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Roland-Garros 2016: beaucoup d'eau et peu de hauts

Cette quinzaine des Internationaux de France s’est achevée sur le sacre de Novak Djokovic. Un moment historique pour un tournoi qui le restera. Pas forcément pour les bonnes raisons. Entre la météo chaotique, les forfaits, la première de Guy Forget comme directeur n’aura pas été de tout repos. La réussite de Richard Gasquet, le culot de Mathias Bourgue ou le duo Mladenovic-Garcia ne compenseront pas un tournoi où les grands moments de tennis auront finalement été rares.
Article rédigé par franceinfo
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Roland-Garros aura été marqué par la pluie, les sacres de Novak Djokovic et Garbine Muguruza et le bon parcours de Richard Gasquet

Les flo​ps

Quinzaine noire (très g​rise plutôt)

Du dimanche 22 mai au dimanche 5 juin, l’accessoire indispensable dans les travées de Roland-Garros aura été le parapluie. Les panama, ces chapeaux qui fleurissent quand le soleil pointent ses rayons, se sont fait rares. La faute à cette météo qui avait décidé de gâcher la fête. Seules les rencontres du vendredi de la première semaine se sont déroulées sous un grand ciel bleu. Le reste ? Du gris. Beaucoup de gris. Tellement de gris que le lundi 30 mai aura été noir. Pas un seul match, une première depuis 2000, et un retard conséquent sur le calendrier. Le lendemain fut à peine mieux avec deux heures de jeu au total, juste de quoi créer la grogne des spectateurs qui n’ont pas pu être remboursés. Ces deux jours succédaient à la panne générale, provoquée par l’orage qui s’était abattu sur Paris, et qui avait bloqué la retransmission des matches le premier samedi entre 17h30 et 18h15. N’en jetez plus. Ces retards ont obligé les organisateurs à revoir la programmation et les joueurs et joueuses à enchaîner. Serena Williams a joué quatre matches en quatre jours, Djokovic a disputé son huitième de finale contre Roberto Bautista-Agut sur trois jours. Guy Forget parle de « prise de conscience » d’installer enfin un toit. Ca ne sera pas avant 2020, au mieux.

Lire aussi: Rafael Nadal lui a annoncé son forfait en raison d’une blessure au poignet, quelques minutes avant une conférence de presse improvisée. Un monde fou s’est pressé en salle de conférence pour voir un Nadal œil dans le vague, regard noir dire stop. Le lendemain, c’était au tour d’un autre cador de déclarer forfait. En plein troisième tour face Ernests Gulbis, Jo-Wilfried Tsonga, alors qu’il mène 5-2, abandonne. La douleur aux adducteurs est trop forte. C’est en larmes et sous les applaudissements qu’il quitte le Central. En une semaine, Roland a perdu quatre de ses coqueluches. Quatre (gros) coups durs.

Petit cru

Plus que la pluie, le vrai bémol de cette quinzaine reste le tennis à proprement parler. Combien de grands matches, combien de grands moments lors de ce tournoi ? En cherchant dans nos mémoires, on trouve les premiers tours d’Andy Murray contre Radek Stepanek et Mathias Bourgue et celui de Stan Wawrinka contre Rosol. Les deux favoris s’en étaient sortis en cinq sets en offrant de grands moments. Mais sinon quoi ? Des fulgurances comme l twinner de Nadal contre Groth au premier tour. Mais dès que la route s’est élevée, les absences et la hiérarchie n’ont ménagé aucune surprise. Les demi-finales ? A sens unique ou presque. Qu’ils étaient loin les combats de titans entre Federer et Djokovic en 2011 ou entre Djokovic et Nadal en 2013. Et avant ? On a bien vibré devant le parcours de Richard Gasquet avec ses victoires pleines d’autorité contre Kyrgios et Nishikori et pendant ses deux premiers sets face à Murray… Pour sa première, Guy Forget s’attendait sûrement à mieux. Et nous aussi.

Vidéo: Le résumé de l'édition 2016

VIDEO. Pluie, Nadal, Muguruza: ce Roland-Garros 2016 aura été imprévisible

Les tops

Novak Djokovic enfin au sommet

Pour sa quatrième finale, qui suivait sa 8e qualification pour les demi-finales (soit seulement une de moins que le recordman Rafael Nadal), Novak Djokovic a enfin atteint son Graal. En s’imposant face à Andy Murray, le Serbe a réalisé le Grand Chelem sur deux saisons (Wimbledon et US Open 2015, Open d’Australie et Roland-Garros 2016). Il s’est surtout invité dans le cercle très fermé des joueurs ayant gagné au moins une fois chacun des tournois du Grand Chelem dans l’ère Open. Rod Laver, André Agassi, Roger Federer et Rafael Nadal sont désormais rejoints par un autre N.1 mondial.

Les futurs N.1 mondiaux

Garbine Muguruza est la grande gagnante de la quinzaine. D’abord, parce qu’elle a accroché le premier titre du Grand Chelem à son palmarès. Ensuite, parce que l’Espagnole de 22 ans, née au Venezuela, a empêché Serena Williams de conquérir une 22e couronne, et conserver son titre. Enfin, deux ans après avoir créé la sensation en éliminant déjà l’Américaine au 2e tour ici-même, la 4e mondiale a confirmé qu’elle prétendait bien au trône mondial, dans un avenir très proche.
La première place mondiale, c’est aussi ce qui est promis à Dominic Thiem. A 22 ans, l’Autrichien a bénéficié d’un tableau déplumé par le forfait de Nadal, l’abandon de Tsonga, pour atteindre pour la première fois de sa jeune carrière les demi-finales dans un Grand Chelem. S’il a été rattrapé par l’enjeu et par le niveau du N.1 mondial, il a montré qu’il avait la tête et une puissance de feu impressionnante, à même de venir troubler le jeu du Big Four dans les mois qui viennent.

La jeunesse pleine d’espoirs

Outre Muguruza et Thiem, cette édition a également dévoilé de beaux talents, parmi lesquels la Kazakhe Yulia Putintseva, passée tout près de renverser la reine Williams en quarts de finale, ou l’Américaine Shelby Rogers, qui a fait vaciller la future gagnante Muguruza en quarts également, sans oublier la Néerlandaise Kiki Bertens, elle-aussi belle résistance contre la N.1 mondiale en demi-finale. Dans le tableau masculin, David Goffin (quarts de finale) et Alexander Zverev (3e tour) ont également planté quelques bandrilles pour le futur, comme le Britannique Aljaz Bedene (3e tour) et bien évidemment Mathias Bourgue, beau vaincu du 2e tour contre le futur finaliste Andy Murray.

Le roi Richard

Pour la première fois de sa carrière, Richard Gasquet a atteint les quarts de finale à Roland-Garros. Dernier Français en lice, il s’est offert deux succès majeurs (Kyrgios et Nishikori), pleins d’une autorité qui n’est pas son apanage habituellement. Et pendant deux sets, il a atteint un niveau phénoménal pour contrer Andy Murray, avant de subir la loi de l’Ecossais. Pour le Biterrois, il ne manque plus que l'Open d'Australie qui ne l'a pas vu atteindre au moins les quarts de finale.

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