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Retour partiel du public dans les stades : "Ça peut ne pas être rentable sur le plan économique"

Si le retour du public dans les stades était attendu de longue date, il risque de ne pas concerner beaucoup de clubs, en raison du nombre de compétitions annulées.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Baptiste Lautier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le public fera son retour dans les stades à partir du 19 mai 2021. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Le président de la République a annoncé, jeudi 29 avril, un plan de déconfinement du pays avec notamment un retour du public dans les stades dès le 19 mai ainsi qu'une reprise de la pratique du sport à cette même date. Pour Virgile Caillet, spécialiste de l'économie du sport, il s'agit d'une "évolution positive" mais "symbolique".

Le retour du public, une décision symbolique pour beaucoup de clubs

A partir du 19 mai prochain, le public fera son grand retour dans les enceintes sportives avec 800 personnes en intérieur et 1 000 en extérieur. Mais pour Virgile Caillet, spécialiste du marketing du sport, cette annonce va malheureusement profiter à très peu de clubs. "La plupart des championnats ont été annulés ou arrêtés et les autres s'arrêteront au mois de mai. C'est une évolution positive mais qui ne va concerner que peu de clubs et peu d'enceintes". Pour Gary Tribou, également spécialiste de l’économie du sport : "On est en train de monter ça en épingle mais ce n'est pas ça qui va bouleverser l'économie du sport. C'est plus de l’ordre psychologique."

Pour des petits clubs, le retour du public de manière limitée pourrait même représenter une mauvaise opération financière. "Ne nous y trompons pas, accueillir du public c’est un coût, assure Virgile Caillet. Quand on est sur des jauges extrêmement réduites, c'est un coût en termes de sécurité, au niveau de l’accueil, des hôtesses... c'est surtout la possibilité pour les clubs de retrouver leurs supporters, ça n’a pas de prix. Mais il faut être bien lucide, ça peut ne pas être rentable sur le plan économique."

Une dérogation pour Roland-Garros ?

Selon les dispositions annoncées jeudi 29 avril, le tournoi parisien devrait pouvoir accueillir 1 000 personnes puis 5 000 à partir du 9 juin, alors que les dates ont été reculées d’une semaine pour permettre de favoriser la présence du public. Selon Virgile Caillet, Roland-Garros pourrait se voir offrir des dérogations. "Avec une étape le 9 juin qui va desserrer l'étau, on peut imaginer qu’il y aura peut-être des dispositions dérogatoires pour permettre de bénéficier de ces jauges par anticipation", note-t-il.

"Ça ne serait pas choquant qu’il y ait des dispositions particulières surtout qu’on parle d’une semaine. Les courts sont très espacés, on pourrait presque imaginer que chaque court soit un stade à part entière pour bénéficier d’une jauge globale de 5 000 personnes”, conclut-il.

Le retour des licenciés, une aubaine pour les clubs

Cela fait maintenant plusieurs semaines que les sportifs amateurs se sont éloignés de leur club en raison des restrictions sanitaires. Leur retour pourrait constituer une bouffée d’oxygène notamment lors de la rentrée de septembre. "Les adhérents ont perdu leurs habitudes de revenir au club, ne se déplacent plus et la question du renouvellement des licences se pose", indique Gary Tribou. "Chaque année, un tiers des licencés abandonnent, en septembre on risque d’avoir un taux d'abandon à plus de 50%. Leur retour peut réamorcer la pompe, s’enthousiasme-t-il. Si les gamins retournent dans leurs clubs avant l’été, on peut espérer qu’à la rentrée ils reprennent une licence."

Une bonne nouvelle pour des sponsors secondaires

"La plupart des clubs ont appris à vivre autrement grâce à la diffusion télé, grâce à des opérations digitales", assure Virgile Caillet. En revanche, dans le cas des sports à faible visibilité, la donne est différente. "Dans des sports non médiatisés avec très peu de public, les sponsors s’achètent un label mais n'espèrent aucune visibilité réelle. Ils achètent parfois un peu d’hospitalité, ils invitent des quelques clients ou collaborateurs à assister aux matchs mais pas davantage", souligne Gary Tribou. Ces opérations vont pouvoir reprendre, bénéficier à ces sponsors et peut-être permettre de maintenir leurs liens avec ces petits clubs.

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