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Mercato : la Premier League inébranlable, la Ligue 1 super-vendeuse, la Liga en perte de vitesse, la "mode" des transferts libres… Ce qu’il faut savoir sur le marché des transferts

L’observatoire du football CIES a sorti un rapport sur l’économie des transferts du Big 5 (la Premier League, la Liga, la Bundesliga, la Serie A et la Ligue 1) au cours de la dernière décennie.

Article rédigé par franceinfo: sport - Elias Lemercier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Présentation de Achraf Hakimi, Georginio Wijnaldum, Gianluigi Donnarumma, Sergio Ramos et Lionel Messi recrutés par le Paris Saint-Germain, le 14 août 2021, au Parc des Princes. 
 (BERTRAND GUAY / AFP)

Le mercato de l’été 2021 étant officiellement fermé, il est temps de faire le bilan. Et rien de mieux pour nous aider qu’un rapport du Centre international d'étude du sport (CIES) sur l’économie des transferts du Big 5. La période couverte par le rapport s'étend du mercato d’hiver 2012 à celui d'été 2021. 

Un rapport d'autant plus intéressant quand on connaît la situation économique que traversent les clubs européens depuis la crise du Covid-19. Et si, sans surprise, la pandémie a renforcé la domination des clubs de Premier League sur le marché, on apprend aussi que les clubs espagnols ont été les plus touchés. La Ligue 1, également impactée, continue néanmoins de s'appuyer sur ses ventes : depuis 2012, le championnat français est le seul avec un solde de transfert positif parmi le Big 5 (+ 158 millions d'euros). En comparaison, la Premier League cumule un déficit net d’un peu plus de 8 milliards d'euros lors de la dernière décennie...

La Premier League dépense toujours plus que les autres, surtout après le Covid

La Premier League a toujours été le championnat le plus dépensier parmi le Big 5 depuis le début des années 2010, et la crise du Covid-19 n’a pas aidé à améliorer ce contraste. Au contraire, le championnat anglais n’a jamais été aussi omniprésent sur le marché des transferts. Si la crise du Covid-19 a impacté les dépenses des clubs anglais, passant de 1880 millions d’euros en 2019 à 1684 millions en 2021, la différence est nettement moindre par rapport au reste du Big 5.

"Le championnat anglais est à part, affirme Luc Arrondel, économiste du sport, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), chercheur et professeur associé à la Paris School of Economics (PSE), vous êtes au-delà de 3 milliards d’euros de droits TV domestiques et internationaux, ça compense largement la crise sanitaire et ça vous place largement au dessus des autres championnats."

Cette baisse d’à peu près 10% entre le dernier mercato pré Covid (été 2019) et le récent mercato post Covid (été 2021) est beaucoup moins importante que celle qui frappe la Liga (-77%), la Serie A (-48%), la Bundesliga (-45%) et la Ligue 1 (-40%). Il est ainsi raisonnable d'affirmer que la crise sanitaire a nettement renforcé les inégalités entre la Premier League et le reste des championnats du Big 5 : avec 44% des indemnités totales du Big 5 lors de l'été 2021, le championnat anglais n’a jamais eu autant la mainmise sur le marché des transferts.

"Quand on regarde le championnat anglais, il y a non seulement une croissance des droits TV mais le poste qui a le plus augmenté ce sont les revenus commerciaux et le sponsoring. Les plus gros clubs de Premier League ont équilibré leur recette en parvenant à diviser équitablement droits TV, sponsoring et billetterie. C’est ce qu'ils ont réussi à faire. Ce seront toujours eux qui seront les plus acheteurs de joueurs", conclut Luc Arrondel.

La Liga, championnat historique qui a dû revoir son modèle économique

Si la Premier League est la “grande gagnante” de la crise du Covid-19, la Liga fait figure de perdante tant son rayonnement économique sur le marché des transferts a pris un coup. Alors que les clubs espagnols avaient dépensé 1529 millions en 2019, seulement 358 millions ont été déboursés cet été, soit une baisse de 77% enregistrée en seulement deux ans. Ce championnat mythique s’est vu dépouiller de beaucoup de ses stars ces dernières années (Neymar, Lionel Messi, Cristiano Ronaldo etc…) mais aussi de pas mal de ses jeunes qui partent de plus en plus tôt vers les championnats étrangers, notamment en Angleterre. "Les clubs espagnols se sont beaucoup endettés ces dernières années, la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer les inégalités entre l’Angleterre et le reste de l’Europe, en particulier avec l’Espagne", ajoute Luc Arrondel.

Les clubs espagnols ont donc troqué leur casquette d’acheteur pour celle de vendeur : parmi les championnats du Big 5, la Liga est la seule avec un bilan net positif depuis l’été 2020, premier mercato post Covid, c'est-à dire le seul championnat qui a plus vendu qu'acheté (720 millions de dépenses pour 916 millions de recettes soit un bilan positif de 196 millions). 

Lille, Lyon, Monaco... Les clubs français ont les bilans financiers les plus positifs

Si aucun club de Ligue 1 n’a remporté de titre européen depuis le Paris Saint-Germain en 1996, les clubs français peuvent se targuer d’être les plus sains économiquement, du moins en ce qui concerne les bilans nets des transferts par club. "Depuis une dizaine d'années le championnat français assure son équilibre financier avec les transferts", résume Luc Arrondel. 

Deux clubs français, le LOSC (+ 342 millions d’euros) et l’Olympique lyonnais (+ 225 millions d’euros), sont en tête du classement des équipes du Big 5 actuelles avec le bilan financier le plus positif sur le marché des transferts depuis 2012. Ils sont suivis par trois équipes italiennes spécialisées dans le trading de joueurs : Genoa, Udinese et Atalanta. "Lyon et Lille, une grande partie de leur recette est associée à la vente de joueurs. C’est un modèle de trading joueur. Si ils ne vendent pas de joueur, ça pose un grand problème mais il suffit d’une grosse vente pour équilibrer ses recettes. C’est néanmoins un calcul qui peut s'avérer très risqué et d’un point de vue sportif, c’est pas forcément des modèles qui sont très durables".

Deux autres clubs français, Montpellier HSC (+ 177 millions d’euros) et l’AS Saint-Etienne (+ 110 millions d’euros) sont présents dans le top 10, et cinq autres se hissent dans un top 20 où on ne retrouve aucun club anglais.

Par ailleurs, même si il ne possède pas le bilan le plus positif, Monaco est le club qui a le plus vendu dans le Big 5 depuis 2012 avec 1039 millions d’euros d’indemnités de transfert (bonus compris) empochées, parmi lesquels on retrouve Kylian Mbappé (180 millions d’euros), James Rodriguez (75 millions d’euros), Thomas Lemar (70 millions d’euros) ou encore Anthony Martial (60 millions d’euros).

Les transferts libres, nouveauté Covid ? 

Lionel Messi, Sergio Ramos, Gianluigi Donnarumma, David Alaba, Jérôme Boateng… Le nombre de transferts libres cet été n’a jamais paru aussi élevé. Mais est ce vraiment un nouvel effet de mode ou juste une simple illusion ? “Il y a à peu près deux tiers des transferts qui sont des transferts libres, déclare Luc Arrondel, c’est une tendance légèrement à la hausse ces dernières années".

Le fait qu'il y ait des Messi, Ramos qui partent libre, ça a tendance à biaiser le constat objectif.

Luc Arrondel

Mais l'économiste rappelle néanmoins que cet été n’est pas plus différent des autres, les noms sont simplement plus clinquants. “Je pense qu’on a eu une vue un peu déformée cet été parce qu’on voit des joueurs très médiatiques qui sont partis libres alors que de toute façon, la majorité des transferts se font libres."

"Dans le monde, un transfert sur dix est payant et dans le Big 5 c’est un sur trois. Il y a une petite tendance au fait que les joueurs partent librement mais il faut attendre un petit peu pour savoir si la tendance se confirme ou pas. L’année dernière par exemple, on a constaté une augmentation de 6% des transferts libres dans le Big 5, donc on ne peut pas parler d’un inversement de tendance”, ajoute Luc Arrondel. 

L'avenir nous dira si les transferts libres sont réellement en hausse ou seulement un effet éphémère, dans une année à la conjoncture un peu particulière, qui se dissipera avec le temps.

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