Mondiaux de natation : Léon Marchand, tout juste sacré sur 200 m papillon, pense déjà "à faire le meilleur temps" sur 200 m 4 nages

Le public enjoué de la Marine Messe Fukuoka a beau s'habituer, il en réclame, encore et encore. Cette scène où l'on peut apercevoir Michael Phelps passer la médaille d'or autour du cou de Léon Marchand sera incontestablement l'image de ces Mondiaux de natation. Comme il y a trois jours après avoir admiré son héritier s'emparer de son vieux record du monde sur 400 m 4 nages, la légende américaine est remontée au niveau du podium, mercredi 26 juillet, pour orner le prodige tricolore d'une seconde breloque dorée.

Sans record à la clé cette fois-ci, mais avec autant de maîtrise en course, Léon Marchand n'avait pas encore digéré son triomphe sur ce 200 m papillon qu'il se projetait déjà, moins de 45 minutes après la cérémonie, sur son prochain objectif : la finale du 200 m 4 nages, prévue jeudi (à 14h03, heure française). En zone mixte, le lieu sacré des médias où les athlètes enchaînent les interviews, le Toulousain est arrivé avec un grand sourire, et plus prêt à en découdre que jamais. À un an tout pile des Jeux de Paris 2024, le message envoyé est fort : la nouvelle star des bassins n'est jamais rassasiée.

"Le 200 m pap, c'était génial, franchement j'étais dans ma nage dès le début, j'ai bien profité, confie le champion tricolore dès son arrivée face aux micros. J'ai poussé mes coulées à chaque fois, et aux 100 m je vois que je suis devant, du coup je profite vraiment, donc je peux envoyer sur le dernier 50 et à la fin, ça fait 1'52''. C'est trop bien, vraiment !" Deux petites phrases et puis c'est tout. Ça suffit pour Léon Marchand, qui n'avait pas besoin de revenir davantage sur ce deuxième sacre en trois jours, qui lui permet tout de même, au passage, de devenir le deuxième nageur français de l'histoire à remporter quatre titres mondiaux individuels après Camille Lacourt (sur 50 m et 100 m dos entre 2011 et 2017).

"J'ai savouré dans ma tête, je ne le montrais pas forcément, mais j'ai surtout profité sur le podium car je devais vite passer à autre chose". Cette médaille d'or ajoutée à sa collection, Léon Marchand pouvait en effet passer à la suite : les demi-finales du 200 m 4 nages (où il a signé le meilleur temps, en 1'56''34). Pendant ce temps-là, à quelques mètres, c'est l'entraîneur en chef des équipes de France, Denis Auguin, qui, lui, savoure comme il faut.

"Ce garçon est stupéfiant de tranquillité, de maîtrise, c'est vraiment impressionnant, témoigne-t-il les yeux brillant de fierté. Et il est sans doute en capacité de battre d'autres records du monde, ce qu'il n'était peut-être pas en mesure de faire l'année dernière. Celui du 200 m brasse, et celui du 200 m 4 nages, il est sans doute capable de le faire. Au-delà des médailles, il a encore élevé son niveau de performance. Et la différence est là."

Le 200 m brasse sacrifié... pour la bonne cause ?

Confirmation, dans la foulée, avec le principal intéressé, qui assure en effet sa détermination de poursuivre sur cette folle dynamique, bien décidé "à faire le meilleur temps possible" en finale du 200 m 4 nages, jeudi. Entendez par là : aller potentiellement chercher le record du monde de Ryan Lochte (1'54''00), jamais atteint depuis 2011. Une performance qui passera, en revanche, par un choix fort : ne pas s'aligner sur le 200 m brasse.

"Oui, je ne le ferai pas ! (rires) On a pris la décision, avec Bob [Bowman] et Nico [Castel] parce que c'est plus raisonnable par rapport au 200 m 4 nages. Là, je vais me reposer demain matin parce que je suis encore un peu en manque de sommeil."

Léon Marchand, champion du monde du 400 m 4 nages et du 200 m papillon

à Franceinfo: sport

Une nuit réparatrice, sereine, et le phénomène toulousain pourra ainsi repartir à l'assaut d'un cinquième sacre. Et d'un deuxième record du monde ? En tout cas, Fukuoka a déjà été le théâtre des rêves d'une future légende de la natation. En 2001, la suffocante métropole japonaise avait en effet vu l'avènement d'un jeune prodige américain. Un certain Michael Phelps, alors couronné pour la première fois aux championnats du monde (200 m papillon). Alors pourquoi l'histoire ne pourrait-elle pas se répéter 22 ans plus tard ? Cette fois-ci, il est Français, et s'appelle Léon Marchand.