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Ligue des champions : filtrage forcé, barrières escaladées, faux billets... Ce que l'on sait des incidents qui ont retardé la finale

L'ultime rencontre de la Coupe aux grandes oreilles, qui a consacré le Real Madrid face à Liverpool (1-0), a démarré avec 36 minutes de retard, samedi, au Stade de France.

Article rédigé par franceinfo: sport - Maël Russeau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Les fans de Liverpool devant le stade avant la finale de Ligue des champions entre les Reds et le Real Madrid, le 28 mai 2022. (THOMAS COEX / AFP)

Une polémique dont les autorités françaises se seraient bien passées. À un an de la Coupe du monde de rugby et à deux ans des Jeux olympiques organisés sur le sol français, la finale de la Ligue des champions au Stade de France a été retardée de plus d'une demi-heure à cause de perturbations aux abords de l'enceinte, samedi 28 mai. Une rencontre organisée en France après le retrait de l'événement à Saint-Pétersbourg du fait de l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Ce grand rendez-vous organisé par la France a été mis en difficulté par ces incidents, qui se sont tenus dans un contexte tendu en termes de transports. Une grève à la RATP a touché le RER B, qui permet de se rendre au Stade de France. Dans un communiqué la CGT Métro-RER, le pôle traction de FO, l'Unsa et La Base appelait lundi 23 mai à "impacter fortement cet événement". L'image est négative, comme le démontre ce tweet du très écouté Gary Lineker, ancien attaquant de l'Angleterre désormais consultant, qui affirmait ne pas "être sûr qu'il soit possible d'avoir une finale aussi mal organisée, même en le faisant exprès. C'est chaotique, dangereux !"

Le filtrage du stade forcé

Connaissant le risque que comportait cette rencontre avec plus de 70 000 Anglais attendus à Paris pour seulement 20 000 billets, la préfecture de police de Paris (PP) avait imaginé un premier filtrage aux abords du stade. Une "tentative de pénétration" a été constatée, mais le filtrage est resté "étanche", selon la Préfecture de police. Ces premiers incidents à plus d'une heure du coup d'envoi ont donné le ton et démontré l'impatience des fans présents. 

Les personnes ayant passé ce premier filtrage n'ont pas pour autant pu accéder au stade, mais il était censé protéger les entrées du stade de France d'un afflux massif de supporters. 

Le match retardé du fait de "l'arrivée tardive des fans"

Alors que le coup d'envoi était programmé à 21 heures, l'UEFA a annoncé un report, à quelques minutes de l'heure fatidique du fait de "l'arrivée tardive des fans". Le stade, bien clairsemé, démontrait le problème d'accès à l'enceinte pour les supporters, notamment anglais. Arrivés au dernier moment, pris dans la grève de RER ? Les raisons peuvent être multiples mais cette version est remise en cause du côté de Liverpool. 

Le journaliste de The Athletic UK, James Pearce pointe, lui, l'organisation du stade en parlant de "dangereux goulots d'étranglement". "Je connais des fans de Liverpool qui sont arrivés au stade de France deux heures et demie avant le match et qui viennent juste de rentrer", tweetait-il à 21 heures.

Un point de vue corroboré par Pierre Barthélemy, avocat de groupes de supporters français qui se trouvait aux abords du stade de France. Dans un entretien accordé à nos confrères du Parisien, ce dernier fait état "d'une heure et demie, voir deux heures d'attente pour le seul préfiltrage" à la sortie du RER D, sans ré-orientation des supporters. "Si la police n'avait pas fait sauter ce pré-fiiltrage, on aurait pu avoir des morts par écrasement".

Gaz lacrymogène et grilles escaladées

Conséquence de cette cacophonie devant les portes, les fans présents à l'extérieur se sont impatientés voyant le coup d'envoi se rapprocher et des personnes sans billets ont tenté de profiter de la situation pour entrer par effraction. Les Anglais réclamaient l'ouverture des portes aux cris d'"Open the gate", alors qu'un bon millier de personnes était au ralenti, selon l'AFP. 

Au mouvement de foule et à la protestation a succédé l'escalade des barrières donnant directement sur le stade. La police a dû user de gaz lacrymogène pour empêcher des personnes d'escalader les barrières. "Les policiers ont gazé n'importe comment, une dame de 91 ans a été touchée et mêmes des enfants qui hurlaient", témoignait dans Le Parisien Pierre Barthélemy, avocat de plusieurs groupes de supporters français qui a suivi le déroulé des incidents.

Des supporters munis de billets toujours dehors au coup d'envoi

Alors que Camila Cabello se mettait à chanter pour la cérémonie d'ouverture de cette finale, certains spectateurs munis de billets se trouvaient toujours du mauvais côté des grilles.

Mark Ogden, journaliste d'ESPN a souligné cette situation alors que Clément Turpin allait siffler le coup d'envoi. Le stade s'est rempli au fil de la rencontre de supporters Reds qui se souviendront sûrement de leur soirée, pas forcément pour les bonnes raisons. 

L'UEFA dénonce l'existence de faux billets

Dans un communiqué publié en fin de rencontre, l'UEFA a tenu à s'exprimer sur la situation. L'instance européenne explique que les tourniquets de l'entrée réservée aux fans de Liverpool ont été bloqués "par des milliers de fans qui avaient acheté de faux billets". "Cela a créé une accumulation de fans essayant d'entrer. En conséquence, le coup d'envoi a été retardé de 35 minutes pour permettre à un maximum de supporters d'accéder au stade", ajoute l'organisation. 

Consciente de l'impact de ces retards et de l'utilisation de gaz lacrymogènes devant une foule contenant notamment des enfants, l'UEFA "compatit avec les personnes touchées par ces événements et va examiner de toute urgence ces questions avec la police et les autorités françaises, ainsi qu'avec la Fédération française de football", selon le communiqué. Un peu plus tard, la Préfecture de police de Paris a dressé un bilan similaire, évoquant "de nombreux supporters sans billets ou détenteurs de faux billets" qui ont perturbé l'accès au stade. 

105 interpellations à Paris et en Seine-Saint-Denis

Cent cinq personnes ont été interpellées et 39 placées en garde à vue, essentiellement pour des violences et des vols sur la voie publique à proximité des "fan zones", dans la nuit de samedi à dimanche, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur. Parmi les personnes arrêtées, des vendeurs de faux billets aux abords du stade. L'un d'eux avait une cinquantaine de faux billets sur lui.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait, dans un tweet, pointé du doigt l'attitude "des milliers de "supporters" britanniques sans billet ou avec des faux billets qui ont forcé les entrées" du Stade de France.

En tout, 238 personnes ont été prises en charge par les différents services de secours à un moment de la journée, pour des "urgences relatives", allant de l'état d'ébriété ou de petits accidents, y compris des intoxications au gaz lacrymogène.

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