Martin Fourcade, le plus grand ou le plus titré ?
Au-delà de son talent hors norme, Martin Fourcade, avec six épreuves à chaque grande compétition (sprint, poursuite, individuel, mass start, relais, relais mixte), donc autant de chances de monter sur la plus haute marche du podium, a indéniablement bénéficié de la spécificité du biathlon pour gonfler sa collection de trophées, au contraire d'autres grands noms du sport tricolore.
Sur la scène olympique, les judokas Teddy Riner ou David Douillet n'ont ainsi pu décrocher qu'un seul titre par édition (2012 et 2016 pour Riner, 1996 et 2000 pour Douillet), tout comme les Experts du handball (2008 et 2012). De même, Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë (2000, 2004, 2012), n'avait pas de droit à l'erreur. Au contraire, Fourcade pouvait lui se rattraper d'une contre-performance pour rebondir immédiatement. C'est cette multiplicité de spécialités qui avait également permis à Jean-Claude Killy de réaliser un historique triplé aux Jeux de Grenoble et un Grand Chelem sur les trois épreuves seulement au programme en 1968 (descente, géant, slalom).
Pour Tony Estanguet, il ne fait cependant pas de doute: Fourcade "est tout en haut". "Il est le Français le plus titré sur l'histoire olympique, donc c'est notre grand champion. Ce n'est pas rien!", selon l'actuel patron du comité d'organisation des JO de Paris-2024.
Une aura planétaire
Le grand mérite de Fourcade est surtout d'avoir réussi à s'imposer et d'être devenu une figure centrale du sport tricolore malgré le caractère confidentiel du biathlon en France. Le simple regard aux lignes du palmarès ne suffit pas pour estimer le rang d'un athlète dans la hiérarchie nationale. L'aura de Martin Fourcade va bien au-delà de la sphère du sport, comme en témoigne le succès de son ouvrage "Mon rêve d'or et de neige" (plus de 30.000 exemplaires vendus en France), traduit en plusieurs langues, ou les belles audiences de la Chaîne L'Equipe, qui diffuse le biathlon.
Fourcade a aussi su user de son charisme et d'un caractère entier pour s'imposer, avec un regard acéré sur le monde du sport et l'actualité, notamment le dopage. C'est ce qui lui a permis d'être désigné porte-drapeau de la délégation tricolore aux JO de Pyeongchang en 2018 avant de mettre un pied dans les instances. Son après-carrière est ainsi déjà tout tracé puisqu'il préside la commission des athlètes de Paris-2024 et il s'est porté candidat à la commission des athlètes du CIO en 2022.
Autre fait rare pour un sportif français, sa réputation dépasse bien les limites exiguës de l'Hexagone, notamment en Russie, le rapprochant de Marie-Josée Pérec, triple championne olympique entre 1992 et 1996, qui a fait un passage Outre-Atlantique, ou de Laure Manaudou, championne olympique en 2004 et véritable star de la natation dans les années 2000.
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