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"Normalement pour une finale comme celle-là, on triple nos recettes" : entre profit et règles sanitaires, la difficile équation des bars sportifs

Alors que les grandes soirées de football sont traditionnellement synonymes de rentrées d'argent conséquentes pour les bars sportifs, la finale de la Ligue des champions de ce dimanche pourrait déroger à la règle. Freins considérables aux recettes, les règles sanitaires sont d'autant plus difficiles à mettre en place les soirs de grande affluence.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

"Normalement, pour une finale comme celle-là, on triple nos recettes". Fabien Lapeyre le sait. Son bar sportif The Long Hop va sans doute manquer l’occasion de renflouer des caisses bien vides depuis le confinement.  Pour lui et tous ses collègues parisiens, cette soirée aurait pu être de celles qui leur rapportent à elles seules l’équivalent d’une semaine d’activité. Comme cet après-midi d’été 2018 où les Bleus avaient soulevé la Coupe du Monde et où des milliers de Français s’étaient agglutinés dans des bars pour soutenir leur équipe en groupe. Mais la finale de la Ligue des champions 2020 ne charriera pas les foules de la même manière. Ou plutôt : elle ne le devrait pas sur le papier, en raison du contexte sanitaire et des règles de distanciation sociale à faire respecter. Les gérants de bar sportifs vont-ils jouer le jeu, eux qui, comme tous les restaurateurs, ont vécu des mois entiers sans revenus pendant la crise du Covid-19 ? 

De bar sportif à bar-lounge 

Franck Delvau, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie d'Ile-de-France (UMIH), l’assure : "Nous, notre position est de faire respecter les règles sanitaires coûte que coûte. Car le pire pour les bars seraient un nouveau reconfinement, et un arrêt complet du business"

Masque obligatoire pour les déplacements, un mètre de distance entre les tables, interdiction de rester debout  : pour les bars sportifs, ces mesures impliquent en partie de faire une croix sur leur propre identité. "A l’Euro 2016, j’avais installé des fûts de bière et des écrans à l’extérieur, il y avait foule, et une ambiance de dingue" se souvient Fabien Lapeyre. Ce dimanche, seuls les clients ayant réservé leur table seront présents. Suffisant pour prévenir les scènes de liesse habituelles lors des buts parisiens ? "Pour les quarts et les demies, tout le monde avait respecté les règles, indique Fabien Lapeyre. Alors évidemment les gens se lèvent sur les buts, on ne peut pas non plus les en empêcher. Mais ils restent à leur table et ne se mélangent pas". 

L'appel du chiffre

Résultat, l’ambiance est au mieux bon enfant, bien loin des vibrantes soirées de l’été 2018 lors du parcours des Bleus à la Coupe du Monde, par exemple. "Disons qu’on ressemble plus à un bar-lounge, et à une ambiance lounge, qu’à un vrai bar sportif, reconnaît-il. Mais là où on y perd vraiment, c’est sur les revenus évidemment". Normalement d’une capacité maximale de 250 personnes, The Long Hop ne peut désormais en accueillir que 100 à la fois ; ce qui fait à peu près "50 %" de manque à gagner à prévoir, par exemple, sur la soirée de dimanche. 

La manne d’une soirée de Ligue des champions pourrait d’ailleurs inciter certains gérants à se montrer laxistes sur les mesures afin d'accueillir le plus de clients possible. Jusqu’ici, la préfecture de police a décompté 150 amendes infligées à des établissements tels que les bars ou restaurants pour non-respect des règles sanitaires. "Un chiffre qui montre bien que les gérants récalcitrants sont très minoritaires, puisqu’on est 12 000 en tout à Paris. La plupart des gérants font bien respecter les règles, même les soirs de match", assure Franck Delvau, président de l'UMIH.

Pourtant, de accueillera 5000 personnes en son sein. La préfecture de police a renoncé à créer des fans zones, solution que Roxana Maracineanu avait suggéré pour mieux contrôler les flux de personnes. Résultat, les bars sont d’autant plus dans le collimateur des autorités.  Le son de cloche est le même à la préfecture de la Haute-Garonne ou à la mairie de Toulouse, tout comme à Tours. Ces patrouilles régulières devant les établissements ont un but : inciter les gérants de bar à ne pas laisser trop de clients s’agglutiner devant les écrans.

Pour éviter de se retrouver débordé par l’afflux de personnes avant et pendant le match, Fabien fait appel depuis les quarts de finale à deux employés supplémentaires pour s’occuper de l’accueil et de la sécurité à l’entrée du bar.  "En quarts et en demies, ça a bien fonctionné, on n’a pas eu de problème, dit-il. Il y a une liste avec tous les gens qui ont réservé. Ceux qui voient les écrans et qui demandent à venir, on les empêcher d'entrer. On leur explique qu’on fonctionne à la réservation. Les gens comprennent et s’en vont". 

Alors qu’il s’agit traditionnellement pour les bars de multiplier les annonces et publicités autour du match, la communication a cette fois eu pour but d’inciter les gens à ne pas venir. "On a beaucoup communiqué ces derniers jours pour dire qu’on est complets."

Les réservations ont commencé dès le jour de la demi-finale du PSG : "Pendant la mi-temps, on a reçu les premiers appels d'habitués qui ont vu que le PSG allait se qualifier. Ils voulaient avoir la même table. Devant l'écran".

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