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Palmarès, rivalité fraternelle, mononucléose... Dix choses à savoir sur Martin Fourcade, le Français le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques

Il règne en maître absolu sur le biathlon depuis six ans et a encore augmenté sa collection de médailles olympiques à Pyeongchang. Franceinfo vous présente le roi du biathlon tricolore.

Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11 min
Le biathlète français Martin Fourcade lors de l'épreuve de Coupe du monde à Anterselva (Italie) en janvier 2018. (ALEXANDER VILF / SPUTNIK)

Epoustouflant. A 29 ans, Martin Fourcade entre dans l'histoire olympique en Corée du Sud. Porte-drapeau de la délégation française, il est devenu, mardi 20 février, le Français le plus titré de l'histoire des JO, été et hiver confondus. Vous ignorez encore tout de lui ? Franceinfo liste 10 choses à savoir sur le Catalan.

1Il n'a pas 30 ans, mais a déjà tout gagné

Avant même les Jeux, Martin Fourcade pouvait déjà se vanter d'un immense palmarès : 82 victoires – 2 titres olympiques, 11 mondiaux et 69 victoires en Coupe du monde. Seule la légende du biathlon, le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, 44 ans, fait mieux avec 122 succès. Le Français a aussi remporté six Gros Globes de Cristal, trophée qui récompense le vainqueur de la Coupe du monde de biathlon, un record qu'il partage avec Bjoerndalen et la Suédoise Magdalena Forsberg. Et encore, on ne compte pas les médailles d'argent et de bronze qu'il a obtenues aux JO, aux Mondiaux ou en Coupe du monde.

A Pyeongchang, Martin Fourcade a continué à écrire sa légende. Avec sa victoire dans le relais mixte de biathlon, mardi 20 février, il décroche un cinquième titre personnel et devient ainsi le Français le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques, été et hiver confondus.

2Il a un frère biathlète (et leurs relations ont été compliquées)

Martin Fourcade a débuté le biathlon en suivant les traces de son grand frère, Simon. "C’était mon modèle, mon idole", confiait-il à Libération juste avant les JO de Sotchi, en 2014. Mais la mass start des JO de Vancouver, quatre ans plus tôt, vient distendre les liens des frères, qui cohabitent en équipe de France. Au Canada, l'aîné, pourtant grand favori, se rate et Martin remporte l'argent, se révélant au grand public. Pendant la remise des médailles, la famille Fourcade est tiraillée. "Cela a été une journée particulière pour toute la famille. Les sentiments étaient mêlés, on était à la fois heureux pour Martin et tellement triste pour Simon", se souvient Brice, le petit dernier.

Dans son autobiographie Mon rêve d'or et de neige (Marabout), sortie en novembre 2017, Martin Fourcade se souvient de cet étrange podium. Après avoir consolé son frère et lui avoir dit qu'il aurait "dû avoir cette médaille", il le cherche du regard

Mon sang se glace lorsque je le découvre enfin. En pleurs. Caché derrière le drapeau tricolore de mon père. Je suis en train de vivre le plus beau moment de ma vie tandis que lui vit le pire.

Martin Fourcade

dans son autobiographie

Le duo se fissure. "Simon a vécu cela comme une injustice", se remémore Martin. L'aîné est jaloux de la réussite de son petit frère. "Je m'en voulais d'être incapable de rivaliser avec lui, j'ai même voulu m'écarter du groupe d'entraînement pour ne plus croiser son chemin, expliquait Simon au Parisien. Il fallait que je coupe les ponts." Après deux années "compliquées", selon Martin, tout est rentré dans l'ordre et les deux frères sont ensemble à Pyeongchang. 

3Il est aussi à l'aise sur les skis que sur Twitter

Outre les pistes de biathlon, Martin Fourcade a un autre terrain de jeu : Twitter, où il compte plus de 200 000 followers. "C'est un outil intéressant parce qu'il favorise le franc-parler", estime-t-il dans L'Equipe (accès abonnés). Inscrit depuis février 2013, il y partage sa vie, ses entraînements et l'utilise comme "un moyen de commenter ce qui se passe autour". Le tout avec un certain humour. En témoigne ce cliché en compagnie de son camarade Jean-Guillaume Béatrix, ressorti lors des Jeux de Sotchi, alors qu'une photo de WC avec deux cuvettes faisait le tour du monde.

Il n'hésite pas non plus à chambrer. La radio Europe 1, qui prédisait une nouvelle défaite du Français face à son rival, le Norvégien Johannes Boe, en a fait les frais en janvier 2018. "Quand je vois les coups de génie qu’il a sur Twitter, ça, c’est tout lui", se régale son ami Clément Jacquelin dans 20 Minutes. 

4Il s'est brouillé avec les Russes à cause du dopage

Février 2017, championnats du monde de biathlon à Hochfilzen (Autriche). Martin Fourcade est très remonté sur le podium du relais mixte. Non parce que la France a été battue par l'Allemagne, mais parce que les Russes Anton Shipulin et Alexander Loginov refusent de lui serrer la main. Il applaudit le geste ironiquement et quitte le podium. La passe d'armes se poursuit lors de la conférence de presse. Déjà pendant la course, la tension entre Fourcade et les Russes était palpable : Loginov accuse le Français de l'avoir bousculé et Shipulin n'a pas apprécié d'être chambré sur la ligne d'arrivée. 

Pourquoi une telle animosité ? Parce que le Français a fait de la lutte contre le dopage son cheval de bataille, et surtout depuis le rapport McLaren publié fin 2016 et la mise en évidence d'un dopage de masse en Russie. En janvier 2017, Martin Fourcade se permet même d'ironiser à propos d'une photo de la fédération russe de biathlon célébrant l'anniversaire d'Alexander Loginov. "Et il a été suspendu deux ans pour avoir pris de l’EPO. Ne l’oubliez pas, c’est l’un de ses plus beaux trophées", avait-il commenté sous ce cliché. Un message peu apprécié des Russes.

5Il a eu une mononucléose (mais a quand même dominé la saison)

En juillet 2014, quelques mois après son triomphe aux JO de Sotchi, Martin Fourcade se remet au travail. Mais les premiers entraînements en Norvège ne sont pas bons. Le biathlète passe des examens : il souffre d'une mononucléose. "A ce stade, Martin n’est pas en mesure de se soumettre à un entraînement intensif, mais il poursuit une activité physique régulière. Cette maladie contrarie son programme de début de saison et contraint Martin à un repos forcé relatif pour plusieurs semaines", indique son entourage dans un communiqué.

Pendant des semaines, Martin Fourcade est incapable de suivre sa préparation. "C'était usant. Je dormais très mal la nuit, j'attaquais épuisé le matin. J'étais inquiet pour la suite, sur mon état de forme. (...) Mais j'étais obsédé par ce virus, par la date de guérison, par cette course contre-la-montre avant le début de la saison", raconte-t-il dans son autobiographie. Pourtant, cela ne l'a pas empêché de terminer la saison à la même place que les précédentes : la première. 

6Il a cassé le bâton d'un adversaire

"Dans la vie, c'est un mec hyper agréable. Il pense aux autres, il est généreux, souriant, partant pour tout. Mais une fois qu'il a un dossard sur le dos, il n'y a plus d'amis, c'est un enfoiré." La phrase est signée Loïs Habert, ancien biathlète français et proche de Martin Fourcade. A Eurosport, il confie cette anecdote qui montre de quoi est capable le Français : "Au Grand-Bornand, il y a quatre ans, un mec lui marche trois fois sur le bâton, sans le faire exprès. Ce n'est pas agréable et, à la troisième fois, Martin a pété un câble, il s'est retourné, il lui a cassé le bâton."

"Je déteste davantage perdre que j'aime gagner", répète souvent le double champion olympique. Enfant, il ne supportait pas de ramener une bonne note si elle n'était pas la meilleure de la classe. Et en famille, ce trait de caractère peut surgir à tout moment si on écoute l'aîné Simon : "C'est vraiment la seule personne que j'ai vue s'engueuler avec sa compagne pour un jeu de société à la con le jour de Noël", raconte-t-il dans cette vidéo.

7Il a pris le large pendant deux mois en Norvège

Avant la naissance de la première de ses deux filles, Manon, en septembre 2015, Martin Fourcade veut casser une routine en place depuis son arrivée au sommet du biathlon. Avec sa compagne, Hélène, il part vivre deux mois à Oslo (Norvège) durant l'été 2015 pour mieux préparer la saison qui approche. C'était la "destination idéale", assure-t-il dans son livre. "Une ville, une vraie, avec la mer à deux minutes, la qualité de vie scandinave, les journées à rallonge en été, la forêt sauvage juste à côté et toutes les facilités pour s’entraîner à Holmenkollen."

Le couple loue un Airbnb en périphérie, à Holmenkollen, là où se situent les installations du ski nordique norvégien. Pendant deux mois, il va lier l'utile (préparation de la saison) à l'agréable (balade, tourisme). Il déconnecte en s'éloignant de la France et de ses sollicitations. Il refuse toutes les interviews. "En deux mois, j'ai tout coupé en me concentrant sur moi et ça a été une vraie bouffée d'oxygène", raconte-t-il à L'Equipe à la fin du séjour. Il repère aussi les lieux des Mondiaux qui auront lieu à Holmenkollen en février 2016. Hasard ou pas, il y réussira sa plus belle moisson avec quatre médailles d'or et une médaille d'argent.

8Il a failli ne jamais avoir cette carrière

Plus jeune, Martin Fourcade s'est beaucoup cherché : hockey, judo, natation, athlétisme... S'il n'a jamais essayé le foot, il a quand même arboré les mêmes cheveux longs que Christophe Dugarry, époque Bordeaux. Adolescent, il se concentre sur le biathlon et rejoint son grand frère au pôle Espoirs de Villars-de-Lans (Isère). Mais au printemps, après la fonte des neiges, il est gagné par "le blues du skieur". A 15 ans, être loin de ses proches et de sa "vie d'avant" devient trop dur à supporter.

Thierry Dusserre, premier entraîneur des frères Fourcade, n'a pas oublié le moment où Martin lui a annoncé son départ. "Je me souviens de la phrase que je lui avais dite : 'J'espère que tu ne le regretteras pas.' Perdre un athlète de la qualité de Martin, ça m'embêtait. Mais j'étais surtout inquiet pour lui. Au-delà des liens affectifs j'avais peur qu'il fasse un mauvais choix", raconte-t-il à Eurosport. De retour à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), Martin goûte au triathlon. Mais une discussion avec l'entraîneur de biathlon du pôle local va tout changer. Il part en stage à Tignes et tombe dans la marmite. Ce sera le biathlon et rien d'autre.

9Il a disputé une épreuve de Coupe du monde en ski de fond

En 2015, après sa parenthèse norvégienne, Martin Fourcade cherche un nouveau défi. Pour tenir jusqu'aux JO de Pyeongchang, il lui faut "des petits coups de pied aux fesses", avoue-t-il dans Le Monde. Avant de se lancer dans la saison de biathlon, il pose la carabine pour revenir à ses premiers amours : le ski de fond. "J’ai commencé par le ski de fond, comme tous les biathlètes du monde. Quand, à 15 ans, j’ai dû faire un choix pour me spécialiser et devenir le meilleur biathlète du monde, ç’a été difficile parce que j’aimais les deux disciplines", poursuit-il. 

Le 14 novembre 2015, il dispute un 15 km libre à Beitostolen (Norvège) et se classe 12e. Suffisant pour obtenir un strapontin en équipe de France pour l'étape de Coupe du monde à Ruka (Finlande). Le 28 novembre, il termine 22e du 10 km. Une petite déception, lui qui ambitionnait un Top 10. "Ça donne envie de revenir pour montrer que je suis capable de mieux", lâche-t-il à L'Equipe. S'il a, un temps, envisagé de participer aux épreuves de biathlon et de ski de fond à Pyeongchang, il a abandonné l'idée devant ce défi trop exigeant physiquement et qui compliquait son calendrier.

10Il gagne très bien sa vie

Sous contrat avec l'armée de terre, Martin Fourcade touche une solde de 1 400 euros par mois. Ce montant représente une petite part de ses revenus annuels estimés à un million d'euros selon Le Figaro. Une somme qui le situe très loin de Tony Parker, sportif français le mieux payé en 2016, mais qui en fait un privilégié dans son sport. Pour la seule saison 2016-2017, il a touché 380 000 euros de primes de courses en Coupe de monde. Son record depuis qu'il est au haut niveau.

Depuis le début de sa carrière, il a touché environ 1,5 millions d'euros grâce aux primes glanées au fil des courses. Depuis ses sacres à Sotchi, sa cote a explosé auprès des annonceurs. La MGEN, Somfy, Rossignol, Adidas et BMW lui assurent la majeure partie de ses revenus annuels. Transparent à ce sujet dans son livre, il concède qu'il fait "un peu la gueule au moment de signer un chèque à cinq zéros au Trésor public", mais assure ne pas chercher à défiscaliser.

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