Six nations 2024 : gestion de la déception du Mondial, vivier prometteur, rupture dans la progression… Le bilan du XV de France

Malmenés puis revanchards, les Bleus ont terminé samedi à la deuxième place du Tournoi des six nations pour la deuxième année de rang.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
La joie des Bleus après la victoire face à l'Angleterre dans le dernier match du Tournoi, le 16 mars 2024. (AFP)

Des hauts et des bas et de nombreux enseignements à tirer. Avec sa victoire face à l’Angleterre (33-31) dans le dernier match de ce Tournoi 2024, samedi 16 mars, le XV de France a conclu sept semaines d’une compétition intense, entamée dans l’adversité et la difficulté, et marquée par une grande résilience. Franceinfo: sport dresse le bilan de cette campagne tricolore mouvementée, un Tournoi "d'enfer, au sens propre comme au sens figuré", selon Fabien Galthié.

Les satisfactions

Un premier pas pour évacuer la déception du Mondial

Ils ne voulaient pas en parler, ou à peine, mais le crève-cœur de l’élimination au Mondial à la maison a bel et bien pesé dans toutes les têtes. Il aura fallu attendre la joie de la démonstration offensive à Cardiff, et surtout les émotions de la dernière victoire pour évoquer ouvertement le traumatisme. "Il a fallu s’accrocher, on revenait d’une énorme déception", a reconnu un Thomas Ramos ému aux larmes au micro de France 2 samedi. "Dans cette victoire-là, il y a de l'apprentissage de ce qu'il s'est passé il y a quelques mois", a assuré son sélectionneur peu après en conférence de presse.

Auteur d'un superbe match avec notamment la pénalité de la victoire, de 50 mètres, Thomas Ramos s'est arrêté au micro de France Télévisions pour évoquer ce dernier match du Tournoi des Six Nations.
Journée 5 - Thomas Ramos : "On a retrouvé l'envie qu'on n'avait peut-être pas au début du Tournoi" Auteur d'un superbe match avec notamment la pénalité de la victoire, de 50 mètres, Thomas Ramos s'est arrêté au micro de France Télévisions pour évoquer ce dernier match du Tournoi des Six Nations.

Avec cet ultime succès au contenu si similaire au quart de finale, mais à l’issue tellement plus heureuse, les Bleus ont sans doute fait un premier grand pas vers l’après. Pour Dimitri Yachvili, "c'était important d’avoir des scénarios qui basculent à notre avantage, c’est maintenant chose faite". Les Bleus peuvent désormais se tourner vers le futur. "Ce n'est pas la fin du Tournoi, mais le début de quelque chose d'autre", a promis Fabien Galthié.

Un vivier de jeunes au niveau

Si le collectif a retrouvé des couleurs, c’est en grande partie grâce au sang neuf qui lui a été injecté. Forcé par les blessures et les suspensions, Fabien Galthié a fait une entorse à son dogme de la continuité pour lancer dans le grand bain plusieurs jeunes joueurs sur la pelouse de Cardiff, avant de les reconduire face aux Anglais. "C’est l’une des richesses du rugby français, de former des jeunes, de bien les faire travailler et de les lancer à haut niveau", analyse Vincent Clerc, consultant pour France Télévisions.

France-Angleterre
Journée 5 : Nolann Le Garrec inscrit le premier essai du match France-Angleterre (FRANCE TELEVISIONS)

Dans le sillage de Nolann Le Garrec, impressionnant tout au long du Tournoi d’abord dans un rôle de finisseur puis avec le numéro 9 dans le dos, les jeunes ont démontré que la confiance placée en eux était fondée. Sur les deux dernières rencontres, ils repartent avec les deux titres honorifiques de joueur du match (Le Garrec, justement, au pays de Galles, et Léo Barré contre l’Angleterre). Et des promesses pour l'avenir.

Un collectif capable de relever la tête 

C’était l’objectif qu’ils s’étaient fixé après le match nul très décevant contre l’Italie : retrouver de l’allant et finir sur deux victoires. Au retour de la seconde semaine de repos, les Bleus ont livré un dernier segment de bien meilleure facture, avec une large victoire au pays de Galles, et un succès renversant face à l’Angleterre. "L’important, c’était de voir l’équipe progresser au fil du Tournoi et de finir par une victoire, c’est toujours plus positif", assure Dimitri Yachvili, consultant pour France Télévisions.

Les hommes de Fabien Galthié ont su trouver les ressources physiques, et surtout mentales, pour relever la tête, à l’image du chassé-croisé pendant une heure avec les Gallois, ou de la force de caractère pour repasser dans les dernières secondes devant les Anglais. "On a montré énormément de caractère, c’est dans ces moments qu’on voit ce qu’il y a dans cette équipe"a apprécié Grégory Alldritt au micro de France 2 samedi.

Les déceptions

Une rupture dans la progression

Ils ne nous avaient pas habitués à ça. Après quatre ans d’une progression presque linéaire vers le Mondial, les Bleus ont marqué le pas, balayés par l’Irlande en ouverture, passés à une décision arbitrale de la défaite en Ecosse, et tout proches de la correctionnelle face à l'Italie. "Il y a eu une première partie difficile, avec une volonté de stabilité, qui finalement n’a pas payé avec des contre-performances. On a senti que c’était dur de remettre la même intensité que sur le mandat précédent", estime Vincent Clerc.

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Journée 3 : l'incroyable raté de Paolo Garbisi à la dernière seconde . (FRANCE 2)

En difficulté lors de leurs trois premières sorties, ils ont longtemps donné l’impression d’un chantier permanent, avec une identité, une connexion, et un plaisir de jouer disparus. Une situation que les Bleus veulent comprendre pour s'assurer de ne pas la reproduire, comme l'affirmait Thomas Ramos avant l'Angleterre : "Il faudra quand même regarder ce qui n'a pas fonctionné sur ce début de Tournoi afin que ça ne se reproduise pas."

Des joueurs aux ressources pas si inépuisables

En l’absence de plusieurs joueurs de marque, les cadres restants du XV de France étaient particulièrement surveillés. Mais tous n'ont pas abordé le rendez-vous avec la même forme et le même état de fraîcheur. "C’est toujours difficile d’aborder un Tournoi post-Coupe du monde [...] Certains joueurs étaient fatigués mentalement", analyse Dimitri Yachvili, tandis que Vincent Clerc évoque "des calendriers dingues". Avant de retrouver des cannes dans le sprint final, certains joueurs comme Grégory Alldritt, Gaël Fickou et Cyril Baille sont d'abord apparus émoussés.

D'autres n'ont pas réussi à saisir l'occasion pour briller, à l'image de la charnière bordelaise Matthieu Jalibert-Maxime Lucu, attendue au tournant. Secouée et balbutiante sur les premiers matchs, elle a été démantelée sans avoir convaincu après la blessure de Matthieu Jalibert face à l'Italie puis le déclassement de Maxime Lucu au profit de la jeunesse.

Toujours des soucis dans le jeu

L’euphorie de la dernière victoire ne doit pas faire oublier que le contenu a été loin d’être parfait, à Lyon comme sur les autres pelouses. Les Bleus ont successivement souffert de désorganisation, d’une inquiétante indiscipline (quatre cartons sur les trois premiers matchs), de manque d’efficacité offensive (pointée par le sélectionneur après le match contre l’Angleterre), et d’une friabilité défensive étonnante sur les deux derniers matchs (sept essais encaissés sur 10 entrées dans les 22 mètres), avec des passages à vide et des trous dans le premier rideau. 

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Journée 5 : le résumé de France - Angleterre (2024) . (FRANCE 2)

Le XV de France a dû composer avec les absences, s’adapter à un staff remanié dans des secteurs clés, et à une évolution d'un jeu de dépossession à un jeu un peu plus équilibré entre les pieds et les mains. "J'espère qu’on a réussi à rebâtir quelque chose qui sera encore plus solide", a posé Gaël Fickou sur France 2. La question du contenu va rester l'un des points d'interrogation qui va suivre ce Tournoi.

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