Pourquoi l’OM devrait voir en Franck Passi plus qu’un entraîneur intérimaire
Dimanche, Franck Passi s’assoira sur le banc marseillais. En soi, l’évènement n’en sera pas un : il y siège depuis 2012. Mais à Reims, il délaissera son survêt’ d’adjoint. L’ex-bras droit de Marcelo Bielsa endossera le costume de numéro un. Au pied levé. L’OM n’avait pas prévu de le propulser si vite en haut de l’affiche, en pleine lumière, sous les feux des projecteurs. A vrai dire, il n’avait pas prévu que son "loco" argentin lui claque si vite entre les doigts.
Pour Passi, 49 ans, les circonstances ont valeur d’accélérateur de carrière. "Nous avons une totale confiance en lui, a insisté Vincent Labrune jeudi, en conférence de presse. C’est un garçon remarquable." "Remarquable", mais visiblement pas assez renommé, pas assez prestigieux pour succéder à Bielsa. D’où cette précision présidentielle : "Nous n'avons pas prévu qu'il puisse rester toute la saison."
Labrune et l'état-major marseillais cherchent un entraîneur au nom plus ronflant. Dont l’identité ne serait pas "une question de passeport, mais de philosophie". Jürgen Klopp a déjà refusé poliment : l’ex-entraîneur du Borussia Dortmund se requinque, en attendant de prendre les rênes du Bayern Munich dans un an. D’autres pistes étrangères sont évoquées. Pour l’heure, celles menant aux techniciens made in France, comme Frédéric Antonetti, René Girard, Frédéric Hantz, ou Alain Casanova, ne semblent pas tenir la corde.
Gili, l’exemple à suivre
Mais si, finalement, Franck Passi était l’entraîneur recherché ? Et si, finalement, il était plus qu’un intérimaire ? La question peut sembler saugrenue. Elle ne l’est pas dès lors qu'on prend la peine de feuilleter les archives de l’OM : en 1988, Gérard Gili, alors âgé de 36 ans, avait été catapulté à la tête de l’équipe première par Bernard Tapie, en remplacement de Gérard Banide. Une nomination surprise. Qui s'était avérée payante, au-delà des espérances les plus folles : elle s'était soldée par un doublé Coupe-Championnat. Le dernier du club phocéen à ce jour.
Gili-Passi, même combat ? L’époque est évidemment différente. Bordeaux, alors le grand rival de l’OM, n’affichait pas ni la puissance financière, ni l’hégémonie sportive du PSG d’aujourd’hui. Reste que le parallèle n’est pas si farfelu. Comme Gili avant lui, Passi connaît parfaitement la maison olympienne. En atteste son CV :
- Joueur, il fut milieu défensif à l’OM entre 1986 et 1988. Avec, à la clé, une deuxième place en D1 et une finale de Coupe de France. Ainsi qu’un titre honorifique de révélation de l’année 1988 par le magazine France Football.
- Depuis neuf ans, Passi occupe un rôle prépondérant dans l’organigramme sportif de l’OM : il intègre la cellule recrutement en 2006 ; est nommé entraîneur de la réserve quatre ans plus tard ; avant de devenir l’adjoint d’Elie Baup en 2012, puis de José Anigo et, enfin, de Marcelo Bielsa.
Labrune : "On ne cherche pas un héritier à Bielsa"
Son passé sur un banc ne se résume pas à son expérience marseillaise. Ses premiers pas d’entraîneur, Franck Passi les a faits au début des années 2000. D’abord comme adjoint à Compostelle, en Espagne. Puis comme numéro un à l’AS Cannes. Sa maîtrise de l’Espagnol avait levé la barrière de la langue lorsque Bielsa a pris les rênes de l’équipe. Elle reste un atout non négligeable pour communiquer avec certains joueurs de l’effectif 2015-2016, comme Javier Manquillo et Lucas Ocampos.
Dernier atout, et non des moindres : Franck Passi a le soutien du vestiaire actuel. Mieux, il en a la confiance. En connaît tous les rouages. Dans un contexte aussi chaotique, Passi incarne une forme de stabilité, revendiquée par Labrune jeudi : "On ne cherche pas un héritier à Bielsa. On cherche quelqu’un capable de s’adapter au projet du club, de gérer l’effectif tel qu’on l’a fait." Si Passi n’a pas la carrure pour entraîner durablement l’OM, il a en tout cas la tête de l’emploi.
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