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"Demain le sport" : Martin Fourcade plaide pour de grands événements qui s'adaptent à une région plutôt que le contraire, "une question de survie"

Chaque jour, une idée pour le sport de demain. Dans le prolongement de "Demain le sport", événement organisé par Radio France, L'Equipe et France Télévisions à la Maison de la Radio et de la Musique en septembre, une championne ou un champion nous donne son idée pour le sport de demain, en partenariat avec les Etoiles du sport.
Article rédigé par Fabrice Rigobert
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Martin Fourcade Membre du CIO aux étoiles du sport à Tignes en décembre. (Philippe Millereau / KMSP/ Etoiled du sport)

Quintuple champion olympique de biathlon, sept fois lauréat de la Coupe du monde, et membre du CIO depuis les JO d'hiver de Pékin où il préside la commission des athlètes, Martin Fourcade est aussi président de la commission des athlètes de Paris 2024. Il entend apporter sa pierre à l'édifice dans la réflexion sur le choix des futurs sites des grands événement planétaires.

franceinfo : Une Coupe du monde de football en hiver pour éviter les fortes chaleurs, des JO d'hiver sans neige... Les grands événements planétaires doivent-ils se remettre en question ?

Martin Fourcade : Cela fait partie de la volonté du CIO de faire des Jeux qui s'adaptent à une région et pas une région qui s'adapte à un événement. Je pense que c'est non seulement nécessaire, mais c'est une question de survie pour ces grandes institutions de pouvoir proposer un modèle d'événements beaucoup plus respectueux qu'il ne l'a été par le passé. Construire des Jeux dans un endroit où il n'y a pas de neige naturelle comme ça l'a été à Pékin, ça paraît difficilement concevable pour les Jeux de demain. Tous les continents sont équipés pour accueillir les Jeux d'hiver sur des infrastructures déjà existantes. Et à mon sens, on parle de trois villes pour l'édition 2030, qui ont déjà accueilli les Jeux olympiques. Je ne vois pas du tout ça comme un recul, mais comme un réel progrès, de se dire qu'on va réutiliser les infrastructures de Sapporo, Salt Lake City ou Vancouver. Pour moi, c'est vraiment le sens que doivent prendre les événements sportifs demain. 

Mais le modèle des Jeux olympiques avec des athlètes qui font des milliers de kilomètres pour y participer, est-il encore adapté au monde de demain ? 

Moi, je le crois. Et on le voit avec les crises que l'on traverse, notamment avec le conflit entre l'Ukraine et la Russie. Si on ne parvient pas à avoir ces moments de fraternité qui, une fois tous les quatre ans, nous permettent de nous réunir, de nous regarder nous confronter, d'apprécier nos différences dans un cadre qui est sain comme celui d'une compétition sportive, on va justement vers un futur qui s'annonce compliqué et on aura du mal à aller au-delà nos différences, à comprendre nos voisins. On aura du mal à s'accepter les uns des autres.

Est-ce que ces événements sont vitaux ? Je crois que c'est une question que l'on s'est beaucoup posée pendant le Covid. Est-ce que la culture est vitale ? Est-ce que le monde des concerts est vital ? Est-ce que celui du sport est vital ? On a tous trouvé la vie bien fade pendant cette période, alors il y a des choses à prendre. Il faut bien sûr ralentir le rythme, mais il y a aussi beaucoup de choses à conserver. J'en suis persuadé pour avoir vécu la magie des Jeux, pour avoir ressenti au travers des yeux des enfants tout ce que le sport peut véhiculer comme rêves, comme espoirs, comme émotions. 

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