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1999 : les petits détails qui expliquent la victoire surprise face aux All Blacks

En 1999, au-delà de la performance sportive, la victoire historique contre la Nouvelle-Zélande, en demi-finale, c’est une somme de petits détails. Car au départ personne ne croit à la victoire, sauf les Bleus.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Christophe Lamaison lors de la demi-finale de la Coupe du monde 1999 contre la Nouvelle-Zélande © Reuters / R.Boyce)

Aucune chance, battus d’avance. En cette fin d'octobre 1999, les Français vont croiser la route des terrifiants All Blacks en demi-finale et on ne donne pas cher de la peau de ces coqs pas bien fringants jusqu’ici.

En interne, des soubresauts agitent le groupe. Quelques hommes, dont l’ouvreur Titou Lamaison, décident de prendre le pouvoir : "On avait plus ou moins pris les rênes de l’équipe. Quand on vit pendant quatre ou cinq mois ensemble, il arrive un moment où l’on a envie se prouver des choses, de soulager les coaches, de se comporter en leaders. "

Les Français, fidèles à leurs traditions, ont fait la fête après la victoire en quart de finale. Quelques verres plus tard, ils ont donc convenu d’empiéter sur les prérogatives du duo d’entraîneurs Skrela-Villepreux.

Sur la pelouse de Twickenham à Londres, juste après le haka, les Bleus forment un cercle et Ibanez lance une Marseillaise, reprise à pleins poumons par ses partenaires. L’arbitre les appelle à plusieurs reprises pour le coup d’envoi. Ils ne viennent qu’une fois le chant terminé. Ils veulent donner le tempo.

Liévremont : "Observez leurs regards ! "

Le combat est rude, violent même. A la mi-temps, la France est logiquement menée 17/10. Lomu a marqué un essai tout en puissance.

Mais dans le vestiaire, un homme rassure ses partenaires. Un taiseux habituellement qui cette fois attire l’attention de tout le groupe. Marc Liévremont alors 3e ligne aile a remarqué quelque chose chez leurs adversaires : "J’avais vu ces mecs douter. J’avais vu dans leurs regards que, même s’ils avaient une grosse avance au score, ils étaient emmerdés. Je me souviens de l’avoir dit à mes partenaires. Je leur disais : "Observez leurs regards ! Ils sont en train de souffrir. On sent qu’on leur fait mal sur les impacts, on sent que le doute est en train de s’immiscer donc il ne faut absolument pas lâcher." J’ai rarement vécu de pareils moments, tout était plus intense qu’un match ordinaire. "

Tactique anti-Lomu

Mais la 2e période commence très mal avec un nouvel essai du surpuissant Lomu. 24 à 10. Le match paraît plié, sauf pour les 15 Bleus sur le terrain.

Au fil des minutes, la tactique anti-Lomu fonctionne. Depuis le début, Lamaison tape de longs coups de pied systématiquement dans le dos du géant néo zélandais. Il l’oblige ainsi à de longues courses en arrière. Lomu est explosif mais peu endurant, ces allers-retours l’épuisent. Et les Bleus s’enhardissent.

Fabien Pelous se souvient comme si c’était hier : "Il y a eu ce moment magique où l’on sentait que ça basculait en notre faveur, qu’on prenait le dessus physiquement. Tout est parti d’un ballon porté sur nos 40 mètres. On les emporte sur une vingtaine de mètres et Titou Lamaison met un drop sur la sortie de balle. Là, on s’est dit que c’était possible, qu’on pouvait le faire. On s’est même payé le luxe de savourer les cinq dernières minutes en étant sur le terrain, on savait qu’on avait gagné le match. Tel un spectateur, on a pu savourer l’émotion que l’on ressentait à ce moment-là.

Ce jour là, les Français signent ce qui reste, encore aujourd’hui, le plus bel exploit de l’histoire de la Coupe du Monde.

1999 : les petits détails qui expliquent la victoire surprise face aux All Blacks

 

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