Cet article date de plus de huit ans.

JO 2016 : dix choses vues à Rio pendant la quinzaine olympique

Vous avez vibré devant les exploits, pleuré devant les désillusions, ragé devant le public brésilien et hérité de cernes énormes à force de nuits blanches. Voilà ce que vous n'avez pas vu des JO de Rio.

Article rédigé par Pierre Godon - Envoyé spécial à Rio de Janeiro,
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une spectatrice dort lors de l'épreuve de dressage par équipe, aux Jeux de Rio de Janeiro (Brésil), le 12 août 2016.  (JOHN MACDOUGALL / AFP)

Après quinze jours de compétition, les Jeux olympiques se sont clôturés, dimanche 21 août. Quinze jours au cours desquels les visiteurs ont pu apprécier le climat capricieux de Rio de Janeiro en hiver, la conduite des chauffeurs de bus locaux (qui tiennent moins d'Ayrton Senna que de son neveu maladroit Bruno), la climatisation glaciale des transports en commun, la sonnerie horripilante annonçant la fermeture des portes du métro, le faible niveau des Brésiliens en anglais, l'encore plus faible niveau des non-Brésiliens en portugais ou le public local qui se croit à un match de foot même devant du tennis de table... Morceaux choisis par notre envoyé spécial à Rio.

Le château de sable de Roger Federer

Combien ça coûte de faire construire un château de sable sur la mythique plage de Copacabana ? Les journalistes du tabloïd suisse Blick ont eu la surprise de constater que c’était assez cher : comptez 2 000 réaux (environ 600 euros) pour une journée de travail. Ils l’ont quand même commandé, pour souhaiter un bon anniversaire (à distance) à Roger Federer, forfait pour les Jeux quelques semaines plus tôt. Le résultat est moyennement convaincant.

Le moment de solitude du speaker au tennis de table

Il fait frisquet au Riocentro, le complexe à côté du parc olympique où ont été reléguées les épreuves de tennis de table. Ce 12 août, c’est le début de l’épreuve par équipe féminine. Le speaker présente les nations engagées. Sans surprise, le Brésil l’emporte largement à l’applaudimètre. Quand arrive le tour de la Corée du Sud, les joueuses… ne reconnaissent pas leurs noms, lus par le speaker avec un terrible accent anglais. Elles regardent fixement l’écran géant, attendant de saluer le public. Terrible embarras de l’homme au micro, qui laisse trente bonnes secondes de blanc, avant d’enchaîner sur la présentation de l’équipe roumaine.

La partie de volley-ball dans les tribunes du basket

Les supporters australiens sont venus en masse à Rio. Ils sont plusieurs centaines dans la tribune qui jouxte le banc des deux équipes, lors d’Australie-Chine en basket masculin, vendredi 12 août. A la pause s’improvise une partie de volley-ball avec un gros ballon de baudruche aux couleurs du drapeau national. Toute la tribune participe, le ballon vole de part en part… avant de tomber sur le juge-arbitre installé à la table de marque. Pas rancunier, il renvoie la balle, qui poursuit sa course de mains en mains. Mais le ballon tombe une seconde fois, devant une volontaire. Qui décide que ce genre de ballon n’a rien à faire dans la salle, le confisque et va le ranger sous clé dans un placard attenant.

Quand le PSG vole la vedette aux matchs de la Team USA

Les stars de la NBA investissent le parquet sans jeter un regard au public de la Carioca Arena. Leur entrée en lice dans la compétition a drainé les foules… venues en touristes plus qu’en fans. Peu avant le coup d’envoi, les téléphones vibrent. Alerte info… le PSG vient de gagner le Trophée des champions contre Lyon, 4-1. Les spectateurs se désintéressent d’un coup du basket : “Alors, ça a donné quoi Paris ?”, demande l’un d’eux à son voisin. “Lucas a marqué ?” “Thiago (Silva) a joué ?” Le match, qui s’est déroulé à Klagenfurt dans l’indifférence générale, passionne visiblement plus les Brésiliens que le récital américain au basket. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des maillots du PSG dans la mégapole carioca.

Quand la Carioca Arena se transforme en Maracana

La judokate brésilienne Rafaela Silva (en blanc) face à son adversaire roumaine Corina Caprioriu, en demi-finales du tournoi des -57 kg aux Jeux olympiques de Rio, le 8 août 2016. (WILLIAM VOLCOV / BRAZIL PHOTO PRESS / AFP)

L’enfant du pays, Rafaela Silva, monte sur le tatami pour une place en finale des moins de 57 kg face à la Roumaine Corina Caprioriu, jeudi 11 août. Le public perd toute notion de fair-play, d’olympisme, de retenue. Chaque attaque de la Brésilienne, même quand elle ne fait qu'effleurer le kimono de son adversaire, est saluée par des cris de joie et par une standing ovation... suivis par des sifflets quand l’arbitre indique qu’il n’y a rien et demande aux judokates de reprendre le combat. Le match, serré, se jouera aux prolongations. Dans une tribune éloignée du tatami, deux spectateurs brésiliens débattent :

- "Pourquoi tu cries et tu te lèves tout le temps ? Il n’y a rien là.
- On ne sait jamais, si on crie au scandale tous en même temps, ça peut influencer l'arbitre."

Quand un spectateur achète un canapé en plein récital de Katie Ledecky

La nageuse américaine Katie Ledecky est forte. Très forte. Trop forte. La quintuple médaillée olympique se promène lors de sa série du 800m, face à des adversaires qui n’arrivent pas à la suivre, vendredi 12 août. Dans la tribune, un spectateur étend ses jambes sur le fauteuil d’à-côté, dégaine son smartphone, consulte ses mails, et clique sur un lien marchand. Il fait défiler une série de fauteuils et de canapés, avant de porter son choix sur un modèle jaune moutarde. Le temps d’appuyer sur “acheter”, et il a le temps de lever la tête pour voir la nageuse américaine en finir avec sa course. Est-ce une association d'idées, parce que Ledecky a gagné dans un fauteuil ? 

Le retour de Will Grigg's on fire (et la chouette programmation musicale des Jeux)

S'ils ont abusé des tubes locaux (plus jamais Tempo de alegria de Ivete Sangalo), les DJs disséminés sur les sites ont su manier l'humour avec intelligence. Quand un véritable déluge s'est abattu sur le stade olympique, lundi 15 août, la sono a enchaîné Singing in the rain de Gene Kelly, Umbrella de Rihanna ou encore Can't stand the rain d'Ann Peebles, sans tomber dans le mauvais goût avec l'insupportable When the rains begins to fall du frère Jackson. Mention spéciale pour l'animateur du stade de beach-volley, qui ponctuait chaque "Laura Ludwig is on fire" du speaker par le tube de Gala, Freed from Desire, enfin plutôt son remix Will Grigg's on fire, tube officieux de l'Euro. La reprise des Démons de minuit à la gloire du basketteur Nando de Colo ("Il nous mène au bout des JO, c'est Nando de Colo.") n'aura pas connu même succès, bien que chantée à tue-tête par une poignée de supporters français.

Quand le drapeau britannique flotte... en tribune de presse

Si les journalistes sont forcément un peu supporters de leur pays, certains le sont beaucoup plus que d'autres. On a ainsi vu plusieurs maillots de Pau Gasol dans la navette des journalistes avant le (sinistre) quart de finale France-Espagne en basket masculin. La palme revient aux suiveurs britanniques de l'équipe de cyclisme sur piste, qui a effectué une véritable razzia dans le vélodrome, ne laissant que des miettes aux adversaires. Polos "Team GB" et surtout Union Jack au vent quand un coureur britannique décrochait une médaille. Pour l'objectivité, on repassera. Pour l'ambiance, en revanche, c'était un plus indéniable.

Quand le public du handball vibre pour un match de volley

Comme souvent, ce dimanche 21 août, dernier jour des Jeux olympiques, rime avec finale pour les sports collectifs. Les handballeurs français défient le Danemark dans leur tentative de passe de trois sacres olympiques. La salle met du temps à se remplir et une grande majorité des spectateurs n'est pas vraiment concernée par les tirs de Mikkel Hansen ou les arrêts de Thierry Omeyer. Le Brésil joue dans le même temps sa finale du tournoi de volley-ball, face à l'Italie. Quand les locaux remportent le premier set, la salle explose de joie... alors qu'on est en plein temps mort danois. Beaucoup suivent le match via leur téléphone portable et ne portent qu'un regard distrait à ce qui se passe sous leurs yeux en live.

Rebelote lors du point de la victoire, avec une explosion de joie d'une bonne minute, pendant une action anodine sur le parquet. La clameur sera plus forte que lors de la victoire danoise, quelques minutes plus tard.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.