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Jeux olympiques : trois questions sur la polémique autour du slogan anglais de Paris-2024

Trois associations de défense de la langue française ont porté plainte contre le slogan anglais "Made for sharing" de Paris-2024. Franceinfo revient sur cette polémique.

Article rédigé par franceinfo
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La Tour Eiffel est illuminée aux couleurs du drapeau olympique pour le lancement de la candidature de "Paris 2024", le 3 février 2017. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Trois petits mots qui sèment la discorde. Trois associations de défense de la langue française comptent déposer plainte, lundi 20 février, contre le slogan anglais "Made for sharing" de la candidature de Paris pour l'organisation des Jeux olympiques de 2024. Pourquoi cette formule pose-t-elle problème ? Franceinfo répond à trois questions sur la polémique.

Pourquoi ce slogan est-il critiqué ?

"Je trouve que ce slogan est une faute, une ânerie, une erreur." Bernard Pivot n'a pas mâché ses mots, vendredi 17 février, au moment de commenter la formule choisie pour la campagne Paris-2024. "C'est une faute contre la langue française qui est une langue olympique, c'est une ânerie parce que même dans la langue de Shakespeare, ce slogan est d'une grande platitude", a estimé le président de l'académie Goncourt sur RTL.

Et l'auteur n'est pas seul à protester contre ce slogan. L'Académie française s'est, elle aussi, élevée contre cette formule, jeudi 16 février. "Même si le comité de candidature a prévu une version seconde de ce slogan, en français, l'Académie française exprime à l'unanimité sa réprobation devant la décision du comité d'accorder la priorité à la langue anglaise pour porter la candidature olympique de la ville de Paris", a déclaré l'institution. Elle a également souligné, non sans ironie, que ce slogan avait déjà été utilisé lors de "campagnes publicitaires pour des bonbons", des biscuits de la marque Cadbury ou encore par la chaîne américaine Burger King.

Trois associations de défense de la langue française ont annoncé leur intention de porter l'affaire devant le tribunal administratif, rapporte RTL. L'assignation, qui demande au comité de retirer le slogan en anglais pour le remplacer par un message en français, doit être déposée lundi 20 février. Les associations ont également saisi le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Pour ces associations, le slogan et la cérémonie de lancement "intégralement en anglais" de Paris-2024 constituent "une insulte caractérisée à la langue française"

Quelle est la défense du comité de Paris-2024 ?

Les responsables de la candidature de Paris à l'organisation des JO "s'étonnent" de cette polémique. Le groupement d'intérêt public (GIP) olympique rappelle en effet que deux slogans figurent dans le dossier de Paris-2024: "Made for sharing" et "Venez partager". 

"On s'exprime en français quand on en a besoin, et devant une audience internationale, on utilise l'anglais ou le français, et même parfois l'espagnol, explique Etienne Thobois, directeur général du comité de candidature de Paris-2024, à l'AFP. Nous pensons que le meilleur moyen de défendre la langue française dans le monde de l'olympisme, c'est de gagner l'organisation des JO 2024."

"Notre travail, c'est de convaincre 95 membres du [Comité olympique international], qui viennent de 67 pays. Et il n'y a aucun Français puisqu'ils n'ont pas le droit de voter, poursuit Etienne Thobois. Or, 80% des votants nous demandent de leur faire parvenir les documents en anglais."

Le GIP olympique a souligné que les dirigeants de la campagne française pour les Jeux de 2012, remportés par Londres, avaient choisi le slogan "L'amour des Jeux". Ce dernier avait alors été jugé "trop franco-français", rappelle Le Parisien.

La procédure judiciaire peut-elle aboutir ?

Les associations qui veulent attaquer le slogan en justice assurent que l'utilisation d'une formule en anglais est illégale. Selon Le Figaro, le collectif estime ainsi que la formule a été choisie "au mépris, non seulement des associations concernées, mais de l'article II de la Constitution, de la charte des JO (dont la langue officielle est le français !) et de la loi du 4 août 1994 (art. 2) qui dispose que 'la langue française est obligatoire pour toute publicité, écrite, parlée ou audiovisuelle'".

Mais, selon un avocat interrogé par LCI, le comité de candidature pourrait obtenir gain de cause. "Le fondement juridique [de cette plainte] n'est pas farfelu, mais étant donné que le sogan a été diffusé en anglais et en français, la manoeuvre du tribunal administratif sera assez étroite et le référé risque de ne pas aboutir", explique Thierry Vallat à la chaîne.

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