Voile, golf, Erik Orsenna revient avec Nelson Monfort sur ses passions sportives
Comment avez-vous vécu le confinement ?
Erik Orsenna : "Pour un Ă©crivain, ĂȘtre confinĂ© est la moindre des choses. Il faut se replier sur soi-mĂȘme pour savoir ce que la vie nous a enseignĂ©. Les Ă©crivains sont des solitaires. On sait que beaucoup de grands romans ont Ă©tĂ© Ă©crits par des gens qui s'exilaient. Regardez les 19 ans d'exil de Victor Hugo sur l'Ăźle de Guernesey. La solitude est liĂ©e Ă l'Ă©criture. Il y a un autre Ă©lĂ©ment : je suis aussi ambassadeur de l'institut Pasteur et du rĂ©seau international. J'ai des liens avec le monde entier ! J'Ă©cris un livre sur l'unitĂ© de la vie, c'est-Ă -dire la fin des frontiĂšres entre les humains et les animaux. Toutes les semaines, j'ai reçu des leçons sur les chauves-souris, mon confinement Ă©tait plutĂŽt ouvert que fermĂ©."
"La navigation m'a appris que la valeur d'un Ă©quipage est celle du plus faible"
Est-ce l'amour que vous portez à La Fontaine qui vous a rapproché des animaux ?
EO : "Bien sĂ»r ! Mon sentiment est que nous sommes un mĂȘme Ă©quipage. La planĂšte est un vaisseau spatial. Nous pensons qu'un seul ĂȘtre devrait dominer tous les autres, alors que pas du tout, nous partageons la vie. La navigation m'a appris que la valeur d'un Ă©quipage est celle du plus faible. Regardez ce qui se passe, le plus infime ĂȘtre vivant, c'est-Ă -dire le virus qui ne comporte que 5 gĂšnes. L'humain en possĂšde entre 25 et 30 000 ! C'est le petit qui nous tient par la barbichette. Au lieu d'ĂȘtre dans la domination, nous devrions ĂȘtre dans l'association."
"Le Vendée Globe est la course qui me passionne le plus"
Le VendĂ©e Globe va s'Ă©lancer en novembre prochain des Sables d'OlonneâŠ
EO : "Tout à fait, d'ailleurs pour préparer le Vendée Globe, il y a une course qui se nomme la Vendée Arctique les Sables d'Olonne, elle va partir le 4 juillet. Aux derniÚres nouvelles, 25 bateaux y seront pour préparer le Vendée. Ce sera une course d'entrainement fabuleuse."
Quel sera votre rĂŽle dans cette course ?
EO : "Cela fait 15 ans que je suis parrain d'un bateau du Vendée Globe. C'est la course qui me passionne le plus. L'an dernier, j'étais parrain de Jean-Pierre Dick, qui a terminé 4e."
"le golf est une leçon de la vie"
La derniĂšre fois que nous nous sommes vus, vous Ă©tiez ambassadeur de la Ryder Cup de Golf.
EO : "J'Ă©tais un des ambassadeurs. Ce qui me passionne avec le golf, c'est que ce n'est pas du tout rĂ©ciproque. J'adore le golf, mais je n'arrĂȘte pas de me faire humilier. Je suis complĂštement nul bien que je joue depuis 50 ans. Quand on y pense, le golf est une leçon de la vie, il faut ĂȘtre obstinĂ© et relĂąchĂ©. C'est une leçon de marche et de concentration. C'est aussi une leçon d'amitiĂ©. On a toujours un espoir⊠Quand j'Ă©tais jeune, je pensais que j'allais avoir un swing⊠Bon je ne l'ai toujours pas, mais j'ai de plus en plus d'amis !"
Avez-vous dépassé la lettre G à l'Académie française ?
EO : "On n'arrĂȘte pas ! Nous sommes Ă la lettre U, et quand on sera Ă la lettre Z, on recommencera. Cela dit, nous ne sommes pas frĂ©nĂ©tiques, donc, quand on reviendra Ă la lettre G, je pense que je ne serai plus sur terre, j'ai beau ĂȘtre immortel, je ne suis pas Ă©ternel."
Avez-vous des projets littéraires ?
EO : "Je souhaiterais que l'aprÚs ne soit pas l'avant en pire. Si nous avons subi cette pandémie, c'est parce que nous avons maltraité les copropriétaires, c'est-à -dire les animaux qui sont avec nous. Mais ce qui me dérange, c'est que nous pouvons vaincre le covid, mais pas le dérÚglement climatique. Si nous laissons ce dernier se développer, je peux vous dire que cela causera beaucoup plus de morts que le covid. Il ne faut pas oublier les maladies causées par les moustiques, chaque année 750 000 personnes meurent à cause d'eux. Mais on s'en fiche parce que ça ne touche que les pays du Sud."
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