Paris candidate aux JO 2024 : l'unanimité peine à venir
S'il y a unanimité aujourd'hui, c'est une unanimité de façade, car en coulisses, il est assez facile de trouver des personnes qui vous expliqueront que rien n'est fait, et que Paris a en fait assez peu de chances de décrocher les Jeux olympiques. Et qu'il serait donc bien imprudent d'y aller...
Que cela soit du côté de la majorité ou de l'opposition à la mairie de Paris, le souvenir de la défaite en 2005 contre Londres reste ancré, et personne n'envisage une candidature de "témoignage" ; il est impossible de sa lancer dans la bataille pour perdre, nous dit-on, et les obstacles semblent aujourd'hui nombreux.
Les Américains semblent devant
Le premier concerne les adversaires. Les Etats-Unis, avec Boston, seront difficiles à battre. Les Américains attendent les JO depuis 1996, à Atlanta. La chaîne américaine NBC a versé cinq milliards et demi d'euros pour décrocher les droits de retransmission, et de nombreux gros sponsors du comité international olympique (CIO) sont Américains. Il y aura aussi une candidature allemande, et peut-être qatarie.
Deuxième obstacle, on s'interroge sur la capacité des Français à convaincre les membres du CIO, qui se souviennent de l'arrogance des Français en 2005 - des Français sanctionnés lors de la dernière candidature d'Annecy, pour les JO 2018. La France ne dispose que de trois présidents de fédérations internationales et les défaites de Bernard Lapasset dans la conquête de la présidence de Sportaccord, l'association des fédérations sportives internationales, celle de Pierre Durand à la présidence de la fédération internationale d'équitation, montrent certaines limites. Il convient d'ajouter les traces, que le débat politique sur la défiscalisation des grandes manifestations sportives comme l'Euro 2016 à l'Assemblée a pu laisser : on doute que les membres du CIO ait apprécié.
Attendre encore, la meilleure stratégie ?
Dans ces conditions, ne vaudrait-il mieux pas renoncer ? Peut-être, et attendre ainsi les JO de 2028 après avoir passé un accord tacite avec les Américains pour un échange de bons procédés au niveau du soutien pour 2024. Les plus pessismistes estiment que "tous les voyants sont au rouge ", même si l'agenda 2020 du CIO adopté à Monaco le mois dernier semble limiter l'envolée des coûts et pourrait donc favoriser un projet français raisonnable ; on parle de trois à huit miliards d'euros, selon les points de vue, sachant qu'il ne manque à Paris qu'une piscine et un village olympiques pour accueillir l'événement.
Les partisans de la candidature entendent ces critiques. Thierry Braillard, le secrétaire d'Etat aux sports, n'ignore pas ce qui se dit en coulisses.
Anne Hidalgo détient la clé
Anne Hidalgo, la maire de Paris, avait recadré le président de la République François Hollande - qui s'était déclaré pour une candidature -, alors va-t-elle se lancer dans la bataille ? Tout dépendra du contenu du rapport qui lui sera remis par le monde sportif le 12 février prochain, la fameuse enquête d'opportunité. Il faut lever tous les doutes, et il faut , nous dit-on, que le projet s'inscrive dans la future métropole du Grand Paris, qu'il permette de corriger les inégalités territoriales... Rien ne se fera sans Paris, et Anne Hidalgo donnera quelques indications ce jour-là, avant de dire plus tard si une enquête de faisabilité peut être engagée. Bernard Lapasset, président du comité du sport français à l'international, voit en tout cas comme un très bon signe le fait que la remise du rapport s'effectue à l'Hôtel de Ville.
En décembre Thomas Bach, le président du CIO, avait indiqué qu'une candidature de Paris serait très forte. Le signal n'a pas été perçu favorablement par tout le monde. Des acteurs de Paris 2012 se souviennent des déclarations positives de Jacques Rogge en 2003, deux ans avant la cuisante défaite face à Londres.
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