Mondiaux de natation : Pourquoi Sun Yang est-il le pestiféré de la natation mondiale ?
Ovationné. Mark Horton ne s'attendait certainement pas à pareil accueil à son retour des vestiaires après la remise des prix du 400m. L'ensemble du vestiaire s'est levé et l'a applaudi, d'après des propos de Lilly King relayés par l'Equipe : "C'était super, quand on est entrés dans le réfectoire, il est entré derrière nous et toute la salle s'est mise à applaudir. C'était sympa de voir les athlètes unis autour de sa position, qui le soutenaient." Son compatriote Mitch Larkin s'est de son côté dit "super fier" de Horton et assure que "99 % des athlètes autour de la piscine le soutiennent, il n'est pas tout seul". Son fait d'arme ? Snober Sun Yang sur le podium du 400m. Il a ainsi refusé, ce dimanche, de poser aux côtés du vainqueur chinois pour les photos. Mais pourquoi Sun Yang fait-il autant l'unanimité contre lui ? D'où vient la réputation sulfureuse du plus grand palmarès de la natation mondiale actuelle (trois titres de champion olympique, neuf titres de champions du monde, un record du monde) ?
Tout vient d'un coup de marteau...
L'histoire est tout simplement rocambolesque. En mai dernier, Sun Yang se fait contrôler inopinément à son domicile. Si la prise de sang se passe bien, l'atmosphère se tend au moment de l'échantillon d'urine. Ba Zhen, un médecin controversé et deux fois suspendu par la FINA, et sa mère, Ming Yang, très présente dans la vie de son fils, contestent les documents présentés par les testeurs. La mère de Sun demande alors à son garde du corps d'aller chercher un marteau...avec lequel, quelques secondes de plus tard, elle fracassera les échantillons de sang. Les agents repartent sans aucun prélèvement. L'avocat de Sun Yang invoque l'absence de lettres officielles et de documents de qualification des contrôleurs ; défense retenue par la FINA, qui finit par invalider le test et blanchir le nageur le 3 janvier.
L'affaire, rendue publique par le Sunday Times en janvier, fait grand bruit dans le monde de la natation. Les nageurs protestent. L'Association mondiale des coaches de natation ne fait pas confiance en la FINA. Elle demande à ce que la commission antidopage soit transformée en une vraie commission indépendante. De son côté, l'Agence mondiale antidopage (AMA) saisit le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) à propos de cette décision de la FINA. Mais le dossier est toujours en cours d'instruction : il sera jugé en septembre prochain, soit bien après les Mondiaux actuels.
L'image de Sun Yang a évidemment beaucoup pâti de cet épisode, d'autant qu'il n'a même pas débouché sur des sanctions immédiates et qu'il peut tout rafler aux Mondiaux sans même être inquiété. Mais sa réputation n'était déjà pas très bonne avant. Le Chinois accumule les déboires depuis le début de sa carrière.
Naturellement suspect
En 2014, il est suspendu trois mois en 2014 par sa fédération pour avoir pris un produit dopant, le trimetazidine, prescrit dans le cadre de palpitations cardiaques. Un an plus tard, à Kazan, il renonce dans l'incompréhension générale à participer au 1500m, au tout dernier moment. La FINA n'a même pas le temps de lui trouver un remplaçant ou de faire un bilan santé. Toute la piscine est circonspecte. Mais où est passé le super-favori, déjà vainqueur du 400 et du 800m nage libre?
Voir sur Twitter
On le retrouvera plus tard, au cours d'une conférence de presse surréaliste, où son médecin/traducteur enchaînera les "no comments" aux questions des journalistes. "Je suis vraiment désolé de ne pas avoir pu nager la finale du 1500 m. Après le 800 m, je ne me sentais pas bien au niveau cardiaque. Je me suis senti mal à l'échauffement ce soir (dimanche), donc j'ai dû abandonner l'idée de concourir" avait-il déclaré dans une de ses rares phrases complètes.
Un an plus tard, on le retrouve aux Jeux de Rio, de nouveau auréolé de titres à foison. Alors qu'il vient de remporter le titre sur 200m, il s'élance ce matin-là sur les séries du 1500m. Mais alors qu'il naviguait dans le peloton de tête jusqu'à la mi-course, il lâche subitement prise et termine à 30 secondes (!) de son record du monde. Et Damien Joly de réagir à notre micro : "Il lui a manqué quelques produits..." Sun Yang, lui, a invoqué un rhume qu'il aurait attrapé dans la foulée de son titre sur 200m.
Une personnalité obscure et originale
Quand bien même il n'aurait pas eu toutes ces casseroles autour du dopage, Sun Yang aurait détonné dans le milieu de la natation. Le Chinois est de ceux qui ne laissent personne indifférent, dans le bon ou dans le mauvais sens du terme. Prenez ces célébrations : il fond en larmes après chaque course gagnée. C'est un insoumis dans l'âme : Sun fréquente des célébrités, sort en boîte, conduit des voitures de luxe. Loin, bien loin de l'ascétisme et de la discipline que s'imposent généralement les nageurs de haut niveau. En 2013, il s'écrase avec sa Porsche, sans permis, contre un bus. L'affaire fait scandale et contribue à son image de "bad boy" à la chinoise.
En Chine d'ailleurs, l'homme est une star ; qu'importent ces méfaits. "C'est une personne vraie avec un tempérament ouvert et un esprit clair. Il sait ce qu'il veut", explique Zhou Xin, journaliste à l'agence Chine Nouvelle. Il devient même l'emblème de la jeunesse frondeuse du pays face à l'autoritarisme d'Etat. Ainsi, en août 2018, il monte sur la première marche du podium du 200m des Jeux Asiatiques vêtu du survêtement de son sponsor personnel au lieu de celui de l'équipe. Crime de lèse-majesté pour le gouvernement chinois. "Il est loin des standards chinois quoi sont un peu sérieux, effacés, explique Yannick Agnel à France tv sport. Il vit, il provoque, et il est peut-être né dans le mauvais pays pour cela. Il a commis des frasques et eu des comportements qui sont plus habituels en Occident que chez lui. Et ça n’a rien fait pour arranger les choses par rapport à toute la lignée de choses qu’il a pu vivre."
À regarder
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
-
Qui est Bebe Vio, la star italienne de para escrime ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.