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Départ de Jacques-Henri Eyraud de la présidence de l'OM : "On était rentré dans une zone de tension et de danger trop importante", estime un ancien dirigeant du club

Christophe Bouchet, à la tête du club de football marseillais entre 2002 et 2004, estime que le départ du président était "inéluctable".

Article rédigé par franceinfo
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Jacques-Henri Eyraud, président de l'OM limogé, ici le 5 avril 2019. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Jacques-Henri Eyraud "voulait rationaliser" le club et "a trop mis ce chapitre là en avant par rapport au sportif", a estimé samedi 27 février sur franceinfo Christophe Bouchet, qui a présidé l'Olympique de Marseille entre 2002 et 2004. Il réagit au limogeage du président de l'OM dont les supporters réclamaient le départ. "Les supporters font partie du club, c'est une composante avec laquelle il faut s'entendre", souligne Christophe Bouchet. "On était rentré dans une zone de tension et même de danger qui était trop importante", selon lui.

franceinfo : Pensez-vous que ce qui se passe à l'OM était inévitable ?

Christophe Bouchet : Oui, c'était inéluctable. C'est la conjugaison des mauvais résultats sportifs, du confinement, de l'attitude des supporteurs envers Jacques-Henri Eyraud et réciproquement. Ca rendait l'issue inévitable. On était rentré dans une zone de tension et même de danger qui était trop importante. Je crois que la vision de Jacques-Henri Eyraud n'était pas forcément mauvaise. Quand on est dirigeant de club on veut toujours rationaliser l'irrationnel. Parce qu'on est agacé par l'aléa sportif, par les débordements des supporters, je pense qu'il voulait rationaliser un peu. Mais je pense qu'il l'a trop dit, il a trop mis ce chapitre-là en avant par rapport au sportif. Les résultats n'étaient pas suffisamment bons pour entreprendre quelque part une industrialisation de l'OM. Je crois qu'on n'arrivera jamais à faire d'un club de foot une entreprise normale, je crois que c'est ce que voulait Jacques-Henri Eyraud, ça je pense que ça ne fonctionne pas.

Lorsque vous présidiez l'OM, vous aviez mesuré ces difficultés, notamment le fait de ne pas se mettre en opposition avec les supporters ?

Ce n'est pas une question d'opposition, vous savez les supporters ils font partie de l'environnement du club et font partie du club dans toutes les villes. C'est une composante avec laquelle il faut s'entendre, avec laquelle il faut s'entendre et jouer. On ne fera pas des clubs sans supporters, donc il faut bien l'intégrer. Les dirigeants sont souvent un peu embêtés. C'est comme une casserole, il faut que vous arriviez à la porter à quasi-ébullition mais que la casserole ne déborde pas et ça, c'est tout un art. Les supporters sont une composante de l'ensemble quasiment du spectacle. C'est difficile de se passer de cette composante, de les manier ou de leur dire certaines choses qui sont douloureuses pour eux.

Le fait que le propriétaire de l'OM Franck McCourt vienne en personne rencontrer tout le monde, ça vous semble important ?

Oui, mais c'est un peu tard, il aurait dû le faire très tôt, dès qu'il a repris le club. Vous savez, un club, ça fonctionne avec tous les équilibres territoriaux, l'équilibre économique, l'équilibre politique, l'équilibre associatif. Et vous ne pouvez pas réussir sans tous ces équilibres-là. Il faut être présent. Moi je crois peu à un club avec des actionnaires hors sol en France, surtout à Marseille. Il faut aller rencontrer chacun, chacune, les supporters, les politiques et les médias. Les supporters ont besoin d'entendre que vous aimez Marseille, que vous aimez l'OM, c'est vrai aussi à Lens et à Saint-Etienne ou à Nantes etc... Les supporters ont besoin d'entendre que le propriétaire, qui est toujours un mot un peu particulier pour un club de football, aime la ville, aime le territoire, donc aime les supporters de ce territoire.

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