Mondial de handball : comment les Bleues sont revenues sur le toit du monde
Une troisième étoile brodée en guise d'apothéose. L'équipe de France féminine de handball a réussi le championnat du monde parfait, en s'imposant dimanche 17 décembre contre la Norvège (31-28) en finale. Invaincues durant l'ensemble de la compétition, les Bleues signent leur premier titre majeur depuis l'or olympique de Tokyo en 2021, et sont engagées dans une série de 18 matchs sans défaite. A quelques mois des JO de Paris, les Tricolores arrivent lancées, et peut-être plus fortes que jamais après deux ans contrastés.
Le Mondial avant les JO, mission réussie
"C’est vrai que les Jeux sont l’objectif ultime, mais si on peut glaner quelque chose en décembre, on ne va pas s’en priver". Avant le début de la compétition, Olivier Krumbholz, le sélectionneur, ne faisait pas mystère des ambitions de son équipe. Ce championnat du monde revêtait un drôle d'enjeu pour les Bleues. Déjà qualifiées pour les prochains Jeux olympiques, avec pour objectif de défendre à la maison le titre décroché à Tokyo en 2021, elles devaient rivaliser avec des équipes en quête d'un billet pour Paris 2024. Le Mondial a servi de répétition autant que de laboratoire d'expérimentation dans le jeu en vue des Jeux. Les Françaises n'ont eu de cesse de répéter leur ambition : effacer les déceptions des dernières grandes compétitions (argent mondial en 2021, 4e place à l'Euro 2022). En mission, ces Bleues ont fait preuve d'une force mentale à toute épreuve, pour poursuivre leur folle série de 18 victoires consécutives en 2023.
"Pas une fois dans la compétition, je n'ai pensé aux Jeux, encore moins aujourd'hui, clamait Chloé Valentini avant la finale. J'ai confiance en nous." "On n'est pas forcément des chercheurs d'or, mais si on marche dans la rue et qu'il y a un billet de 50 balles, on va le ramasser", avançait pour sa part un Krumbholz aussi calculateur qu'ambitieux. Parce qu'avant de penser à l'été prochain, ses joueuses avaient "un message fort à envoyer à toute la planète handball", décrivait Méline Nocandy à France.tv. Le message est bien reçu.
Une attaque encore en transition
Pour retrouver les sommets, les Bleues ont fait le pari de revoir une copie pourtant solide. 21,9 buts encaissés en moyenne par match lors du dernier Mondial en 2021, 22,1 lors de l'Euro 2022, mais 25 avant la finale du championnat du monde 2023 : les chiffres pourraient laisser penser que l'arrière-garde tricolore a perdu en solidité. Ils trahissent en réalité un jeu moins prévisible, et une volonté d'augmenter la cadence en contre-attaque pour accentuer la pression sur l'adversaire. La Suède en demi-finale (37-28), ou l'Autriche durant le tour principal (41-27) ont pris de plein fouet les cavalcades bleu-blanc-rouge.
Avec près de sept buts marqués sur jeu de transition, les Bleues sont de loin la meilleure équipe du tournoi dans ce domaine. Et dans les matchs plus verrouillés comme contre la Norvège, maintenue à 23 unités au tour principal, la France a étrenné une attaque sur jeu placé "reprise à zéro", selon Olivier Krumbholz en cours de compétition. Le staff tricolore a proposé davantage de liberté à ses joueuses, avec davantage de courses, et de mouvements sans ballon pour créer les espaces en fonction des joueuses sur le terrain.
La patte de l'inusable maître Krumbholz
Pour son dernier championnat du monde à la tête de l'équipe de France féminine, Olivier Krumbholz pouvait difficilement mieux boucler la boucle. En place depuis février 1998 (à l'exception d'un intermède entre 2013 et 2016), le sélectionneur a dirigé son 520e match pour conduire les Bleues à leur septième finale mondiale, et leur troisième titre. Le pionnier - très bien entouré, notamment par Sébastien Gardillou, en charge de l'attaque - a confirmé une fois encore sa maestria à tirer le maximum de son groupe. Le technicien au caractère bien trempé a, de l'aveu de tous, rarement semblé aussi apaisé que durant ces Mondiaux. Ce qui ne l'a pas empêché de procéder à des choix forts, en se passant d'une nouvelle cadre tricolore juste avant une grande compétition, cette fois, l'ex-patronne de la défense, Béatrice Edwige.
Cette force du collectif prônée par Krumbholz plutôt que celle des individualités a été d'autant plus sublimée par cette stratégie offensive repensée. Résultat, sept Tricolores différentes ont fini meilleures buteuses lors du parcours dans ce Mondial. "Il y a toujours une joueuse qui entraîne tout le monde dans son sillage, décrypte pour franceinfo: sport l'ancienne gardienne des Bleues Valérie Nicolas. La défense est aussi à souligner, avec Pauletta Foppa en patronne, des deux côtés du terrain d'ailleurs. Tamara Horacek assure aussi avec elle dans un rôle central. Le staff a su trouver les bonnes associations."
Laura Glauser, le retour de la "gardienne du temple"
Elle n'était pas de la frustration de cet Euro 2022, de la petite raclée reçue contre la Norvège en demi-finale. Mais elle n'en avait pas moins le mors aux dents. Laura Glauser était de retour dans le but de l'équipe de France après des blessures et des mois difficiles à vivre psychologiquement. Les absences des unes, Cléopâtre Darleux absente du Mondial suite à des commotions cérébrales, font le bonheur des autres. Et si elle ne revenait pas dans un rôle attitré de gardienne numéro un, en binôme avec la Messine Hatadou Sako, Glauser n'a pas tardé à redevenir la patronne des cages.
La joueuse de Bucarest est montée en puissance jusqu'à son récital de la deuxième période contre la République tchèque. Ses 12 arrêts sur 18 tirs adverses avaient porté les Tricolores sur un succès tranquille 33-22, dont un 15-6 après le repos. "Si ma défense n'était pas comme ça, je ne pourrais avoir ce genre de pourcentage. Je ne suis pas là pour des pourcentages mais pour la victoire, pour aller le plus loin", relativisait la gardienne tricolore. "Elle fait un grand Mondial, appuie Olivier Krumbholz. On est content pour elle. Elle assume un rôle de leader. Elle est très costaude. Ça fait des années que je dis que ce sera la gardienne du temple en 2024 aux Jeux olympiques. "
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