Le report de l'Euro est un bouleversement pour les 12 villes-hôtes
L'Euro 2020 n'aura donc pas lieu en 2020. L'UEFA l'a annoncé ce mardi, confirmant les rumeurs qui circulaient depuis quelques semaines à ce propos. Voilà une nouvelle qui doit consterner les douze pays organisateurs de l'évènement. Ou pas. Outre le fait qu'ils ont sans doute d'autres chats à fouetter en ce moment, la Russie, l'Azerbaïdjan, l'Italie, l'Ecosse, les Pays-Bas, la Roumanie, l'Irlande, l'Espagne, la Hongrie, le Danemark, l'Allemagne et l'Angleterre ne sont pas en première ligne des répercussions de ce report.
"J'imagine que l'impact sera moins national que local", analyse Olivier Maillard, enseignant en organisation d'évènements sportifs. "Cet Euro a été organisé sur douze pays. Cela veut dire seulement un stade par pays. Ce sont donc les villes qui que ça impactera en premier lieu" Les villes bien sûr, cœurs du projet de l'UEFA sur cet Euro. Depuis 2014 et l'annonce de la tenue de l'Euro en 2020 dans plusieurs pays à la fois, les villes ont tout planifié pour ce mois de juillet 2020. Mais le point d'orgue arrivera un an plus tard.
Fan-Zones, stades, infrastructures : tout est interrompu
Toutes les dépenses des Villes ne pourront pas simplement être décalées à 2021. Il y aura des pertes sèches, et elles ne seront pas insignifiantes. "Quatre mois avant, les villes ont généralement déjà engagé des frais pour la mise à disposition des stades" indique Bertrand Paquette, un ancien directeur de tournoi puisqu'il a dirigé l'organisation de l'Euro 2016 . Cela se fait sur plusieurs mois, voire plus d'une année à l'avance". Car chaque stade a son calendrier. D'ailleurs, "il faudra voir dans chaque cas s'il n'y a pas déjà des évènements programmés à ces dates-là en 2021".
Mais le stade, s'il est le plus symbolique, est loin d'être le plus lourd engagement des Villes. Celles-ci fondent leur politique municipale autour de l'Euro depuis des années en amont.
Les infrastructures et la logistique sont déjà pensées et organisées. "Les Villes s'occupent bien en amont de planifier l'acheminement des gens, entre la résidence et le stade par exemple, explique Bertrand Paquette.Il y a aussi, la planification signalétique (les panneaux, les indications), et le recrutement des bénévoles". A Glasgow, les candidatures pour se porter volontaire devaient se faire dès juin 2019. Le processus durait alors une année entière, de l'interview à la "phase d'acceptation du rôle" en passant par "l'entraînement", qui devait avoir lieu en avril prochain. Désormais, il faudra replanifier un nouveau processus et renouveler une partie des candidatures car les bénévoles ne seront pas tous disponibles aux nouvelles dates.
Bien au-delà du recrutement, l'un des plus gros postes d'investissement (et de retombées économiques) pour la Ville est la Fan Zone, comme l'explique Bertrand Paquette : "Il faut trouver un prestataire pour l'écran géant, organiser les buvettes, les barrières, les stands, les concerts Tout cela n'était peut-être pas encore visible dans les villes, mais au moins en bonne voie de construction pour l'été".
A Glasgow c'est la place centrale de la ville, le George Square, qui était censée accueillir la Fan Zone. Une partie des restaurateurs alentour a ainsi été mobilisée par la Ville pour son plan d'aménagement.
C'est l'urbanisation dans son ensemble qui est pensée en fonction de ce à quoi devait ressembler le centre-ville lors de l'été 2020. A Dublin, comme le montre ce document du conseil municipal de 2018, le budget de la Ville pour l'organisation s'élève à 3,7 millions d'euros. Dont 287 000 pour la décoration, et 298 000 pour la promotion de la Ville et l'héritage que la compétition laissera. Autrement dit, les dépenses exclusivement consacrées à valoriser le théâtre plutôt que le spectacle en lui-même.
Force de frappe évènementielle sapée
La communication n'a pas non plus attendu les beaux jours pour se déployer. La Ville de Saint-Pétersbourg publiait encore le 5 mars dernier un jeu-concours à J-100 du premier match : "Proposez une chanson drôle, extravagante, patriotique dans les commentaires (...) le gagnant remportera des objets signés par les plus grandes stars du foot !" Jeux-concours, évènements annexes, festivals culturels : la montée en tension était bien rodée.
Bertand Paquette se souvient ainsi de l'immense engagement de la Ville de Lyon dans l'organisation de l'Euro 2016. "C'était assez remarquable. Ils avaient fait toute l’année la promotion du sport santé avec les écoles, les associations, tout le mouvement sportif lyonnais" La place Bellecour avait ainsi été repensée pour être le coeur battant de l'évènement plusieurs mois avant. "C'est certains, les villes-hôtes vont devoir énormément s'adapter. Il faut comprendre que pour certaines, tout tournait autour de ça depuis plusieurs mois maintenant".
Une manne pour l'économie locale (en 2021)
Toujours est-il que l'évènement aura tout de même lieu, même si un an plus tard. Et si le budget 2020 sera grévé d'un apport conséquent, le prochain pourra (a priori) compter sur un très gros coup de boost. En accueillant trois rencontres de groupe et un huitième de finale, en 2016, Saint-Etienne avait récolté 45,1 millions d'euros de retombées, soit 17 fois plus que la dépense engagée par la collectivité.
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