Incidents au Stade de France : "La gestion des flux a été assez défaillante", estime Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris
La finale de Ligue des champions samedi a été marquée par des scènes de violence aux abords du Stade de France à Saint-Denis. "C'est préoccupant" mais "il ne faut pas dramatiser non plus", estime Emmanuel Grégoire.
"Ce n'est pas bon pour l'image des forces de l'ordre. Ce n'est pas bon pour l'image de notre pays", a estimé lundi 30 mai sur franceinfo Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, après la finale de Ligue des Champions de football marquée par des scènes de violence aux abords du Stade de France à Saint-Denis samedi. "C'est préoccupant" mais "'il ne faut pas dramatiser", tempère Emmanuel Grégoire qui veut "prendre le temps d'une enquête de compréhension exacte de ce qui s'est passé" avant de juger. Il souligne par ailleurs que les supporters de Liverpool présents dans la fan-zone cours de Vincennes samedi "ont fait mentir la réputation d'être des hooligans. Ils ont regardé très tranquillement le match."
franceinfo : Ce qui s'est passé au Stade de France vous inquiète avant la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques ?
Emmanuel Grégoire : C'est préoccupant. Il ne faut pas dramatiser non plus. Le Stade de France a accueilli des milliers d'événements à 80 000 personnes sans problème. C'est donc qu'il s'est passé des choses très particulières. Je crois qu'il faut prendre le temps d'une enquête de compréhension de ce qui s'est passé pour faire en sorte que jamais plus cela n'arrive.
Pourquoi personne ne semble vouloir prendre sa part de responsabilité ?
C'est rare que les gens se précipitent au-devant pour dire, c'est de ma faute. La réalité, c'est que c'est probablement complexe et multifactoriel. Il est clair qu'il y a eu à la fois des problèmes de flux dans la gestion. Il y a le problème de la grève du RER qui a un peu perturbé les modes d'accès habituels au Stade de France. Il y a le problème des faux billets qui reste à documenter, mais il faut tenir compte des analyses qui ont été livrées par le ministre de l'Intérieur. Ce qui est certain, c'est que ces risques sont connus et se produisent à d'autres occasions. Et quand bien même ils existent et se matérialisent, on ne peut pas se retrouver dans des situations désagréables pour la qualité de l'événement organisé.
Vous avez géré l'accueil des supporteurs de Liverpool dans la journée de samedi avec un espace dédié dans l'est de la capitale, cours de Vincennes. Est ce qu'il y a eu des incidents là-bas ?
Non. Et les supporteurs de Liverpool ont fait mentir la réputation qui peut parfois leur coller à la peau d'être des hooligans et des gens sans tenue. La réalité est que cela s'est bien passé. Mais il n'y a pas eu d'incident. Il y avait 44 000 personnes qui étaient la jauge maximum de la fan-zone. Il y a eu quelques incidents de proximité, mais absolument rien de comparable avec des événements rassemblant autant de personnes où il y a toujours un peu d'incidents. Ils se sont bien comportés. Il n'y a pas eu de dégâts dans l'espace public, si ce n'est la saleté et le manque de propreté.
"Je pense qu'il ne faut pas montrer du doigt les supporteurs de Liverpool, qui se sont en l'occurrence plutôt bien comportés au global, y compris dans les moments de tension aux abords du Stade de France."
Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Parisà franceinfo
Est-ce que ces personnes sont restées cours de Vincennes pour suivre le match ?
Elles y sont restées. Les portes ont ouvert à 14 heures. Et à 15h30, cela commençait déjà à être plein à 80%. C'est assez rapidement arrivé à saturation et ils ont regardé très tranquillement le match. On était tous un peu inquiets sur ce qui allait se passer après, en particulier avec la défaite de Liverpool. La réalité, c'est qu'ils se sont dispersés plutôt calmement. La police a fait ça intelligemment avec les supporters. Tout s'est très bien passé cours de Vincennes. C'est dommage que la situation n'ait pas été la même au Stade de France.
Quelles sont les responsabilités ?
Aujourd'hui, on voit bien que tout le monde essaie de se renvoyer la balle. Dans les causes multiples des dysfonctionnements, il faut voir quelle est la part réelle qui a été prise par chacun de ces facteurs. Les faux billets, les incidents, quelques incivilités, voire même des agressions, ont été évoquées. La gestion des flux, à mon avis, a été assez défaillante.
Pour avoir été physiquement témoin des zones d'engorgement, vous avez des milliers de supporters qui sont à droite bloqués par le mur d'enceinte du Stade de France, à gauche par l'autoroute A1, devant par des gendarmes mobiles et derrière par des centaines et des milliers de supporters qui arrivent, cela crée des phénomènes de foule compacte.
"Il est extrêmement difficile de gérer ces grandes foules. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas bon pour l'image des forces de l'ordre ni pour l'image de notre pays."
Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Parisà franceinfo
Il faudra là aussi faire un retour d'expérience sur ce qui s'est passé, sur la façon dont on gère des foules, ce qui ne peut pas passer que par la bombe lacrymogène quand il y a un peu de mouvement. Mais je pense qu'il faut éviter de donner des leçons trop rapides.
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