Sécurité, transports et économie, les autres enjeux de l'Euro 2016
Plus de 50 000 forces de l'ordre mobilisées
La menace des attentats demeure la principale hantise des autorités françaises. Seulement sept mois après les actes terroristes du 13 novembre, l'Euro de football reste une cible de choix pour le groupe Etat islamique (EI). "Nous faisons tout pour éviter une attaque terroriste, et nous nous préparons également à y répondre", a assuré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
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Les moyens sont en effet conséquents avec 42.000 policiers et 30.000 gendarmes mobilisés pour l'événement sportif et plus d'une trentaine d'exercices de simulation a été organisée. Même si le gouvernement assure par ailleurs qu'il n'existe pas de menace précise sur l'Euro, la France demeure un objectif prioritaire pour la mouvance djihadiste, préviennent les services de renseignement. Et c'est bien au Stade de France que trois assaillants se sont fait exploser il y a sept mois, lançant l'opération terroriste qui avait fait 130 morts et 413 blessés.
Le casse-tête des "fan zones"
Outre les stades, les fameuses "fan zones" où sont attendues entre sept et huit millions de supporteurs, représentent des lieux extrêmement sensibles. Selon le Directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) Patrick Calvar, "nous risquons d'être confrontés (…) à une campagne terroriste caractérisée par le dépôt d'engins explosifs dans des lieux où est rassemblée une foule importante". Lors d'une audition à l'Assemblée nationale, M. Calvar a indiqué que "Daech planifie de nouvelles attaques", sans préciser que l'Euro était plus particulièrement ciblé.
La crainte des Etats-Unis et de l'Angleterre
Les Etats-Unis ont eux aussi fait part de leur inquiétude auprès de leurs ressortissants. "Les stades de l'Euro, les 'fan zones' et les sites non officiels qui retransmettent le tournoi en France et dans toute l'Europe représentent des cibles potentielles pour les terroristes", a fait savoir le Département d'Etat américain. Même son de cloche Outre-Manche, où le ministère britannique des Affaires étrangères a mis en garde ses ressortissants contre le risque d'"attaques terroristes" pendant l'Euro.
En cas de menace avérée, les autorités ont d'ores et déjà indiqué qu'elles pourraient prendre des mesures exceptionnelles, allant de la fermeture temporaire des "fan zones", à l'annulation de certains matches. "Toutes les options ont été travaillées entre l'organisateur et les parties prenantes, et le dispositif de sécurité est conçu pour s'adapter en temps réel", a précisé Bernard Cazeneuve dans un entretien au journal L'Equipe.
Des transports supplémentaires
Alors que les organisateurs redoutaient également des grèves pendant la compétition, tout semble rentrer dans l'ordre, ce qui est de bon augure à l'heure où l'on prévoit l'arrivée de plusieurs centaines de milliers de supporters. La SNCF semble avoir trouvé un accord lors de l'ultime réunion de négociation sur le travail des cheminots entamée lundi matin, et tout va être mis en œuvre pour faciliter le transport des supporters, notamment à Paris. De son côté, la RATP va renforcer son offre de métros et de RER les jours de matchs à Paris, avec plus de trains sur les lignes 9 et 10 pour les matches du Parc des Princes, et il en sera de même sur la ligne 13, ainsi que sur le RER B pour les matches du Stade de France. Le 9 juin, à l'occasion du concert d'ouverture de l'Euro 2016, sur le Champ de Mars, les lignes 6, 8, 9 et 14 resteront ouvertes une heure de plus et les lignes de Noctilien seront renforcées. Des lignes seront par ailleurs ouvertes toute la nuit le soir de la finale.
Vers des records d'audience
Toutes ces mesures ont un coût, estimé à 1,7 million d'euros. Mais le jeu en vaut la chandelle, si l'on se penche sur les retombées économiques attendues lors d'un tel événement. La compétition représente par exemple une extraordinaire vitrine et les publicitaires entendent bien en tirer profit. L'Euro devrait peser pour un quart de la croissance du marché publicitaire européen cette année prévue à plus de 4%, soit 900 millions d'euros, prévoit l'agence Zenith Optimedia. L'évènement a un impact sur toute l'Europe, mais la France bénéficie aussi cette année d'une prime au pays organisateur. Pour les diffuseurs de TV, c'est également une aubaine. "On pense qu'il y aura des records d'audience, 35 millions d'individus devraient être touchés en France sur l'ensemble de la compétition", indique à l'AFP Isabelle Vignon, directrice de l'expertise média du groupe Dentsu Aegis.
L'hôtellerie grande perdante ?
En revanche, d'autres secteurs n'ont pas encore tiré profit de l'Euro. C'est le cas des réservations hôtelières, qui se voient coiffer sur le poteau par des sites de locations d'appartements. Une semaine avant le début de la compétition, seulement 60 % de chambres étaient réservées dans les dix villes hôtes, alors que pour la Coupe du monde 1998, tout était plein trois mois avant... "Cela se jouera en fonction des affiches de matches mais il est certain, notamment à Paris, qui compte 80.000 chambres intra-muros et 140.000 avec la périphérie, que nous ne ferons pas le plein", déplore le président du Groupement National des Indépendants (GNI), Didier Chenet.
Ce taux de remplissage décevant s'explique en partie par la présence de plus en plus forte des plateformes de locations d'appartements. L'UEFA a même conclu un accord avec la plateforme de location de vacances Abritel-HomeAway, un partenariat qui a fortement déplu aux hôteliers français. Le concurrent Airbnb prévoit quant à lui "plus de 250.000 voyageurs" qui se logeront chez ses hôtes dans les villes qui accueillent la compétition, dont "plus de 118.000 à Paris". Mais pour l'es hôteliers, rien n'est encore perdu. De nombreux spectateurs vont s'y prendre à la dernière minute pour réserver un hébergement, notamment à partir des huitièmes de finale dont on ne connaît pas encore les affiches…
1,2 milliard d'euros de retombées en France
Pour ce qui est de la vente des billets, tout va bien. Pratiquement tous les billets de la compétition ont été vendus, et environ 2,5 millions de spectateurs sont attendus durant un mois, dont 1,5 million de visiteurs étrangers. Selon le centre de droit et d'économie du sport (CEDS), cela représente 250.000 nuitées et pas moins de 1,2 milliard d'euros d'impact économique pour la France. Une ville comme Bordeaux a prévu 126 millions d'euros de retombées économiques, selon une étude réalisée par le Centre du Droit et d'Économie du Sport (CDES) de Limoges. À Marseille, ce sont 181 millions d'euros de retombées qui sont attendus grâce aux dépenses des spectateurs, de l’UEFA et des équipes présentes dans la ville. Autant dire que les enjeux de l'Euro 2016 sont loin d'être limités au domaine sportif.
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