Skier avec le matériel des champions des JO 2022, c’est possible : "On travaille avec les athlètes mais en pensant au plus grand nombre"
A l’occasion de prochains Jeux olympiques d’hiver à Pékin, les marques ont beaucoup investi sur le matériel pour les athlètes. De la haute technologie qui n’est pas réservé qu’aux sportifs de haut-niveau : on la retrouve aussi sur le matériel du grand public. Reportage au centre de recherche et développement du groupe Salomon, en Haute-Savoie.
Dans un vaste bâtiment installé aux portes d’Annecy, des skis bleus sont alignés, rangés par dizaines, droits comme des i. Ces skis sont spécialement pensés pour les athlètes en cette saison olympique, à la veille des JO d'hiver à Pékin. "Là, je vois que ce sont ceux pour Ilia Poroshkin par exemple", lance Valentin Gaillard en désignant les skis du fondeur russe en contrat avec Salomon. Selon ce responsable marketing pour le ski nordique de la marque, "l’idée est que l’athlète puisse partir sur une course avec des skis qui correspondent parfaitement à sa manière de skier et aux conditions de neige du jour".
Un centre pour imaginer le ski idéal
Salomon, l’un des leaders mondiaux du ski, fait travailler 200 personnes dans son "Design Center", installé à Metz-Tessy, près d’Annecy. Ce centre a été créé pour imaginer le ski idéal, celui qui fera gagner quelques centièmes de secondes sur la piste, ou pour concevoir la chaussure la plus confortable possible.
"On fait ici le prototypage de l’ensemble des produits, de la protection jusqu’au matériel, pour le ski de fond ou de piste, le ski freeride et même le snowboard. On en fait des séries limitées pour nos athlètes."
Damien Chirpaz, chargé de la section sports d’hiverà franceinfo
Conçus pendant des mois sur ordinateur en lien avec les athlètes de haut-niveau, ces skis high-tech sont ensuite assemblés dans les ateliers à Annecy. Mais ce n’est pas uniquement une production pour l’élite du ski mondial, loin de là. "On travaille avec les athlètes mais en pensant au plus grand nombre derrière, développe Valentin Gaillard. Ces skis et ce matériel sont aussi destinés aux jeunes qui sont dans les clubs ou aux skieurs plus engagés qui vont pouvoir les acheter dans les magasins."
Le haut-niveau aux pieds de l'amateur
C’est la particularité : même en année olympique avec des exigences très fortes, les skis développés pour le haut-niveau peuvent se retrouver au pied d’un modeste pratiquant. "Pour la production grand public, on va utiliser la même technologie et notre savoir-faire, explique Sarah Isoux, responsable de production de ski alpin à Salomon. Par exemple pour les prochains Jeux Olympiques de Pékin, nous aurons une innovation sur notre gamme athlète et vous pouvez la retrouver dans tous les magasins au même moment."
Avec un bémol malgré tout. "On doit faire des adaptations pour rendre le ski plus facile", tempère Sarah Isoux. "On en peut pas mettre ces skis dans les mains de n’importe qui, complète-t-elle. Faire du ski en loisir et en compétition haut-niveau, ce ne sont pas les mêmes exigences de technique et de tracé, il n’y a pas les mêmes besoins. Ce sont quand même des skis très difficiles à manier et il faut donc les adapter pour le grand public."
L’autre obstacle, c’est le coût. Skier avec exactement le même matériel qu’Alexis Pinturault (détenteur du gros globe de cristal en ski alpin) ou Victor Muffat-Jeandet (skieur en contrat avec Salomon) a un prix, détaille Sylvain Léandre, directeur du service course alpin au Design Center Salomon à Annecy.
"On ne peut pas tout adapter pour le grand public car il y a une question de coût. Ça coûte deux fois plus cher à la production qu’un ski grand public. Dans ces conditions, ce n’est pas un produit qu’on peut toujours commercialiser."
Sylvain Léandreà franceinfo
Mais les échanges et les retours d’expérience sont constants, surtout dans une saison où le point d’orgue est les Jeux Olympiques d’hiver. Il y a des ponts qui se créent partout, confirme Sylvain Léandre : "On peut développer une technologie en course et la déployer ensuite sur la partie commerciale, souligne-t-il. Mais il y a aussi des idées pour le grand public qui peuvent nous aider en course." Et la marque française, fondée en Haute-Savoie et rachetée en 2019 par un groupe chinois, voit loin. "On travaille déjà sur le prochain hiver 2022 et sur les gammes de 2024 et 2025, assure Damien Chirpaz. On expose déjà quelques produits pour nos revendeurs." Mais déjà Salomon et ses concurrents jouent gros sur ces deux semaines de compétitions aux Jeux : la réussite d’un athlète fera aussi le succès des marques.
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