde-Angleterre de cricket, des soldats jusque dans les vestiaires
Le 15 décembre 2008, quinze jours après les attentats de Bombay
C'est une équipe d'Angleterre fébrile qui défie, lors d'un match de tournée, son homologue indienne à Madras, dans le sud du pays, ce jour-là. Le capitaine Kevin Pietersen a téléphoné à chacun de ses équipiers pour les convaincre de participer à la rencontre. "Quinze heures de communication au total", se souvient-il dans son autobiographie intitulée KP. "Je n'ai forcé aucun joueur, mais certains des cadres n'étaient pas ravis." Et pour cause. Lors du précédent match, l'équipe anglaise logeait à l'hôtel Taj Mahal, pris pour cible par les terroristes quelques jours plus tard, dans une attaque qui a fait 188 morts et plus de 300 blessés. "On avait des discussions entre nous sur quel joueur serait le plus susceptible d'être tué."
La décision est prise au plus haut niveau : il faut continuer à jouer, pour montrer que, dans ce pays dingue de cricket, la vie continue. Les conditions sont loin d'être idéales. "A chaque fois qu'un batteur anglais quittait le terrain pour se rendre au vestiaire, lors du premier entraînement, il était suivi par un soldat armé jusqu'aux dents", se souvient le correspondant de la BBC. Près du terrain, une mitrailleuse calée derrière une pile de sacs de sable. Au cas où. L'Inde remporte un superbe match, mais le cœur n'y est pas. "Cela met un peu de baume au cœur, commente la star indienne Sachin Tendulkar à la BBC, mais on va avoir du mal à se remettre" de ce qui s'est passé à Bombay.
Le Mondial 2002 de foot, et ses matchs à 7 000 policiers
A partir du 31 mai 2002, neuf mois après le 11-Septembre
La Coupe du monde 2002, organisée au Japon et en Corée du Sud, a failli ne jamais avoir lieu. Paniquée par les attentats du 11-Septembre, la compagnie d'assurance historique de la Fifa – une société familiale allemande – annule son contrat couvrant les risques jusqu'à 700 millions de dollars. Les candidats ne se bousculent pas – sachant qu'il fallait prémunir le Mondial du risque terroriste, mais aussi du risque de catastrophes naturelles, assez fréquentes dans la région. Une solution est finalement trouvée fin 2001, note l'OCDE dans son rapport Catastrophic Risks and Insurance.
L'inquiétude de la Fifa se ressent sur l'ambiance du tournoi. Les équipes vivent dans de véritables bunkers. Pas moins de 800 soldats patrouillent aux abords de l'hôtel de l'équipe de France, raconte le livre La Décennie décadente du foot français. Des porte-avions et des sous-marins américains croisent au large des côtes. Le survol des stades et des terrains d'entraînement est interdit dans un rayon de 10 kilomètres. Et, pour les matchs à haut risque, les autorités japonaises déploient 7 700 soldats sur les stades.
La psychose se niche jusque dans l'assiette des joueurs, dont la nourriture et les boissons sont strictement contrôlées par peur d'une attaque à l'anthrax, note la BBC.
Le Mondial 1974, et l'équipe de RFA confinée dans une "forteresse"
Du 13 juin au 7 juillet 1974, deux ans après les attentats de Munich
"On va devenir fous." C'est le commentaire de Franz Beckenbauer dans Bild après quelques jours passés dans l'école de football de Malente, près de Hambourg, dans le nord du pays. La République fédérale d'Allemagne accueille la Coupe du monde, deux ans après les attentats de Munich, au cours desquels des terroristes palestiniens ont tué 11 athlètes israéliens à l'intérieur du village olympique. La menace vient aussi du groupe terroriste Fraction armée rouge, qui multiplie les attentats. L'arrière gauche Paul Breitner décrit le camp d'entraînement comme une "forteresse", rappelle le site de la radio NDR.
Dans la forêt environnant le camp, des policiers avec des chiens. Sur le terrain d'entraînement, des policiers. Dans le vestiaire, gardant les survêtements et les vêtements civils, un policier. Dans le dortoir, quatre policiers, raconte le Spiegel. Un couvre-feu est instauré, mais plusieurs joueurs font le mur, provoquant la panique de leurs gardiens. Franz Beckenbauer, pour rendre visite à une actrice qui tournait dans les environs, Sepp Maier et Uli Hoeness, pour faire la tournée des bars dans une voiture dont les freins lâchent sur le chemin du retour. "Il y avait une alarme qui se déclenchait dès que quelqu'un ouvrait une porte", se souvient le concierge Uwe Schlüter, interrogé par le Tageszeitung.
La menace était réelle. L'IRA avait menacé de mort deux joueurs protestants de l'équipe d'Ecosse. La Fraction armée rouge affirmait vouloir lancer une roquette sur le stade de Hambourg où se jouerait un explosif RFA-RDA. Et un membre de Septembre noir lâchait cette phrase glaçante dans le journal munichois Sport : "Les grands événements sportifs sont une belle occasion de rappeler au monde la grande puissance des défenseurs de la cause palestinienne."
Même dans le bunker de Malente, la sécurité n'est pas optimale. "On a reçu des lettres de menace, se souvient Schlüter, qui apportait le courrier des joueurs. Ainsi qu'une fois, un faux colis piégé. On aurait pu être encore plus prudents..."
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