Paris 2024 : sécurité, chantiers, transports, volontaires, budget… Les questions qui demeurent à un an des Jeux
Le compte à rebours s'accélère, et ce n'est pas Tony Estanguet qui dira le contraire. L'ancien céiste, président du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) depuis 2017, se sait scruté de près par le monde entier, alors que Paris 2024 entame sa dernière ligne droite. Celle-là même qui propulsera plus de 10 000 athlètes sur les rives de la Seine, le 26 juillet 2024, pour une cérémonie d'ouverture qui promet d'être exceptionnelle, dans tous les sens du terme.
Cette année de marge avant le top départ du plus grand événement sportif mondial ne sera pas de trop au vu des défis logistiques, sécuritaires ou réglementaires qui s'imposent. Franceinfo: sport fait le point.
Sécurité : un recours à l'armée pour combler le manque d'agents privés ?
“Un événement bien organisé est un événement sécurisé”. Ce rappel est signé Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris en charge du sport. Avec des millions de touristes attendus sur les sites de compétition mais aussi au niveau des zones de célébrations partout en France, la question de la sécurité est un enjeu majeur. D'autant plus avec cette cérémonie d'ouverture sur la Seine, obligeant à protéger les athlètes mais également le public présent sur les quais, sur une distance de 6 km.
Du côté du Comité d'organisation, on rappelle qu'il n'y a "pas d'alerte" à un an des Jeux. Interrogé au sujet des émeutes ayant touché le territoire fin juin, Tony Estanguet expliquait que "cela n'avait pas eu d'impact négatif sur Paris 2024". Il n'en reste pas moins que des problématiques doivent encore être résolues.
Le 20 juillet, la Cour des comptes publiait un rapport pointant un manque d'agents de sécurité privée nécessaire à l'organisation des Jeux. Le chiffre de 17 000 vigiles en moyenne par jour est évoqué, alors que le secteur a connu "de grosses difficultés structurelles lors de la crise sanitaire". Trois vagues d'appels d'offres ont été lancées par le Cojop. De leur succès dépendra le recours à l'armée.
"Ce n'est pas du tout une question taboue", précisait Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, la semaine dernière. L'armée va concourir à la sécurisation de la cérémonie d'ouverture. On sait qu'il y aura à peu près 10 000 forces Sentinelle et que tout le secteur d'Ivry-Charenton sera sécurisé par l'armée [pour les bateaux de la cérémonie d'ouverture]". Ce recours pourrait toutefois se traduire par un surcoût global de l'événement, prévient la Cour des comptes.
De son côté, la préfecture de police de Paris a ouvert, fin juin, un site internet qui regroupera d'ici l'été prochain les informations sur "la sécurisation des sites olympiques, la carte des compétitions, les points d'accueil et de secours déployés spécialement pour les visiteurs et spectateurs".
Chantiers : des temps de passage respectés ?
Avec 53 chantiers encore en cours, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) ne peut pas baisser la cadence. L'établissement public, en charge des constructions et des rénovations ayant vocation à demeurer après la fin des Jeux, explique être fidèle au planning fixé dès 2017 avec le Cojop.
"100% des sites de compétition sont dans les temps", a tenu à souligner Tony Estanguet. Parmi les grands chantiers très surveillés, le village olympique et paralympique des athlètes, situé en Seine-Saint-Denis, doit être remis au Comité le 1er mars 2024. "Le gros œuvre est fini. En ce moment, les peintres et les électriciens sont sur place et ça avance", précise Marion Le Paul, directrice générale adjointe de la Solideo. "En parallèle, l'aménagement des routes, des trottoirs et des pistes cyclables est en cours, ainsi que la plantation de 9 000 arbres."
Le Centre aquatique olympique de Saint-Denis est, quant à lui, attendu pour début avril 2024. La charpente de l'enceinte est terminée, le plongeoir déjà installé et les gradins en cours de pause. Malgré un retard de matériaux en provenance d'Ukraine, l'Arena Porte de la Chapelle (Paris 18e) - qui regroupera les épreuves de badminton et de gymnastique rythmique pendant les JO - devrait bien être livrée fin mai-début juin 2024. L'aménagement de la colline d'Élancourt (Yvelines) est, de son côté, quasi-bouclé puisqu'il accueillera les 23 et 24 septembre l'épreuve test de VTT.
Cela pourrait en revanche être un peu plus compliqué pour les travaux de rénovation dans la nef du Grand Palais (Paris 8e), qui verra sa jauge passer de 5 600 à 9 000 personnes pour accueillir les compétitions d'escrime et de taekwondo. "Certaines finitions peuvent ne pas être faites mais nous livrerons comme prévu le lieu le 19 avril 2024", expliquait, il y a quelques jours à L'Equipe, Christophe Chauffour, directeur général de la Réunion des musées nationaux (RMN), maître d'ouvrage du site.
"130 accidents, dont 17 graves, ont été enregistrés sur les chantiers des Jeux menés par la Solideo", a révélé la semaine dernière l'Élysée, en amont d'un Conseil olympique et paralympique. Les chantiers olympiques sont cinq fois moins accidentogènes que la moyenne du BTP.
Transports : la galère est-elle évitable ?
L'objectif du Comité d'organisation est colossal : faire en sorte que 100% des spectateurs se déplacent en transports en commun pendant l'été 2024 et ainsi limiter l'empreinte carbone de l'événement. Cela représente près de sept millions de personnes pendant les Jeux olympiques, et trois millions au moment des Jeux paralympiques.
Du côté d'Île-de-France Mobilités (IDFM), qui pilote l'offre de transports en Île-de-France, on rappelle qu'un plan très précis, "session par session, site par site", a été mis en place depuis déjà de longs mois pour acheminer celles et ceux qui viendront vivre l'aventure Paris 2024. Une augmentation de l'offre de transports de 15% sur la période JO, soit un niveau de service équivalent à celui hors vacances scolaires, a été votée la semaine dernière. IDFM estime à 500 000 spectateurs par jour le nombre de personnes à déplacer lors des JO, et 300 000 lors des Paralympiques.
La gestion des flux et des imprévus sur les différentes lignes (particulièrement le RER B et la ligne 13) sera cruciale, notamment sur certaines dessertes comme le Stade de France, avec jusqu'à 1 000 personnes par minute... pendant plusieurs heures. "Il y aura tout un travail sur la signalétique, et il est prévu de recruter 5 000 personnes supplémentaires pour l'accueil et l'orientation dans les gares", a confié Laurent Probst, directeur général d'IDFM, le 20 juillet dernier.
Sur les routes, les voies réservées aux participants (athlètes, journalistes, officiels, secours, sécurité) rendront très compliquée la circulation dans Paris et aux abords de la capitale, avec 1 000 bus et cars déployés pour transporter 200 000 accrédités. L'aménagement d'environ 50 kilomètres de nouvelles pistes cyclables pour se rendre sur les sites de compétition - les "olympistes" - se veut être une autre option de se déplacer pendant l'événement.
En parallèle, le tramway T3B aura sept nouvelles stations opérationnelles au printemps prochain. "On pourra circuler avec ce moyen de transport du pont du Garigliano jusqu'à la porte Dauphine, soit sur presque l'intégralité du pourtour parisien", souligne la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse. La ligne 14 du métro, avec un prolongement jusqu'à Orly au sud et Saint-Denis Pleyel au nord, revêt également une importance capitale. Sa mise en service prévue en juin 2024, tout juste un mois avant le début des Jeux, ne laisse pas beaucoup de marge à l'erreur.
Budget : quelle sera la facture totale ?
La question du coût des Jeux revient spontanément sur toutes les lèvres, d'autant plus un an avant leur tenue. Mais autant être précis tout de suite : l'impact final sur les finances publiques, comme l'évoque la Cour des comptes dans son rapport de juillet, ne sera véritablement connu qu'après l'événement. Ceci dit, plusieurs éléments permettent de se faire une idée de la note.
Tony Estanguet a rappelé, la semaine passée, que le budget global du Comité d'organisation, rehaussé de 10% fin 2022 en prenant notamment en compte l'inflation, était de 4,4 milliards d'euros. Pour rappel, 96% de ce budget est issu du secteur privé. L'autre partie réside dans l'enveloppe mise à la disposition de la Solideo, estimée à 4,4 milliards d'euros également, dont 1,7 milliard d'euros d'argent public (État et collectivités territoriales). Soit un "coût total provisoire" pour l'organisation des Jeux d'environ 8,8 milliards d'euros (contre 6,6 milliards d'euros chiffrés en septembre 2017).
>> À lire aussi : Paris 2024 : LVMH officialise son partenariat avec les Jeux olympiques et paralympiques
Mais comme le précisait la Cour des comptes en janvier, ce coût global, qui mélange dépenses publiques et privées de diverses natures, "repose sur des périmètres conventionnels qui ont évolué et ne sont, en tout état de cause, pas représentatifs de l’ensemble des dépenses réellement engagées". Des surcoûts liés à la mobilisation des forces de sécurité durant tout l'été et sur tout le territoire sont, comme évoqué plus haut, à prévoir. Il en sera de même pour la question des transports, avec des dépenses supplémentaires de la part d'IDFM. Sa présidente, Valérie Pécresse, a mis la pression sur le gouvernement en conditionnant les améliorations de services à l'inscription de 500 millions d'euros de recettes fiscales dans le projet de loi de finance 2024.
Volontaires : quand seront-ils sélectionnés ?
Avec 312 000 candidatures reçues, provenant du monde entier, Paris 2024 va devoir faire une sélection drastique pour retenir ses 45 000 volontaires (dont 3 000 en situation de handicap) nécessaires au bon fonctionnement des Jeux. "Il va y avoir des déçus", prévenait d'ailleurs Alexandre Morenon-Condé, responsable du programme, début mai.
La sélection des candidats va s'opérer dans les prochaines semaines, en septembre, avant que plusieurs offres de missions ne leur soient proposées. Celles-ci sont réparties en trois grandes catégories : l'accueil et l'orientation des athlètes, médias et spectateurs ; l'accompagnement de la performance sportive (médecins, ramasseurs de balles, pôles statistiques, chronométreurs etc.) ; le soutien à l'organisation (distribution des accréditations...).
Les missions seront confirmées pour chacun d'ici le mois de décembre. Il faudra ensuite attendre avril ou mai 2024 pour que les plannings individuels soient validés et envoyés, avec la distribution des uniformes et des accréditations. En parallèle, des sessions de formation se tiendront jusqu'en août pour les volontaires. Pour rappel, Paris 2024 rendra gratuits les transports publics et prendra en charge les repas pour ces volontaires. L'hébergement restera en revanche aux frais du candidat.
Y aura-t-il des athlètes russes et biélorusses l'an prochain ?
Interrogé ces derniers jours sur la présence ou non d'athlètes russes et biélorusses aux Jeux, le président du Cojop, Tony Estanguet, a précisé qu'il n'avait "pas son mot à dire". Ce sont en effet les fédérations internationales des différentes disciplines qui ont la main et autorisent, ou non, des sportifs de ces deux pays à participer aux épreuves qualificatives pour Paris 2024. Derrière, reste la question des quotas d'éligibilité. Seront-ils validés par le CIO et le Comité paralympique international (IPC) ? "C'est leur responsabilité", rappelle l'ancien céiste. "En tant que Comité d'organisation, on se doit d'accueillir les athlètes qualifiés et validés par le CIO et l’IPC et de les mettre en sécurité."
Le CIO doit envoyer, ce 26 juillet, ses invitations aux 203 Comités nationaux olympiques admissibles aux prochains Jeux d'été, excluant pour le moment la Russie et la Biélorussie, ainsi que le Guatemala (suspendu depuis octobre 2022 pour des problèmes d'ingérence politique). Il déterminera une éventuelle participation de ces pays "à sa seule discrétion et sans être lié par les résultats des épreuves de qualification olympique précédentes".
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