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"Les 4 Mousquetaires ? ça nous a fait chier" : ce qu'il faut retenir du Twitch avec Monfils, Simon, Gasquet et Tsonga

Jeudi soir, Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet et Gilles Simon se sont "réunis" sur Twitch en table ronde, avec Benoit Paire pour terminer la vidéo. Les cinq tennismen français reviennent bien évidemment sur l'actualité et le confinement, leur fin de carrière, la coupe Davis, leurs rivalités avec le Big 3, la nouvelle génération etc. Les quatre Mousquetaires, surnom qu'ils avouent détester, se lâchent pendant près de 3 heures. On y apprend des choses autant sur eux que sur le circuit. Un régal.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
  (MIGUEL MEDINA / AFP)

Avec la mise en place du nouveau confinement, les "bonne vieilles habitudes" reprennent du service. Jeudi soir, sur le compte Twitch de Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet et Gilles Simon, puis en fin de vidéo avec Benoit Paire, se sont "réunis" en table ronde. Pendant près de 3 heures, les Français se sont lâchés, autant entre eux que contre eux, avec beaucoup d'autodérision. Ils sont aussi revenus sur leur carrière, avec beaucoup d'humilité. Voici les moments forts. 

► Les Mousquetaires, le surnom détesté

Ce fut un des premiers sujet abordé d'entrée, le surnom des "Quatre Mousquetaires". "On va le dire, ça nous fait vraiment chier qu'on nous appelle les Quatre Mousquetaires", tacle Gaël Monfils. Ce surnom donné aux quatre joueurs Français de la même génération et dont chacun voyait la relève du tennis tricolore, ne fait clairement pas l'unanimité auprès des intéressés. "On n'a jamais rien demandé", insiste La Monf. "Quand ils ont fait les Quatre Fantastiques, je me suis retrouvé à être la Chose et Ritchie (Richard Gasquet) la Femme invisible donc quitte à avoir des surnoms de merde, les Mousquetaires...", souligne Gilles Simon, provoquant l'hilarité du groupe. 

Les quatre hommes reviennent aussi sur leur carrière, eux qui se connaissent tous depuis l'âge de 11 ans. C'est d'ailleurs Richard Gasquet qui s'est révélé le premier sur le circuit. Très vite, il est devenu l'espoir du tennis français, tant son jeu et sa technique laissaient présager un bel avenir. Mais cette rapide et forte mise en avant n'a pas toujours été simple à vivre pour le Biterrois. La pression de voir en lui le successeur de Yannick Noah, ce n'est pas "forcément facile de grandir avec cela", confie-t-il.  

► La nouvelle génération

Beaucoup d'internautes ont voulu savoir ce que les quatre joueurs pensaient de la nouvelle génération, notamment de Hugo Gaston qui a crevé l'écran lors du dernier Roland-Garros. "C'est important qu'on soutienne la nouvelle génération. Quand on était jeunes, je suis pas sûr qu'on ait eu le soutien de tout le monde, de la fédé, des anciens joueurs. J'ai senti un peu de méfiance. Il faut qu'on leur fasse gagner du temps", a réagi Richard Gasquet"Je ne crois pas qu'il y ait un seul joueur de la génération du dessus qui soit venu me parler quand je suis arrivé sur le circuit", lui répond Gilles Simon. 

Avec un regard plus large, Jo-Wilfred Tsonga indique l'importance de mettre en place en France une certaine transmission entre les générations pour faire gagner du temps aux joueurs et joueuses. "C'est important que les anciens transmettent aux plus jeunes. Nous on ne le fait pas vraiment mais il y a des pays étrangers qui le font. Regardez l'Espagne : on voit un Sergi Brugera (...) Juan Carlos Ferrero, je suis sûr David Ferrer, ils vont être là pour faire gagner du temps aux jeunes. Il faut qu'en France ça se fasse aussi, que les anciens soient là pour les jeunes qui arrivent, pour leur faire gagner du temps." D'ailleurs, ils sont tous prêts à s'engager auprès de la nouvelle génération. 

Et la question de l'engagement a permis à Gilles Simon de rebondir sur les reconversions de joueurs de tennis, après leur carrière de sportif. "Il y a une différence colossale entre les métiers qui commentent - consultants, commentateurs - et les métiers d'action - ceux qui sont là sur le terrain, qui entraînent, qui transmettent. Y'en a que t'entends parler, et les autres tu les entends pas parler, les entraîneurs, mais ils sont là, ils aident. T'as l'impression qu'en France notre culture c'est : je finis ma carrière et je vais signer un contrat avec une chaîne de télé. C'est la reconversion facile, reconnait-il. Moi quand j'écris un livre ben..je raconte des trucs, mais est-ce que demain Hugo Gaston il va mieux jouer grâce à ça ? j'en suis pas persuadé."

D'ailleurs, Gilles Simon est aussi revenu sur la belle performance d'Hugo Gaston à Roland-Garros. "Hugo Gaston, c'est un 1/8 à Roland. T'as presque l'impression qu'en impact médiatique c'est autant que Jo qui fait finale en Australie en sortant Nadal. Ça traduit un petit trou (au sens qu'il y a moins de joueurs Français qui percent sur le circuit, ndlr). La chance qu'ils ont, c'est qu'ils n'auront pas les trois meilleurs joueurs de tous les temps".

► Une carrière sous l'ombre du Big 3

Les quatre amis sont revenus aussi sur leur carrière jouée en même temps que le Big 3, composé de Rafael Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic, qui n'ont laissé que des miettes aux autres joueurs du circuit. "Au niveau sportif, aujourd'hui, je pense qu'on peut le dire. On a les 3 meilleurs joueurs de tous les temps qui ont joué les 15 années où on a joué. C'était pas évident d'être comparé à Federer, Nadal. On était 5-6-7e mondial, juste derrière. Très peu de joueurs les ont battus. On a tous poussé notre tennis au maximum de ce qu'on pouvait à un moment. On n'a pas à rougir de ce qu'on a fait", souligne Jo-Wilfred Tsonga. Un constat qui a d'ailleurs fait réagir Richard Gasquet"Dans la rue et dans les clubs, le 'toi pourtant Nadal tu l'as gagné aux Petits As', je l'ai entendu des milliers de fois". 

Et là encore, les quatre hommes mettent en perspective leur carrière, toujours sans se dédouaner. "Pourquoi les Français vous n'avez pas gagné Roland ? Roger et Djoko, des légendes du tennis, ils l'ont gagné qu'une fois. C'est complètement fou. On est loin d'être Roger et il l'a gagné une fois", souligne Gaël Monfils. D'ailleurs, même "Murray il a gagné 3 Grand chelem dans sa carrière. Dans une autre génération, il en gagnait 13", ajoute Gilles Simon. "Quand j'allais jouer Hewitt, on me disait 'ça va être dur', je disais 'mais non c'est mon pigeon, j'ai l'habitude, il m'a jamais battu'. Le gars a été n°1 mondial, il a gagné des Majeurs, c'était un énorme joueur, mais rien à voir avec Federer, Nadal, Djokovic, Murray", livre encore Jo-Wilfred Tsonga

► La Coupe Davis 

Les joueurs ont aussi fait partie de la même équipe de Coupe Davis. Ils ont profité de l'occasion de ce live pour partager leurs souvenirs en équipe de France. "J'ai une frustration, celle qu'on n'ait pas été assez alignés tous les quatre en même temps. Après, j'ai des moments extraordinaires en Coupe Davis, j'ai vibré. Mais j'ai vécu des trucs très difficiles, hyper durs à encaisser. Je me retrouvais dans ma chambre d'hôtel le soir à avoir des palpitations et à me dire "qu'est-ce qu'il m'arrive ?" C'était beaucoup de pression", se souvient Jo-Wilfred Tsonga. Pour Richard Gasquet, le milieu de sa carrière, vers les années 2010/2011, la Coupe Davis "a été dure. Ça a été un peu lourd. Et après j'ai retrouvé le plaisir, on a eu de bons souvenirs, il ne faut pas oublier". 

Quand à La Monf, il a dévoilé un moment assez incroyable. "Ma première sélection s'est hyper mal passée. Il y avait Mika, PHM (Paul-Henri Mathieu), Grosjean, Clément. Conflit de génération ! On fait le stage. Je connais pas les gars et je sens qu'ils n'avaient pas trop envie de me connaître. Je m'entraînais qu'avec Rod Gilbert (coach)", raconte Gaël Monfils. On s'est battus avec Mika (Llodra). Je lui dis "si tu me mets une calbote (baffe), je vais t'en mettre une." Il a voulu jouer, il m'a mis une calbote en plein dîner officiel. Tu me connais, 18 ans, chaud comme la braise, j'y suis allé direct", a conclu Gaël Monfils. Inégalable.

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