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30 ans après, Liverpool de retour au sommet de la Premier League

La défaite de Manchester City à Chelsea (2-1) ce soir rend officielle une nouvelle attendue par l’ensemble du peuple Red depuis de longues semaines : Liverpool remporte le trophée de champion d’Angleterre trente ans après le dernier acquis en 1990. Un sacre très particulier en raison du contexte lié à l’épidémie de Covid-19, mais qui n’enlève rien à la nette supériorité des Reds cette saison en Premier League. Une domination sans partage qui aura finalement manqué à Liverpool ces trois dernières décennies pour espérer remporter le titre de champion d’Angleterre.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (CRAIG GALLOWAY / PRO SPORTS IMAGES LTD)

Une délivrance. Trente ans que les supporters de tout un club attendaient ça. Trente ans que toute une ville se languissait et se remémorait le dernier titre de champion d’Angleterre acquis par Liverpool en 1990. La libération, bien qu’attendue depuis plusieurs semaines, est venue ce jeudi soir, à l’issue de la défaite de Manchester City sur la pelouse de Chelsea à l’occasion de la 31e journée de Premier League, au lendemain d’une victoire écrasante des Reds contre Crystal Palace (4-0).

Un large succès à l’image d’une saison époustouflante, encore inachevée, qui permet à Liverpool de remporter ce titre qui lui échappait depuis si longtemps. Il y a encore quelques semaines, les supporters ennemis des Reds se délectaient de la possibilité d’une annulation de la saison 2019-2020 en raison de l’épidémie de Covid-19. Certains fans liverpuldiens, par crainte mais également avec un sens de l’autodérision propre aux Anglais, n’écartaient pas cette hypothèse synonyme de la poisse qui colle à Liverpool depuis tant d’années en Premier League.

Le 19 mars dernier, lorsque la Premier League annonçait la suspension des compétitions, les Reds semblaient si proches du but, à deux victoires à peine d’un 19e titre de champion d’Angleterre. Tout semblait réuni pour fêter le titre à Anfield contre Crystal Palace, rencontre initialement prévue le 21 mars. Un titre qui aurait ainsi pu être acquis moins de 30 ans avant celui de 1990, dont le trophée avait été soulevé le 28 avril. Mais l’histoire sera passée par là, une crise sanitaire mondiale bousculant le sport de haut niveau, faisant dépasser aux Reds cette barre fatidique des 30 ans et poussant les supporters de Liverpool à fêter le sacre chez eux, devant leur téléviseur, à défaut de pouvoir se réunir à Anfield.

Trente années de disette

Mais qu’importe : le titre acquis cette saison ne souffre d’aucune contestation. Une domination des Reds sur le football anglais qui a manqué à Liverpool lors des trois dernières décennies pour espérer remporter à nouveau le championnat d’Angleterre. En 1990, le règne des Reds arrivait à sa fin, avec un dixième titre en à peine quinze ans. "Tout le monde était habitué à gagner et on a peut-être pris tout ça pour acquis", expliquait Gary Gillespie, ancien défenseur de Liverpool (1983-1991) à CNN en avril dernier. "Et dès que tu prends quelque chose pour acquis dans la vie, parfois ça revient et ça te frappe au visage. C’est exactement ce qu’il s’est passé parce que cela fait 30 ans que Liverpool n’est pas capable de remporter le titre."

Depuis 1990, les Reds ont été proches de goûter à nouveau à la gloire, mais ont toujours trouvé sur leur route meilleurs qu’eux, terminant à la place de dauphin à plusieurs reprises. En 1991, Liverpool s’écroule après le départ de son entraîneur mythique Kenny Dalglish. En 2002, le club alors dirigé par Gérard Houllier ne peut rien face aux Gunners d’Arsène Wenger. En 2009, Rafael Benitez ne parvient pas à détrôner le tenant du titre Manchester United, qui remporte son 18e titre de champion d’Angleterre et égale à l’époque le record de Liverpool. En 2014, les Reds ultra-offensifs de Brendan Rodgers explosent en plein vol en toute fin de saison avec la glissade de Steven Gerrard contre Chelsea, symbole de la poisse des Reds des 30 dernières années. La saison dernière, malgré ses 97 points, record pour un vice-champion, la formation de Jürgen Klopp doit s’agenouiller devant le Manchester City de Pep Guardiola, après avoir compté sept points d’avance fin décembre.

"L'oiseau est de retour sur son perchoir"

Toujours présents et reconnus sur la scène européenne, avec des victoires en Ligue des champions (2005, 2019) et en Coupe de l’UEFA (2001) et quelques finales perdues (2007, 2016, 2018), les Reds n’ont jamais su rebondir au niveau national, face à la renaissance du rival Manchester United, à la confirmation d'Arsenal, et à l'émergence de Chelsea et Manchester City. En 2002, lors d’une interview accordée au Guardian, Sir Alex Ferguson déclarait qu’à son arrivée à Manchester en 1986, son objectif était de "faire tomber Liverpool de son perchoir", en référence à l’oiseau présent sur logo des Reds.

Une citation gravée dans toutes les mémoires des supporters de Liverpool, qui ont ressorti à plusieurs reprises ces dernières années les banderoles indiquant que "l’oiseau est de retour sur son perchoir". Mais à chaque fin de saison, les fans de Liverpool étaient raillés pour leur optimisme prématuré. Cette saison, les liverpuldiens n’ont pas pris énormément de risque avec leurs banderoles tant l’issue du championnat laissait peu de place au doute. Liverpool a écrasé la concurrence cette année pour affirmer sa domination sur le football anglais.

Un titre aux allures de fin de l'histoire

Les Reds de Klopp ont ainsi pris 79 points sur les 81 qu’il était possible de prendre sur le début de saison (26 victoires et un nul en 27 matches). Jamais une équipe de Premier League n’avait autant dominé le championnat, Liverpool comptant jusqu’à 23 points d’avance sur ses poursuivants. Il fallait bien cela pour rompre la malédiction des Reds en championnat. La défaite à Watford (0-3) le 29 février dernier ne change pas grand-chose à cette saison : les Reds auront régné de main de maître sur l’Angleterre du football pour s’adjuger son premier titre depuis 30 ans.

Jürgen Klopp, après avoir remporté la Ligue des champions la saison dernière, s’affirme désormais comme l’un des entraîneurs les plus adulés du peuple Red, certains voyant en lui la réincarnation de Bill Shankly, manager mythique de l’histoire de Liverpool. En novembre dernier, lors d’une cérémonie de remise de prix, son rival Pep Guardiola s’adressait à lui : "Je voudrais bien gagner la Ligue des champions. Je suis sûr que Jürgen aimerait beaucoup gagner la Premier League. Peut-être que nous pourrions les échanger". Un troc qui a probablement dû plaire à l’entraîneur allemand.

À bien des égards, ce titre a des allures de fin de l’histoire pour Liverpool, après trente années de disette. Mais pour les supporters et le club, pas question de s’arrêter en si bon chemin, alors que le club vient de remporter le 19e titre de champion d’Angleterre de son histoire, à une unité du record de Manchester United. L’objectif affiché est désormais d’égaler les Red Devils, afin cette fois de faire tomber le diable mancunien de son perchoir, pour y installer durablement l’oiseau mythique de la ville de Liverpool.

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