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Perrine Laffont, championne olympique de ski de bosses, entend "sensibiliser les jeunes" aux conséquences du réchauffement climatique

Championne olympique de ski de bosses à PyeongChang en 2018, Perrine Laffont est désormais l'un des visages du sport féminin français. Mais, l'Ariégeoise de 21 ans, 22 ans le 28 octobre, entend mettre sa notoriété au service d'une cause : la lutte contre le réchauffement climatique.
Article rédigé par Hugo Dupriez
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
Championne olympique à PyeongChang, Perrine Laffont aborde cette saison 2019 avec un nouveau run. (LOIC VENANCE / AFP)

Depuis juillet 2020, vous faites partie de la mission locale "Toulouse, territoire d’avenir", désormais vous allez intégrer le "Team EDF", c’est important à vos yeux de vous engager pour l’écologie et un avenir meilleur ? 
Perrine Laffont : "C’est très important, surtout quand on voit l’impact néfaste que le réchauffement climatique peut avoir sur nous et notre santé. Que ce soit dans la pollution de l’air ou dans la fonte des banquises. Je rêve d’un monde meilleur pour ma génération et pour les générations futures donc ça me tient à cœur de m’engager."

Concrètement ce "Team EDF", c’est quoi ?
PL :
"C’est une "équipe" d’athlètes, venus d’horizons différents pour promouvoir la diversité et d’autres causes que nous partageons avec le sponsor comme mon combat pour l’écologie si je reprends mon exemple. Le partenariat est basé sur l’échange ce qui permet à chacun d’apprendre de l’autre, c’est ce qui est le plus plaisant. Dans ce partenariat, il y a un vrai objectif de mixité, il y a autant d’hommes que de femmes, autant de sportifs handisports que de valides, c’est chouette de défendre ces valeurs-là. L’objectif est de montrer un maximum notre quotidien, et nos messages, au grand public. On a tous souhaité s’engager avec l’objectif de Paris 2024 en tête. EDF, comme nous sportifs, a l’objectif de faire de ces Jeux olympiques des Jeux propres."

La Team EDF

À 21 ans, bientôt 22, vous voulez vous muer en exemple pour la jeune génération ?
PL : "J’ai envie d’être un porte-parole de ce message, de ces valeurs, pour sensibiliser les jeunes à cette cause. D’autant plus que celle-ci est bénéfique pour notre santé et notre bien-être. Mais mon discours ne s’adresse pas qu’aux jeunes, j’espère que les gens plus âgés que moi seront sensibles à ce message et feront plus attention."

"J’aimerais que les générations futures puissent avoir accès au ski"

Vous avez publiquement déclaré avoir peur de ne plus pouvoir skier sur de la neige naturelle, ou ne plus pouvoir skier tout court, dans dix ans à cause du réchauffement climatique, cette peur est toujours là ?
PL : "Depuis que je fais du ski, j’ai vu l’évolution et l’impact du réchauffement climatique sur la neige. Forcément, lorsque j’ai vu ça, j’ai été sensibilisée tout de suite car mon terrain de jeu était touché. J’aimerais que les générations futures puissent avoir accès au ski, aux sports de neige, c’est dans ce sens que c’est important de prévenir et de sensibiliser pour que dans 50 ans, le ski existe toujours. "

Justement, pour vous qui avez grandi en Ariège, à 1200 mètres d’altitude, vous êtes directement confrontée aux conséquences de ce réchauffement climatique…
PL : "Je ne suis pas la seule, tout le monde peut voir ces conséquences. Les hivers arrivent de plus en plus tard, il y a des vagues de chaud, puis des vagues de froid, un climat assez instable. On peut déceler l’effet du réchauffement climatique à l’œil nu. Pour ma part, j’ai eu la chance de grandir en étant très proche de la nature. Mes grands-parents s’occupaient de leur jardin, mes parents également, quand j’en discute avec eux, on remarque directement le manque de papillons, le manque d’abeilles… Ils m’expliquent que les plantes ne poussent pas de la même manière, grandir dans cet environnement m’a encore plus sensibilisée."

On a parfois l'impression que la Fédération internationale de ski ne prend pas toujours en compte son empreinte carbone, est-ce une situation difficile à vivre pour vous ?
PL : "Je trouve ça stupide. Je pense que des efforts pourraient être entrepris pour homogénéiser le calendrier, pour cesser les allers-retours entre les continents. On sent un manque d’envie, à l’échelle de la fédération, à l’idée de faire des efforts sur l’empreinte carbone. Heureusement, à l’échelle des gouvernements, dans différents pays, des décisions commencent à venir donc nous avons bon espoir que la fédération fasse des efforts et que la situation change dans les prochaines années."

"On va souvent dans des stations de ski qui sont montées de toute pièce"

J'imagine que l'organisation des Jeux olympiques dans des villes qui ne sont pas du tout liées aux sports d’hiver est également regrettable pour vous ? 
PL : "Personnellement, ça m’attriste. On va souvent dans des stations de ski qui sont montées de toute pièce. Par exemple, pour les jeux de Pékin, nous avons fait notre première compétition là-bas en 2017, sur place ça a été un choc. Déjà, les pistes sont à 4h30 de Pékin, on est au milieu de nulle part et il n’y a rien de naturel, toute la neige est artificielle. La station est vraiment créée de toute pièce, il n’y a aucune culture du sport d’hiver, et l’empreinte carbone est déplorable car les travaux sont démentiels pour des infrastructures qui ne sont pas utilisées par la suite. D’ailleurs, le contraste est saisissant avec ce que l’on peut retrouver en Europe. On en parlait avec mes coéquipiers, de l’équipe de France de ski de bosses, lors de notre stage à Zermatt (en Suisse). Les Alpes, c’est magnifique, c’est naturel, ce sont des vraies montagnes, alors quand on se retrouve au fin fond de la Chine sur deux collines, ça fait mal au cœur. En ce sens, c’est pour ça que les Jeux olympiques de Paris, en 2024, sont importants, car ils sont basés sur des structures déjà existantes ce qui permettra de baisser considérablement l’empreinte carbone. "

La période de confinement s'est révélée être positive pour l’environnement, quels enseignements pensez-vous que l’on puisse en tirer ?
PL : "On a tous pu apprendre plein de choses de la période de confinement. D’abord, la résilience, l’entraide également, et le confinement a signifié un retour aux valeurs simples de la vie. On ne prenait plus la voiture, on pouvait réellement profiter de son environnement et d’un retour aux sources. Aussi, dans nos modes de vie, le confinement a permis de revenir à des choses plus simples, plus responsables. Si on prend par exemple le thème de l’alimentation, on a pu observer un retour à la consommation de produits locaux. Une alimentation plus saine et plus vraie qui est bénéfique à tout le monde. Des idées, il y en a plein. Durant la crise sanitaire, on a pu voir à quel point le gouvernement pouvait avoir un réel pouvoir. En une phrase, le confinement a été annoncé et toute la France l’a appliqué. Je regrette que certaines décisions importantes, comme le bannissement du plastique ou un recours aux énergies renouvelables, ne soient pas prises."

Comment parvenez vous à concilier votre activité sportive, votre engagement et même vos études ?
PL : "Tout simplement par une bonne gestion de l’emploi du temps, une bonne organisation des tâches. Surtout, tout ce que je fais, je le fais par plaisir, ce n’est en aucun cas une corvée donc la gestion se fait naturellement."

La reprise de la saison est imminente, j'imagine que vous avez hâte ?
PL : "Oui, on a hâte. Je n’ai pas de réel objectif, même si bien sûr quand je suis au départ ce n’est pas pour cueillir des pâquerettes (rires). Je ne me suis pas fixé d’objectifs la saison dernière et ça a plutôt bien marché donc j’espère continuer sur cette lancée en gardant le même état d’esprit et l’horizon des Jeux olympiques en ligne de mire."

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