Football : comment Thiago Motta a fait de Bologne la curiosité de la Serie A

L'ancien milieu de terrain du PSG est désormais entraîneur de Bologne, surprenant quatrième du championnat italien.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Thiago Motta lors d'un match entre Bologne et l'AC Milan, le 15 avril 2023. (ETTORE GRIFFONI / LIVEMEDIA)

A l'instar d'Aston Villa en Angleterre ou de Gérone en Espagne, l'Italie compte aussi son tube de l'automne. Ancré à la quatrième place de Serie A après 17 journées, Bologne devance par exemple Naples, champion en titre, ou l'AS Roma, finaliste de la dernière Ligue Europa. Une surprise à première vue, pour ce club abonné à l'anonymat du ventre mou du championnat italien mais désormais troisième défense d'Italie (12 buts concédés), derrière l'Inter (qu'il vient de renverser en Coupe d'Italie, 2-1 après prolongation) et la Juventus. Le club d'Emilie-Romagne, absent des Coupes d'Europe depuis 22 ans, peut continuer d'être ambitieux après son succès contre l'Atalanta (1-0), un autre prétendant, samedi 23 décembre.

"Les tifosi ont le droit de rêver, nous pensons seulement à nous entraîner", a malicieusement évacué l'entraîneur Thiago Motta au sortir d'une victoire convaincante contre la Roma (2-0) dimanche dernier. Diplomate dans ses propos, l'ex-international italien (30 sélections) laisse minutieusement mijoter son équipe bolognaise. "C'est un très grand entraîneur, il est perfectionniste, a loué le Suisse Dan Ndoye dans La Gazzetta dello Sport. Avec lui, nous avons une identité forte et nous pouvons faire peur à tout le monde."

Son style de jeu enthousiasmant, basé sur le contrôle du ballon et marqué, notamment, par des relances courtes, impressionne en Italie. "Il gère son équipe sans en être le protagoniste, il ne s'épuise pas à hurler au bord du terrain", décrit Francesco Graziani, champion du monde en 1982, dans le Corriere di Bologna. Ce flegme s'observait déjà sur le terrain, lorsque Motta contrôlait l'entrejeu de l'Inter (2009-12) ou du PSG (2012-18). "C'était déjà un entraîneur sur le terrain !", confirme l'ex-défenseur Marco Materazzi dans La Gazzetta dello Sport.

L'héritage de Mihajlovic

Contrairement à Xabi Alonso (Bayer Leverkusen), autre ex-milieu défensif aux débuts idylliques sur le banc, Thiago Motta connaît une trajectoire moins rectiligne. Dans un contexte très délicat, il n'a tenu que 10 matchs au Genoa en 2019, avant de réellement lancer sa carrière d'entraîneur à Spezia en 2021. Avec de très faibles moyens, l'Italo-brésilien a maintenu le club ligure en Serie A, avant d'être nommé à Bologne en septembre 2022 en remplacement de l'iconique Sinisa Mihajlovic – décédé d'un cancer trois mois plus tard.

En s'appuyant sur le travail de son prédécesseur, qui a pérénisé Bologne dans le milieu du tableau, Thiago Motta lui a fait passer un palier. Il s'appuie sur un groupe agrémenté de quelques roublards de la Serie A, mais aussi de jeunes à fort potentiel comme Lewis Ferguson - unique buteur contre l'Atalanta - et surtout Joshua Zirkzee. Après une première saison d'adaptation, ce jeune Néerlandais (22 ans) compte déjà sept buts en Serie A, dont il est actuellement le quatrième meilleur buteur. "Avec lui, j'ai l'impression de revoir Dennis Bergkamp !", s'est extasié Francesco Graziani dans la presse italienne.

Zirkzee est l'une des nombreuses recrues du directeur technique Giovanni Sartori. Cet artisan des miracles du Chievo Vérone (passé de la troisième division à la Coupe d'Europe) puis de l'Atalanta (devenu un habitué des compétitions européennes) a été nommé en 2022 et forme un duo efficace avec Motta. Pour leur première saison commune, ils ont mené Bologne à la neuvième place, son meilleur classement au XXIe siècle. 

La Ligue des champions à Bologne... ou ailleurs ?

"Après une très bonne saison, nous ne pensions pas monter aussi vite [dans le classement], mais nous cultivions l'idée de déranger les grands", affirme le directeur sportif Marco di Vaio aux "Cronache di Spogliatoio". Le plan se déroule jusque-là sans écueil. Les Rossoblu ont été les seuls à ne pas perdre sur le terrain de l'Inter (2-2) et ont tenu en échec la Juventus (1-1) ainsi que le Napoli (0-0). Seulement deux défaites à leur compteur, contre l'AC Milan (1-0) et la Fiorentina (2-1).

C'est encore mieux à domicile, où Bologne affiche le meilleur bilan de la Botte. De quoi déclencher un engouement. Le stade Renato-Dall'Ara, surplombé par une tour unique, accueille plus de 25 000 spectateurs par match, sa meilleure moyenne depuis plus de 20 ans. Mieux vaut se dépêcher d'observer l'attraction, car il n'est pas dit que Thiago Motta ne s'éternise en Emilie-Romagne. Sa cote ne cesse de grimper au point qu'il est régulièrement annoncé par la presse italienne dans les plus grands clubs européens, du PSG à l'Inter, en passant par Naples.

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