Ligue 1 : Aubameyang à l'OM, une recrue star toujours en manque d'efficacité

Débarqué cet été sur le Vieux-Port, Pierre-Emerick Aubameyang tarde à trouver son rythme de croisière dans la cité phocéenne. Après dix journées de Ligue 1, le Gabonais, qui a fait les beaux jours du Borussia Dortmund, d'Arsenal ou encore du FC Barcelone, n'a inscrit qu'un seul but en championnat, face au Havre le 8 octobre, au Vélodrome. "Ce but, c’était fort, mais je ne me contente pas des choses actuelles. Je sais que je pourrais être à beaucoup plus de buts. J’ai toujours envie de faire mieux, je sais que je suis capable de faire beaucoup mieux", a reconnu depuis le joueur, au micro de Prime Video.

Du haut de ses 34 ans, celui qui a été meilleur buteur de Bundesliga (2017) et de Premier League (2019) ne répond pour le moment pas aux attentes à l'OM, où il a la lourde tâche de succéder à Alexis Sanchez et ses 18 buts toutes compétitions confondues la saison dernière. Une seule fois buteur en championnat, Pierre-Emerick Aubameyang se procure pourtant des occasions. Il affiche ainsi 4,5 xG (pour expected goals, ou buts attendus en français) en Ligue 1, soit le meilleur total derrière Kylian Mbappé (6,9 xG, pour 8 buts). Cet outil statistique, qui permet de mesurer la probabilité qu'un tir soit converti en but, met ainsi en lumière les difficultés du Gabonais.

Une place à trouver

"Peu importe ce qu’il se passe, il faut rester positif, que ce soit dans le football ou en dehors", a rassuré le principal intéressé au micro de Prime Video. S'il apparaît toujours aussi souriant, Pierre-Emerick Aubameyang se sait toutefois attendu. "Il a cette capacité à rester confiant, mais attention à sa sensibilité. Il est plus réservé que ce que l'on pense, ce n'est pas un casseur d'assiettes, il peut douter", témoigne Alain Giresse, qui l'a lancé en équipe nationale du Gabon en 2009 et qui a aussi connu la pression de jouer à l'OM, "Un attaquant, ces mauvaises passes, il les gère tout seul. 'Aubam' est suffisamment armé pour en sortir."

"Mentalement, à Marseille, il faut être fort. Je vous le confirme ! Le public peut restreindre les possibilités, étouffer un joueur. Mais à l’inverse, il peut te faciliter la tâche, te transporter si tu leur montres que tu donnes tout."

Alain Giresse, joueur de l'OM de 1986 à 1988

à franceinfo: sport

Heureusement pour Pierre-Emerick Aubameyang, il a un peu plus brillé en Coupe d'Europe, avec quatre buts en cinq matchs. "Ce sont quand même des performances qui démontrent qu’il s’est vite intégré", rassure Rolland Courbis. L'ancien défenseur et entraîneur de l'OM tempère : "Après une dizaine de matchs, on attendait mieux, oui, mais le premier bilan, faisons-le à la trêve hivernale. Vous verrez que d'ici là, il aura gonflé ses stats, car il aura pris ses marques avec son nouveau coach. Il en a connu trois en trois mois à l'OM [Marcelino, l'intérimaire Jacques Abardonado, puis Gennaro Gattuso] !"

L'instabilité sur le banc de l'Olympique de Marseille n'a en effet pas facilité l'acclimatation d'Aubameyang. Alors que l'Espagnol Marcelino privilégiait un système à deux attaquants, son successeur italien Gennaro Gattuso opte lui pour un 4-2-3-1. Un système qui correspond mieux aux qualités du joueur, selon Alain Giresse : "Je ne le vois pas jouer à deux attaquants. Il faut que ce soit une pointe et qu’autour, les joueurs utilisent ses déplacements et le servent dans ses déplacements. Ce n'est pas un joueur d'appui. 'Aubam', il n'est pas là pour faire marquer, mais pour marquer.”

Retrouver le rythme après une saison presque blanche

En ce sens, le Gabonais affiche donc un profil radicalement différent de celui de son prédécesseur marseillais, Alexis Sanchez. Mais selon Alain Giresse, les errements tactiques de l'OM en ce début de saison n'expliquent pas tout. Pour comprendre la méforme de Pierre-Emerick Aubameyang, il faut aussi remonter un peu le temps. Arrivé à Chelsea à l'été 2022, l'attaquant y a très peu joué (cinq titularisations en championnat) après le départ précoce de Thomas Tuchel, l'entraîneur à l'origine de sa venue.

"C’est un joueur toujours dans la demande de ballon, dans la profondeur, il donne des solutions par ses courses. Ce qui demande une condition physique optimale et un rythme qu'il doit retrouver après cette saison blanche à Chelsea."

Alain Giresse

à franceinfo: sport

Malgré son faible rendement, le Gabonais conserve la confiance de Gennaro Gattuso, qui le titularise systématiquement en Ligue 1 depuis son arrivée. Son concurrent, Vitinha, n'est pas beaucoup plus en réussite, avec deux réalisations en championnat et une en Coupe d'Europe. Sur ce point-là, Jean-Pierre Papin, conseiller du président Pablo Longoria, assure que les deux attaquants sont "extrêmement complices" et que la concurrence "les aide à se surpasser et à franchir des caps". Pour le Ballon d'Or 1991, le meilleur moyen de retrouver la confiance reste l'entraînement, où "il faut marquer des buts, ce qui aide à marquer à nouveau rapidement en compétition".