JO 2016 : dix choses vues à Rio pendant la quinzaine olympique
Vous avez vibré devant les exploits, pleuré devant les désillusions, ragé devant le public brésilien et hérité de cernes énormes à force de nuits blanches. Voilà ce que vous n'avez pas vu des JO de Rio.
Après quinze jours de compétition, les Jeux olympiques se sont clôturés, dimanche 21 août. Quinze jours au cours desquels les visiteurs ont pu apprécier le climat capricieux de Rio de Janeiro en hiver, la conduite des chauffeurs de bus locaux (qui tiennent moins d'Ayrton Senna que de son neveu maladroit Bruno), la climatisation glaciale des transports en commun, la sonnerie horripilante annonçant la fermeture des portes du métro, le faible niveau des Brésiliens en anglais, l'encore plus faible niveau des non-Brésiliens en portugais ou le public local qui se croit à un match de foot même devant du tennis de table... Morceaux choisis par notre envoyé spécial à Rio.
Le château de sable de Roger Federer
Combien ça coûte de faire construire un château de sable sur la mythique plage de Copacabana ? Les journalistes du tabloïd suisse Blick ont eu la surprise de constater que c’était assez cher : comptez 2 000 réaux (environ 600 euros) pour une journée de travail. Ils l’ont quand même commandé, pour souhaiter un bon anniversaire (à distance) à Roger Federer, forfait pour les Jeux quelques semaines plus tôt. Le résultat est moyennement convaincant.
Did Blick manage to outdo its kooky Swiss tennis images with today’s birthday tribute to Federer in Rio? pic.twitter.com/DpiGDzuV76
— Lynn Berenbaum (@lynnlovestennis) 8 août 2016
Le moment de solitude du speaker au tennis de table
Il fait frisquet au Riocentro, le complexe à côté du parc olympique où ont été reléguées les épreuves de tennis de table. Ce 12 août, c’est le début de l’épreuve par équipe féminine. Le speaker présente les nations engagées. Sans surprise, le Brésil l’emporte largement à l’applaudimètre. Quand arrive le tour de la Corée du Sud, les joueuses… ne reconnaissent pas leurs noms, lus par le speaker avec un terrible accent anglais. Elles regardent fixement l’écran géant, attendant de saluer le public. Terrible embarras de l’homme au micro, qui laisse trente bonnes secondes de blanc, avant d’enchaîner sur la présentation de l’équipe roumaine.
La partie de volley-ball dans les tribunes du basket
Les supporters australiens sont venus en masse à Rio. Ils sont plusieurs centaines dans la tribune qui jouxte le banc des deux équipes, lors d’Australie-Chine en basket masculin, vendredi 12 août. A la pause s’improvise une partie de volley-ball avec un gros ballon de baudruche aux couleurs du drapeau national. Toute la tribune participe, le ballon vole de part en part… avant de tomber sur le juge-arbitre installé à la table de marque. Pas rancunier, il renvoie la balle, qui poursuit sa course de mains en mains. Mais le ballon tombe une seconde fois, devant une volontaire. Qui décide que ce genre de ballon n’a rien à faire dans la salle, le confisque et va le ranger sous clé dans un placard attenant.
Quand le PSG vole la vedette aux matchs de la Team USA
Les stars de la NBA investissent le parquet sans jeter un regard au public de la Carioca Arena. Leur entrée en lice dans la compétition a drainé les foules… venues en touristes plus qu’en fans. Peu avant le coup d’envoi, les téléphones vibrent. Alerte info… le PSG vient de gagner le Trophée des champions contre Lyon, 4-1. Les spectateurs se désintéressent d’un coup du basket : “Alors, ça a donné quoi Paris ?”, demande l’un d’eux à son voisin. “Lucas a marqué ?” “Thiago (Silva) a joué ?” Le match, qui s’est déroulé à Klagenfurt dans l’indifférence générale, passionne visiblement plus les Brésiliens que le récital américain au basket. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des maillots du PSG dans la mégapole carioca.
Quand la Carioca Arena se transforme en Maracana
L’enfant du pays, Rafaela Silva, monte sur le tatami pour une place en finale des moins de 57 kg face à la Roumaine Corina Caprioriu, jeudi 11 août. Le public perd toute notion de fair-play, d’olympisme, de retenue. Chaque attaque de la Brésilienne, même quand elle ne fait qu'effleurer le kimono de son adversaire, est saluée par des cris de joie et par une standing ovation... suivis par des sifflets quand l’arbitre indique qu’il n’y a rien et demande aux judokates de reprendre le combat. Le match, serré, se jouera aux prolongations. Dans une tribune éloignée du tatami, deux spectateurs brésiliens débattent :
- "Pourquoi tu cries et tu te lèves tout le temps ? Il n’y a rien là.
- On ne sait jamais, si on crie au scandale tous en même temps, ça peut influencer l'arbitre."
Quand un spectateur achète un canapé en plein récital de Katie Ledecky
La nageuse américaine Katie Ledecky est forte. Très forte. Trop forte. La quintuple médaillée olympique se promène lors de sa série du 800m, face à des adversaires qui n’arrivent pas à la suivre, vendredi 12 août. Dans la tribune, un spectateur étend ses jambes sur le fauteuil d’à-côté, dégaine son smartphone, consulte ses mails, et clique sur un lien marchand. Il fait défiler une série de fauteuils et de canapés, avant de porter son choix sur un modèle jaune moutarde. Le temps d’appuyer sur “acheter”, et il a le temps de lever la tête pour voir la nageuse américaine en finir avec sa course. Est-ce une association d'idées, parce que Ledecky a gagné dans un fauteuil ?
Ce spectateur a acheté UN CANAPE pendant la série de Katie Ledecky sur 800 m nage libre. Si, si. #Rio2016 pic.twitter.com/W83NDuno7Y
— Pierre Godon (@PierreGodon) 12 août 2016
Le retour de Will Grigg's on fire (et la chouette programmation musicale des Jeux)
S'ils ont abusé des tubes locaux (plus jamais Tempo de alegria de Ivete Sangalo), les DJs disséminés sur les sites ont su manier l'humour avec intelligence. Quand un véritable déluge s'est abattu sur le stade olympique, lundi 15 août, la sono a enchaîné Singing in the rain de Gene Kelly, Umbrella de Rihanna ou encore Can't stand the rain d'Ann Peebles, sans tomber dans le mauvais goût avec l'insupportable When the rains begins to fall du frère Jackson. Mention spéciale pour l'animateur du stade de beach-volley, qui ponctuait chaque "Laura Ludwig is on fire" du speaker par le tube de Gala, Freed from Desire, enfin plutôt son remix Will Grigg's on fire, tube officieux de l'Euro. La reprise des Démons de minuit à la gloire du basketteur Nando de Colo ("Il nous mène au bout des JO, c'est Nando de Colo.") n'aura pas connu même succès, bien que chantée à tue-tête par une poignée de supporters français.
Quand le drapeau britannique flotte... en tribune de presse
Si les journalistes sont forcément un peu supporters de leur pays, certains le sont beaucoup plus que d'autres. On a ainsi vu plusieurs maillots de Pau Gasol dans la navette des journalistes avant le (sinistre) quart de finale France-Espagne en basket masculin. La palme revient aux suiveurs britanniques de l'équipe de cyclisme sur piste, qui a effectué une véritable razzia dans le vélodrome, ne laissant que des miettes aux adversaires. Polos "Team GB" et surtout Union Jack au vent quand un coureur britannique décrochait une médaille. Pour l'objectivité, on repassera. Pour l'ambiance, en revanche, c'était un plus indéniable.
How do sports journo's balance incisive investigative reporting with drinks at the bar with athletes they report on https://t.co/455L67OjMY
— Richard Ings (@ringsau) 14 août 2016
Quand le public du handball vibre pour un match de volley
Comme souvent, ce dimanche 21 août, dernier jour des Jeux olympiques, rime avec finale pour les sports collectifs. Les handballeurs français défient le Danemark dans leur tentative de passe de trois sacres olympiques. La salle met du temps à se remplir et une grande majorité des spectateurs n'est pas vraiment concernée par les tirs de Mikkel Hansen ou les arrêts de Thierry Omeyer. Le Brésil joue dans le même temps sa finale du tournoi de volley-ball, face à l'Italie. Quand les locaux remportent le premier set, la salle explose de joie... alors qu'on est en plein temps mort danois. Beaucoup suivent le match via leur téléphone portable et ne portent qu'un regard distrait à ce qui se passe sous leurs yeux en live.
Devant moi, un père de famille regarde la finale du Brésil en volley-ball sur son téléphone #Rio2016 #FRADEN pic.twitter.com/t0aYd5VUv4
— Pierre Godon (@PierreGodon) 21 août 2016
Rebelote lors du point de la victoire, avec une explosion de joie d'une bonne minute, pendant une action anodine sur le parquet. La clameur sera plus forte que lors de la victoire danoise, quelques minutes plus tard.
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.