Mondial féminin : ce supplément d'âme qui a permis aux États-Unis de conserver leur titre
Elles l’ont fait. Attendues comme elles ne l’avaient jamais été auparavant dans une grande compétition, les Américaines ont conservé leur titre de championnes du monde ce dimanche, en venant à bout des Pays-Bas en finale (2-0). Un exploit que seule l’Allemagne était parvenue à réaliser jusqu’à présent chez les femmes (2003 et 2007). Le Brésil et l’Italie l’avaient fait chez les hommes au XXe siècle.
Plus que la victoire d’une équipe construite pour la gagne, c’est la manière dont les filles de Jill Ellis ont été chercher ce titre qui est à souligner. Certains diront que tout a été fait pour que la compétition aille dans leur sens, du VAR aux penaltys, en passant par le jour de récupération en plus dont elles ont bénéficié avant la finale. Mais la réalité est toute autre.
Les coéquipières de Megan Rapinoe ont prouvé sur le terrain que leur expérience dans ce genre d’événements était un atout supplémentaire. Une force de caractère qui manque encore à bien des équipes, à l'image de la France. Comme l’Espagne avant elles et l’Angleterre par la suite, les joueuses de Corinne Diacre ont semblé proches de faire tomber les tenantes du titre en quart de finale. Mais, à chaque fois, un supplément d’âme a fait la différence en faveur des Stars and Stripes.
Force de caractère
Qu’on veuille bien le croire ou non, rien n’a été simple pour les Etats-Unis dans cette Coupe du monde, excepté peut-être, une phase de poules survolée (18 buts inscrits, 0 encaissés). À partir des huitièmes de finale, les Américaines se sont trouvées directement confrontées à leur statut de favorites, dans un tableau tout sauf clément. Trois matches, trois victoires au forceps, arrachées au prix d’efforts défensifs auxquels la charnière Dahlkemper-Sauerbrunn ne semblait plus habituée.
Par deux fois, Megan Rapinoe a dû enfiler son costume de sauveuse pour éviter à ses coéquipières des prolongations que les Etats-Unis n’auront finalement jamais eu à jouer. Un doublé face à l’Espagne (2-1), un autre contre la France (2-1), la joueuse de Seattle a sorti sa baguette magique dans des moments où les championnes du monde étaient à la limite de la rupture. Et quand Rapinoe n’était plus là pour apporter la lumière, c’est Alex Morgan qui reprenait divinement le flambeau.
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Auteure du but de la victoire face à l’Angleterre en demi-finale (2-1), l’ex-Lyonnaise n’a pas flanché quand elle était attendue. Et c'est précisément là où les Américaines semblent encore un ton au-dessus des meilleures nations mondiales, comme l’Allemagne ou le Japon. Avec deux joueuses de ce calibre, qui terminent meilleures buteuses de la compétition, à égalité avec l’Anglaise Ellen White (6 buts), rien ne semble pouvoir arriver à Team USA.
Prises de risque conscientes
Car si les joueuses de Jill Ellis ont systématiquement inscrit le premier but de leurs matches avant la 12e minute (sauf en finale), elles ont paradoxalement pêché dans la gestion et la maîtrise en fin de rencontre, sans jamais craquer. Avec un jeu volontairement porté vers l’arrière quand son équipe menait au score, la sélectionneuse américaine a fait des choix risqués, qui auraient pu leur coûter très cher.
Mais contrairement à ce que l'ont aurait pu croire avant le Mondial, les Stars and Stripes ont été parfaites dans la gestion de ce risque. Secouées dans tous les sens, passées proches de la sortie à chaque tour, les championnes du monde ont saisi toutes les occasions de faire mal à leurs adversaires. Elles se sont montrées tueuses à chaque opportunité de faire la différence, que ce soit sur les penaltys, où Megan Rapinoe n’a jamais tremblé, ou sur des contres rondement menés.
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Une finale maîtrisée
C'est finalement la dernière marche que les Américaines ont eu le moins de mal à franchir. Dans une finale où elles n'ont que trop rarement été inquiétées, les coéquipières de Rose Lavelle, étincelante durant ce Mondial, ont été maîtres de leur sujet pratiquement toute la rencontre. Une première depuis leur match face à l'Espagne au sortir des poules.
Si la gardienne néerlandaise Sari Van Veenendaal n'avait pas repoussé plusieurs tentatives, les Etats-Unis auraient très probablement ouvert le score bien avant le penalty de Rapinoe. Peut-être pas avant la 12e minute comme à l'accoutumée mais bien avant. Rien n'a semblé les faire vaciller dans ce match. Comme si toutes les frayeurs passées leur avaient servi pour aborder cette dernière rencontre sereinement, sans le moindre doute.
D'aucun penseront que la soi-disant prétention de la bande à Jill Ellis depuis le début de la compétition était surjouée, mal-venue. Mais le constat est bien là. Megan Rapinoe n'ira peut-être pas à la Maison Blanche mais elle et ses coéquipières sont bien championnes du monde pour la deuxième fois consécutive. Et c'est bien là l'essentiel.
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