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Real Madrid-PSG : Paris face au syndrome du match retour en Ligue des champions

Une nouvelle fois, les Parisiens abordent leur huitième de finale retour de la Ligue des champions mercredi en favori. L'exercice a rarement réussi au club français par le passé.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les Parisiens effondrés après leur défaite contre Manchester United en huitième de finale retour de Ligue des champions, le 6 mars 2019. (FRANCK FIFE / AFP)

Le PSG va retrouver le parfum des grandes soirées éliminatoires d’Europe. Trois semaines après leur précieuse et courte victoire acquise dans le temps additionnel, les Parisiens défient, mercredi 9 mars, le Real Madrid au Santiago Bernabeu, en huitième de finale retour de la Ligue des champions, avec l’objectif de finir le travail et de se qualifier pour les quarts. Pour les Parisiens, une telle rencontre constitue aussi un défi psychologique, eux qui ont souvent abordé avec fébrilité ce type de match.

Du point de vue comptable, les chiffres ne trompent pas. Sous l’ère qatarienne, le Paris Saint-Germain a disputé 15 matchs retour en Ligue des champions. Il n’en a remporté que trois (toujours en huitième de finale : contre le Bayer Leverkusen en 2014, à Chelsea en 2016, et contre le Borussia Dortmund en 2020), pour quatre matchs nuls, et surtout huit défaites. Sans surprise, ce maigre bilan (20% de victoires) ne s'est pas toujours avéré suffisant pour permettre au PSG de se hisser au tour suivant.

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Pour Paris, un succès au match aller n'est pas non plus synonyme de qualification. Lorsque le club de la capitale est en ballotage favorable (victoire à l'aller), il affiche 62 % de chances de passer au tour suivant (cinq qualifications sur huit). Lorsque qu'il n'a pas pris les devants en première manche, c'est presque mission impossible, puisque le PSG n'a réussi à se qualifier qu'une fois après une défaite à l'aller (sur quatre tentatives). C'était face à Dortmund, en 2020 (défaite 2-1 à l'aller, victoire 2-0 au retour).

Des défaites inquiétantes aux renversements de situation

Dans sa récente histoire, Paris a trébuché au match retour de doubles confrontations très différentes. Certaines contre-performances ont pris la forme de défaites ou de nuls inquiétants quelques semaines seulement après une victoire solide, d’une part, comme contre le Barça (1-1) et le Bayern (0-1) à la maison la saison dernière. "Personnellement, c'est la fois où ils m'ont fait le plus peur", se rappelle l'ancien joueur et consultant pour France Télévisions Eric Roy. "On se souvient de Messi qui rate son penalty, cela aurait pu donner un match et un résultat très différent s’il avait marqué."

Les Barcelonais exultent après leur qualification historique en quarts de finale de la Ligue des champions, le 8 mars 2017. (EMILIO MORENATTI/AP/SIPA / AP)

Car le PSG a surtout subi de douloureux renversements de situation, et vu ses rêves européens lui échapper après des matchs retour désastreux, restés dans l’histoire. En 2014, contre Chelsea, les coéquipiers d'Edinson Cavani avaient perdu le bénéfice de leur victoire 3-1 à l'aller en tombant 2-0 à Stamford Bridge.

Comment ne pas mentionner ensuite la remontada barcelonaise en 2017 : leur improbable victoire, 6-1, avait permis aux Catalans d’arracher une qualification inespérée en quarts de finale de Ligue des champions. Paris, pourtant vainqueur éclatant sur le score de 4-0 à l’aller, n'avait plus que ses yeux pour pleurer.

Deux ans plus tard, rebelote. Après un succès qui impressionne contre Manchester United à Old Trafford (2-0), les Parisiens coulent à la maison contre uné équipe mancunienne plus que remaniée et sont éliminés sur un penalty concédé par Presnel Kimpembe à la dernière minute (1-3). 

"Ces désillusions arrivent souvent quand on a l’impression que tout a été fait au match aller", analyse Eric Roy. "Et puis au retour, il y a de la malchance, des maladresses, qui donnent des scénarios extraordinaires. Le match de Manchester, tu le refais 100 fois, Manchester perd 100 fois. C’est un petit miracle qu’ils aient réussi à le gagner. La remontada, c’est un miracle aussi, personne n’aurait pu l’imaginer."

Fractures mentales

Le mental des Parisiens a souvent été pointé du doigt à l’heure d’expliquer ces effondrements. La veille de la remontada, Blaise Matuidi et Julian Draxler, réunis pour une interview, plaisantaient sur la possibilité de chuter 5-1 au Camp Nou, d'être qualifiés à la règle du but à l'extérieur et assuraient qu'ils seraient "contents". Un état d'esprit qui avait interrogé certains supporters. Ainsi, quand l’enjeu commence à se faire sentir, Paris se contente du minimum, doute et vacille, incarné par un Thiago Silva, capitaine historique trop souvent apparu désemparé et désolé en interview d’après-match.

D’ailleurs, quand la phase finale de la Ligue des champions est bouleversée par la crise sanitaire en 2020 et se transforme en "Final 8" avec des rencontres à élimination directe, le PSG performe. Cet été-là, les Parisiens se défont successivement de l'Atalanta Bergame puis de Leipzig, brisent le plafond de verre du dernier carré et se hissent même jusqu'en finale, la première de leur histoire (sans oublier la victoire contre le Borussia Dortmund en huitième de finale aller-retour juste avant le confinement). Paris se révèle dans un format inédit qui ne lui laisse pas le temps de gamberger.

"Je ne crois pas qu’il y ait une inhibition, un complexe", tempère cependant Eric Roy. "C'est plutôt une question de concentration, et de malchance, surtout, avec des scénarios improbables." Des scénarios qui semblent se répéter, mais qui ne pourront pas continuer éternellement, assure-t-il. Paris n'est pas condamné à subir son image d'éternel perdant.

Dès mercredi, contre le Real Madrid, le PSG a plus que jamais l'occasion d'assurer un bon match retour, de se libérer et de frapper un grand coup. "Ils ne seront pas dans un confort par rapport au résultat du match aller. Et quand ils se sentent en danger, c’est là qu’ils sont les meilleurs", prédit Eric Roy. Les Parisiens auront sans doute à coeur de lui donner raison.

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