Ligue des champions : miné par des tirs au but qu'il répudiait, l'OM a déjà raté une partie de sa saison
Marcelino se savait lui-même menacé par ses propres dires. "Je ne pense pas aux tirs au but, uniquement à me qualifier en 90 minutes", clamait l'entraîneur marseillais avant l'élimination de l'OM au troisième tour préliminaire retour de la Ligue des champions, mardi 15 août face au Panathinaïkos. Sans que l'on ne sache pleinement s'il bluffait, l'issue de la double confrontation (0-1 à l'aller, 2-1, 3-5 aux tirsau but au Vélodrome) retourne forcément ces déclarations contre son auteur. Et ce d'autant plus dans un football français au passif récent morose dans l'exercice, encore trop souvent réduit à une "loterie".
À sa décharge, Marcelino avait tout de même préparé son coup, en faisant entrer son deuxième gardien Ruben Blanco pour la séance fatidique. Un coup de poker improbable et que Marcelino "assume", quand bien même Blanco est le gardien qui a subi le plus de pénalties sur les dix dernières saisons de Liga sans en arrêter un seul (22).
Malgré ce bilan famélique, le portier espagnol "a arrêté un penalty qui a terminé au fond", a ri jaune son entraîneur, en référence au tir de Laszlo Kleinheisler, trop puissant pour la main de l'Espagnol. Sans que sa reponsabilité ne soit engagée, Blanco s'est ensuite montré impuissant sur les autres tentatives grecques – habilement exécutées.
Une seule qualification française aux tirs au but... en 1985
À l’inverse, la frappe à mi-hauteur du premier tireur Matteo Guendouzi a buté sur le portier Alberto Brignoli, compromettant d'entrée les chances phocéennes. Pourtant justement tirées, les tentatives de Jordan Veretout, Ismaïla Sarr et Vitinha n'ont pas suffi. L'OM aurait pu se mettre à l'abri plus tôt et n'a pas été verni par quelques décisions arbitrales. Mais dans une double confrontation couperet à l'enjeu si important, il peut difficilement se permettre de galvauder un exercice aussi crucial.
Le problème, pas propre aux Phocéens, en devient endémique : l'an passé, Monaco et Rennes avaient tout deux vu leur parcours s'arrêter dans ces conditions en Ligue Europa, et en cinq cas de figure, une seule équipe française s'est qualifiée aux tirs au but en Ligue des champions. C'était Bordeaux en 1985. Cette concomitance, étendue aux éliminations conjointes des sélections masculines et féminines lors des dernières Coupes du monde, accentue cette tendance fâcheuse.
Miné par ses propres suffisances, l'OM s'est tiré une balle dans le pied pour le reste de la saison. La Ligue Europa, dans laquelle il est reversé, s'impose comme un objectif par défaut. Ce n'était assurément pas le projet proposé aux recrues d'envergure Pierre-Emerick Aubameyang (Chelsea) ou autre Geoffrey Kondogbia (Atlético), tous deux habitués des mardis et mercredis européens.
Privé de ce dernier, suspendu pour un carton rouge à l'aller, Marseille a vu à quel point sa profondeur de banc lui faisait défaut. Avant l'entrée de Blanco, il n'a utilisé que trois de ses six remplaçants possibles, et un relais à l'arrière gauche Renan Lodi, très en vue mais à bout de forces en prolongation, aurait par exemple pu s'imposer. Il reste encore quinze jours de mercato, mais cette participation à la C3 ressemble, en l'état, à un cadeau empoisonné : l'OM jouera tous les trois jours et doit étendre son effectif... mais doit composer sans la manne financière et l'attractivité conférées par une qualification en poules de C1.
Un manque à gagner financier important
Entre les dotations de l'UEFA, les droits télévisés et les recettes de billetterie, le manque à gagner se chiffre en dizaines de millions d'euros. Au lieu de cela, la prime de qualification en Ligue Europa s'élève à 3,6 millions d'euros. En attendant de connaître l'exacte composition de son effectif, l'OM va devoir se remobiliser compte tenu de la cruauté du scénario et de ses conséquences sportives immédiates, dès vendredi à Metz pour ne pas lâcher trop de points. Finir dans les trois premiers est, en effet, impératif pour s'éviter l'éternel recommencement de nouveaux barrages l'été prochain.
Puisque les carences sont globales, l'échec marseillais n'arrange pas les affaires de la Ligue 1 au coefficient UEFA. À ce rythme, la quatrième place qualificative pour les tours préliminaires du nouveau format de Ligue des champions pourrait vite revenir aux Pays-Bas. Dans le même temps, le PSV a en effet assuré sa qualification, dans une soirée maudite jusqu'au bout.
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