Top 14 : ce qu'il faut savoir sur le barrage Racing 92 - Stade Français
Les deux frères ennemis franciliens se rencontrent lors d'un barrage, vendredi, à La Défense - Paris Arena, avec comme objectif une place en demi-finales.
Un derby francilien à quitte ou double pour ces deux places fortes du rugby hexagonal. Depuis plus d'une décennie désormais, le Racing 92 (3e) et le Stade Français (6e) ont vu leur rivalité s'accroître au fil des oppositions sportives, mais pas que... Avec comme point d'orgue ce barrage d'accession, vendredi 11 juin, sur la pelouse synthétique des Ciel et Blanc, c'est toute une saison aux multiples rebondissements qui se jouera entre les deux clubs de la capitale.
Gaël Fickou, un transfert qui fait encore jaser
Transfuge à la surprise générale du Stade Français au Racing 92 à la mi-avril, le centre international Gaël Fickou a ravivé les flammes de la rivalité. Un transfert de poids dans le rugby français pour passer de l'autre côté du périphérique au milieu de la saison, mais que certains membres du Stade Français ont assez mal vécu. Un accord de principe avait même été conclu pour que le joueur de 27 ans ne dispute pas le derby début mai, ce qui ne sera pas le cas cette fois-ci.
"La première année, il a fait une bonne saison. Mais la seconde, il n’a joué que six matches et cette saison seulement huit. Gaël nous coûte un million d’euros la saison. Donc chaque match, c’est 150 000 euros ! C’est juste incroyable ! Et ce joueur veut quitter le club alors que nous avons encore une chance de nous qualifier pour les phases finales d’ici à la fin de saison. C’est contre mes principes", avait pourtant déclaré en avril le président allemand du Stade Français, Hans-Pieter Wild, dans les colonnes du journal L'Equipe.
Arrivé en 2018 sous les couleurs des Soldats roses, après que les dirigeants parisiens aient racheté sa dernière année de contrat pour un montant de 700 000 € au Stade Toulousain, Gael Fickou n'aura joué que 32 matches en deux saisons et demi au club. Les Racingmen ont eux déboursé près de 350 000 € pour s'offrir les services de l'international français aux 63 sélections.
Deux dynamiques contraires
Opposées, les deux équipes le sont également sur le bilan sportif de la saison. Pourtant bien partis cette saison, le Racing 92 a flanché durant la phase retour. L'élimination en quarts de finale de la Coupe d'Europe à Bordeaux (24-21) a été le symbole d'un tournant dans les esprits franciliens. Celui d'un long passage à vide en championnat avec quatre défaites consécutives entre le mois de mars et la fin du mois d'avril.
Les Racingmen ont ensuite voulu gérer pour rester dans les deux premiers du Top 14 jusqu'à la dernière journée. Objectif raté, malgré une large victoire avec bonus contre Brive (55-12), car dans le même temps La Rochelle a décroché un point de bonus défensif à Clermont, synonyme de qualification directe pour les demi-finales grâce à une meilleure différence de points que le Racing 92.
Un point de différence, c'est par contre ce qu'il a fallu au Stade Français pour décrocher, lors de la dernière journée contre Bayonne (12-9), une qualification qui semblait encore inespérée deux mois plus tôt. Une remontée sensationnelle commencée fin avril et qui s'est poursuivie par un succès retentissant lors du derby contre le Racing 92 à l'extérieur (35-29). Six victoires d'affilée lors des six dernières journées ont permis aux joueurs de Gonzalo Quesada de construire un collectif soudé et prêt à tout, après un début de saison marqué par des cas de Covid-19 à répétition et plusieurs affaires extra-sportives.
Deux historiques à la recherche du temps perdu
Même si les deux clubs se côtoient en Top 14 seulement depuis 2009, ils font néanmoins partie de l'histoire des Pères fondateurs du rugby français. Fondé en 1882, le Racing Club, club de la banlieue ouest parisienne, remporte trois Brennus (1892, 1900 et 1902) dans un premier temps. De l'autre côté, le Stade Français fait son apparition en 1883, dans ce qui est le 16e arrondissement parisien, et décroche huit Brennus de 1893 à 1908. Un premier âge d'or lointain pour ces deux doyens de l'ovalie qui vont mettre du temps à retrouver les sommets.
Plus structuré, le Racing revient à la fin des années 1950 avec un titre en 1959. Trente et un ans plus tard, les Franciliens redeviennent champions de France en 1990, portés par une génération de joueurs comme Franck Mesnel, Eric Blanc, Jean-Baptiste Lafond et Laurent Bénézech entre autres, avec en point d'orgue cete finale jouée avec un noeud papillon rose. S'en suivront plusieurs descentes sportives au moment où le Stade Français, repris par Max Guazzini, retrouvera, lui, ses lettres de noblesse sous l'ère Bernard Laporte, Fabien Galthié et Christophe Dominici. Cinq titres nationaux de 1998 à 2007 marqués par la professionnalisation du rugby et des grands shows d'avant-match.
Deux projets portés par de riches hommes d'affaires
Pourtant, les deux clubs ennemis au destin sportif bien différent et si proche à la fois, vont tenter de fusionner en mars 2017. Sous les ordres de Jacky Lorenzetti, millionaire fondateur du groupe Foncia et président du Racing 92 depuis 2006, et de Thomas Savare pour le Stade Français, repreneur du club en 2011, les deux entités annoncent même une fusion pour créer un seul géant sportif et économique du rugby en Ile-de-France. Une tentative avortée quelques jours plus tard seulement, sous la pression des supporters et des politiques.
Depuis, les deux clubs ont bien changé dans leur fonctionnement. Les Racingmen ont inauguré leur Paris - La Défense Arena de 32 000 places en décembre 2017 et construit un effectif "galactique" pour obtenir un titre national en 2016 et trois finales de Coupe d'Europe (2016, 2018, 2020). Des internationaux en pagaille (Dan Carter, Juan Martin Hernandez, Joe Rokocoko, Jonathan Sexton...), pour un rendement pas toujours à la hauteur des espérances des dirigeants.
Le Stade Français a écrit lui une nouvelle page de son histoire en 2015 avec un nouveau Brennus, deux ans avant l'arrivée du nouveau repreneur et milliardaire allemand Hans-Pieter Wild. Propriétaire du groupe Capri-Sun, dont l'ambition est de replacer le Stade Français au centre du rugby français après plusieurs années d'errance, malgré un effectif moins ronflant au niveau des stars que son homologue francilien, même si le mercato pour la saison prochaine a déjà fait parler. Mais là aussi, les résultats tardent.
Verdict donc vendredi soir, pour deux clubs qui ne se sont plus affrontés en phase finale depuis la saison 2014 - 2015 et une victoire du Stade Français, déjà en barrage pour une place en demi-finales de Top 14.
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