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Néoprène : une transition nécessaire vers des produits plus respectueux de l'environnement

Pour lutter contre la pollution engendrée par la conception des combinaisons en néoprène, les entreprises du secteur de la glisse sont en pleine transition vers des pratiques et des productions plus respectueuses de l'environnement.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louise Le Borgne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La combinaison néoprène est un incontournable des sports aquatiques pour s'isoler de l'eau froide. (MARK TIPPLE / TEAMSHOOT TEAMSHOOT)

Faute de rayons de soleil, mieux vaut s'équiper conséquemment pour affronter les rouleaux d'hiver glacés. La combinaison néoprène, sorte de seconde peau pour rester au chaud dans l'eau, est incontournable en surf, body-board, planche à voile, kite-surf ou plongée. 

Pourtant, si elles maintiennent la chaleur et offrent une bonne liberté de mouvement, les combinaisons néoprènes sont très polluantes pour l'environnement. Peu à peu, des néoprènes plus respectueux émergent. Une évolution qui s'accélere sous le coup de la pénurie de matières premières que connaît le secteur.

Le néoprène, un produit polluant ?

Dans leur conception "classique", à base de polychloroprène, les combinaisons néoprènes sont polluantes. Un constat problématique, déjà soulevé au sein de la communauté des surfeurs, attachée à la protection de l'océan.

Le néoprène fait son apparition en 1931. Il est alors le premier caoutchouc synthétique inventé dans le monde. Hugh Bradner, le "père des combinaisons", a ensuite inventé la première combinaison moderne dans les années cinquante. Résistant, flexible, isolant du froid, le néoprène a longtemps semblé être un composant miracle en milieu aquatique.

Mais le composant principal des combinaisons, la mousse de néoprène, est un caoutchouc synthétique obtenu à partir de matières premières polluantes comme le pétrole et le calcaire. Souci supplémentaire, une fois produit, le néoprène est très difficilement recyclable. Pour le remplacer, peu d'options répondent aux nécessités d'élasticité et d'isolation liées à la pratique.

Quelles alternatives ?

Certaines entreprises misent ainsi sur de nouvelles formes de néoprène, plus respectueuses de l’environnement. Le caoutchouc naturel, généré à base de végétaux (hévéa, canne à sucre) est une première alternative aux combinaisons néoprènes classiques. Ce dernier permet de réduire les émissions de CO2 de 70% par rapport à du néoprène à base de pétrole.

Rip Curl s’est ainsi lancé dans l’innovation de son produit phare, ce qu'explique Jonathan Cetran, chef de produit : “On travaille sur des alternatives au néoprène, des matières biosourcées. Mais tout ça a un coût. Les combinaisons biosourcées sont 10 à 15% plus chères que des combinaisons classiques pour le moment. Elles n’ont pas non plus des performances équivalentes en termes d'élasticité et de chaleur. Mais elles s'en rapprochent chaque année. Dans 5 à 10 ans, toutes les combinaisons seront biosourcées.

Décathlon veut aussi sauter le pas : "on va doucement arriver sur des combinaisons à base de caoutchouc naturel, issu des hévéas", expose David Martinelly, chef de produit pour Olaian. Quant à Soöruz, une start-up française, elle utilise un néoprène à base d'huître : “on utilise de un mélange de polychloroprène et d'huître, ou du bioprène qui utilise moins de pétrole”, explique Yann Dalibot, son directeur. Pour le moment, ces matériaux restent cantonnés à quelques combinaisons haut de gamme.

Recyclage et réparation

L'autre alternative se déroule à l'intérieur de la combinaison, en utilisant du polyester recyclé pour la confection des doublures intérieures. De quoi réduire la consommation gourmande en pétrole du polyester neuf. 

Dernière solution, celle de faire durer davantage sa combinaison. "On a vraiment développé la réparabilité du produit. Le client peut venir faire réparer en 10 minutes sa combinaison en magasin chez Decathlon ou la réparer soi-même avec des tutoriels en ligne, explique David Martinelly. C'est une aberration de jeter sa combinaison néoprène. On avait déjà cette conviction, mais la crise du Covid et la pénurie ont fortement accéléré les choses." Une volonté partagée par Rip Curl, qui fait état de son côté de 4 000 combinaisons réparées en Europe chaque année. Une prise de conscience collective nécessaire pour limiter les effets néfastes du néoprène sur l'environnement. Et surfer équipé, sans polluer.

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