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Coupe Davis : le double, le grand bluff

La France et la Suisse sont à égalité un partout au terme de la première journée de la finale de Coupe Davis. Ce samedi au programme, le double, pour lequel les capitaines refusent de dévoiler leurs cartes. La composition est encore incertaine, et toutes les hypothèses valables, un jeu de poker menteur assumé par les deux équipes, pour mettre l'adversaire dans le doute.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
  (Roger Federer se dit prêt à jouer pendant les trois jours, son capitaine Séverin Lüthi doit décider ©  Christophe Ena/AP/SIPA)
L'analyse d'Henri Leconte, le consultant tennis de France Info pour la Coupe Davis

Le samedi, ce jour spécial en Coupe Davis, encore plus un week-end de finale. Car le samedi, c'est jour de double, et on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre. L'incertitude a été renforcée par le scénario de la première journée, durant laquelle Stanislas Wawrinka et Gaël Monfils ont chacun apporté un point à leur équipe. Un partout, balle au double...

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Pourtant, si l'on se réfère au tirage au sort officiel de jeudi à Lille, la composition est connue. Côté français, Julien Benneteau et Richard Gasquet, côté suisse, Marco Chiudinelli et Michael Lammer. Ce sont même ces derniers que l'on a vus s'entraîner activement toute la semaine, sur le court du stade Pierre-Mauroy à Villeneuve-d'Ascq. Mais il ne faut pas s'y fier, cette discipline spécifique du tennis étant soumise à bien des aléas. Et les entraînements de ce samedi matin ont donné quelques indications utiles.

Roger Federer peut-il le faire ?

Le capitaine suisse, Séverin Lüthi, se garde bien de dévoiler sa décision. Mais en a-t-il seulement déjà pris une ? Il le sait, Chiudinelle et Lammer, tous les deux au-delà de la 200e place mondiale, ne pèsent pas lourd face à l'expérience française. La logique voudrait donc qu'il aligne Stanislas Wawrinka et Roger Federer, rien moins que les numéros deux et quatre au classement mondial côte à côte. Wawrinka sort renforcé de son bras de fer victorieux contre Jo-Wilfried Tsonga vendredi ; en conférence de presse d'après-match, il s'est déclaré "prêt s'il le faut à jouer les trois jours ". Malgré la défaite face à Monfils, Roger Federer allait dans le même sens : "Je serai disponible si je pense pouvoir jouer un tennis correct ".

  (Roger Federer, objet de toutes les attentions en conférence de presse vendredi © Yann Bertrand/Radio France)

Physiquement, s'il ne faut pas trop se faire de souci pour "Stanimal", il en va autrement pour Federer. Serait-il judicieux de le faire jouer tous les jours, lui qui a avoué ressentir encore une certaine appréhension à cause de ses douleurs au dos ? Si l'on en croit la légende suisse, ce serait au contraire bénéfique pour lui, car il a besoin de temps de jeu pour retrouver son meilleur niveau. Au final, c'est bien le capitaine Séverin Lüthi qui se retrouve dans une position délicate. Alors, il le dit, il va discuter avec les principaux intéressés : "Ce serait con que moi je prenne une décision comme celle-là sans demander ". Mais ne comptez pas sur lui pour dévoiler ses cartes trop tôt. En tout cas, Federer et Wawrinka se sont entraînés ensemble samedi matin...

La France ou l'embarras du choix

"Par rapport aux Suisses, on a quand même un problème différent c'est qu'on a trois équipes possibles ". Les données du "problème" français sont bien résumées par Henri Leconte, vainqueur de la Coupe Davis en 1991 et consultant pour France Info. Les Français ont l'embarras du choix, et c'est évidemment une bonne chose, ne serait-ce que pour laisser l'adversaire dans l'incertitude. Richard Gasquet et Julien Benneteau, médaillés de bronze ensemble aux Jeux olympiques de Londres en 2012, ont de sérieux arguments à faire valoir. Mais en demi-finale de la Coupe Davis face à la République tchèque, c'est avec Jo-Wilfried Tsonga que Gasquet a envoyé les Bleus en finale. Reste aussi l'hypothèse d'associer Benneteau et Tsonga, la moins plausible cependant vu la forme de Gasquet.

Jo-Wilfried Tsonga : "S'il me demande, je saute à pieds joints dans le truc !"

La réponse pourrait être dans la gestion des émotions. Dès sa défaite consommée face à Wawrinka, Tsonga se déclarait "bouillant pour aller jouer, pour essayer de se racheter ". Conscient d'avoir raté son entrée en lice, le numéro un français n'a qu'une envie, jouer pour se remettre dans le rythme avant d'affronter la journée de dimanche, où il doit affronter Federer, avec plus de repères. De toute façon, le capitaine Arnaud Clément à sa "petite idée ", lui qui dit être "quasiment sûr " que les Suisses aligneront une paire Federer-Wawrinka. Et seuls Gasquet et Tsonga ont revêtu la tenue d'échauffement sur le court samedi matin... Dans tous les cas de figure, les Français devront aborder ce double dans un contexte différent : en tant que favoris.

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