: Reportage "Je m'entraîne six fois par semaine" : encouragés par les réseaux sociaux, les 15-24 ans toujours plus nombreux dans les salles de fitness
"Je m'entraîne six fois par semaine et mon jour de repos, c'est le dimanche. Je sors des cours et j'y vais direct. Le seul truc qui me préoccupe, c'est de savoir si j'ai pris toutes mes protéines aujourd'hui !" Dans cette salle de musculation à Paris, bien remplie en milieu d'après-midi, Bina a développé un physique impressionnant. "115 kilos, 1,95 mètre."
Ici, comme beaucoup d'autres amateurs de son âge, le jeune homme vient s'entraîner, avec Sami, un ami, tous les deux âgés de 18 ans. La musculation fait partie des sports préférés des 15-24 ans, selon le dernier baromètre du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). Un quart d'entre eux pratique la musculation, contre 19 % il y a cinq ans.
Avoir "le physique qui nous fait rêver"
Pour Bina et Sami, c'est une "journée pec" afin de muscler leurs pectoraux. Ils fréquentent les salles de sports depuis un an et ils ont commencé à se muscler très tôt. "On avait 14-15 ans, se souvient Bina. J'étais toujours dans l'optique d'avoir le physique qui nous fait rêver."
Les réseaux sociaux jouent beaucoup pour les motiver. "Tu tombes sur un site où il y a des gens qui motivent et des personnalités qui ont un bon physique et ça donne envie d'aller s'entraîner aussi, de faire pareil", lance Bina. Sur TikTok, le mot-dièse #gymtok cumule 258 milliards de vues dans le monde.
Le culte du corps a toujours existé, depuis l'Antiquité, rappelle Guillaume Vallet, professeur de sciences économiques à l’université de Grenoble. Aujourd'hui, le rôle des réseaux sociaux s'explique par cet âge "où l'on est en quête d'identité et de reconnaissance sociale, analyse celui qui est également auteur du livre La Fabrique du muscle. Donc le fait de chercher à envoyer des signaux positifs pour se faire accepter, pour démontrer quelque chose, pour valoriser un capital, c'est vraiment très, très important. Et les jeunes considèrent que le corps est la ressource la plus directement accessible pour transformer en capital et le faire savoir aux autres."
Ne pas oublier des muscles "qui ne se voient pas"
Attention tout de même aux excès, alerte Jean-Marc Sène, médecin du sport. Si les jeunes clients des salles de sport pratiquent le renforcement musculaire, il faut travailler également d'autres qualités physiques, comme "des muscles qu'on oublie et qui ne se voient pas. La musculature profonde, et pas uniquement les muscles périphériques qui se voient pour avoir des biceps, des abdominaux, des pectoraux... L'endurance et l'aspect cardio-vasculaire sont extrêmement importants dans l'entraînement."
Les adhésions des jeunes culturistes ne cessent d'augmenter depuis la crise du Covid. Les moins de 25 ans représentent près de la moitié des abonnés dans les salles Fitness Park et Basic-Fit en France, les deux leaders du marché, et plus de la moitié des inscriptions depuis le début de l'année chez Fitness Park.
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