Ligue 1 : Saint-Etienne et Bordeaux, deux monuments encore en danger cette saison ?
Après un dernier exercice passé à flirter avec la relégation, Saint-Etienne et Bordeaux, qui s'affrontent samedi, occupent les deux dernières places du classement de Ligue 1.
Ils ont beau cumuler 16 titres de champion de France et deux finales européennes, Bordelais et Stéphanois sont à des années-lumière de leur glorieux passé. La saison dernière, les deux équipes ont même lutté pour leur survie en Ligue 1 jusqu'au mois de mai, donnant à l'occasion quelques sueurs froides à leurs supporters, par ailleurs ami.
Ce début d'exercice ne rassure personne, puisque Saint-Etienne (19e) et Bordeaux (20e) figurent en queue de peloton et n'ont toujours pas gagné. On n'osera pas encore qualifier leur affrontement, samedi 18 octobre à 21 heures, de "match de la peur", mais la situation est urgente de part et d'autre.
Le début de saison : avantage Saint-Etienne
Au classement, un point sépare les Foréziens des Girondins. Mais dans le jeu, Saint-Etienne semble plus avancé, le coach Claude Puel étant en place depuis octobre 2019, quand Vladimir Petkovic, ex-sélectionneur de la Suisse, s'est installé sur le banc aquitain il y a quelques semaines. Les Verts ont affiché des vertus intéressantes à Lens (2-2) et contre le champion lillois (1-1). "J'ai vu des bonnes réactions de la part des joueurs, affirme Elie Baup, ancien coach de l'ASSE (1994-1996 et 2004-2006) et des Girondins (1997-2003). Il n'y a pas de passages à vide, et on voit des actions de but. On sent qu'il y a du travail et de la persévérance collective."
Les Stéphanois surfent sur la dynamique positive de la fin de saison dernière - 4 victoires sur les 8 derniers matchs, et une 11e place finale. "Saint-Etienne est dans la continuité de ce qui a été fait par Claude Puel. Ils ont un petit temps d'avance", poursuit Baup, qui explique les mauvais résultats par un manque de réussite.
On va jouer Bordeaux qui est dans la même situation que nous. Ce sera un match de costauds avant un enchaînement Monaco - Nice - Lyon. C’est un défi à relever.
Claude Puel, entraîneur de Saint-Etienneen conférence de presse
En face, Bordeaux se présente avec plus d'incertitudes. Les Girondins ont récolté deux nuls (contre Angers, 1-1 ; et à Marseille, 2-2). Mais ils ont déjà trébuché deux fois au Matmut-Atlantique, contre le promu clermontois et face à Lens, en plus d'une correction reçue à Nice (0-4). Résultat des courses : ils occupent la 20e place du classement... pour la première fois depuis 1970. Il y a péril en la demeure, d'autant que Montpellier, Rennes et Monaco se profilent lors des prochaines journées.
Le mercato : avantage Bordeaux
La foire d'empoigne ou, mieux, un samedi matin au marché de Saint-Michel. Voilà comment un Bordelais désignerait les emplettes estivales du club au Scapulaire. Avec 18 départs et 7 arrivées, le nouveau directeur technique Admar Lopes n'a pas chômé. De Préville, Sabaly, Basic ou autre Benito et Ben Arfa ont tous quitté les bords de la Garonne, pour renflouer (ou limiter l'ampleur) des caisses vides.
Pour recruter, les Girondins se sont appuyés sur le réseau d'Admar Lopes au Portugal. Celui-ci a aussi profité de la double-casquette du propriétaire Gérard Lopez, également patron de Boavista, puisqu'Alberth Elis et Ricardo Mangas sont arrivés en provenance du club basé à Porto. Fransérgio (Braga), Gregersen (Molde), Dilrosun (Hertha Berlin), Mensah (RB Salzbourg) et Pembélé (prêté par le PSG) ont aussi rejoint le navire.
Et ce n'est pas tout : les Marines et Blancs, qui n'ont pas réussi à recruter d'avant-centre, sont à la recherche d'un renfort offensif en qualité de joker.
Une dernière recrue pour les Marine et Blanc, Javairô Dilrosun est Bordelais
— FC Girondins de Bordeaux (@girondins) August 31, 2021
➡https://t.co/5n3vSSyhf2 pic.twitter.com/BE2xGF9wvM
A Saint-Etienne, l'été a été plus creux. Les Stéphanois, en manque de liquidités, n'ont pu renforcer leur effectif. Quelques joueurs en fin de contrat (Moulin, Debuchy, Monnet-Paquet) ont quitté le Forez. Mais l'ASSE a réussi à garder ses jeunes joueurs courtisés, comme Camara.
La seule recrue de l'été, Ignacio Ramirez (24 ans), est arrivée en provenance du club uruguayen de Liverpool. Auteur de 85 buts en 166 matches, il pourrait résoudre les problèmes de finition. Mais son adaptation à la Ligue 1 constitue une véritable interrogation.
Le projet à long terme : match nul
D'un côté comme de l'autre, l'avenir est difficilement lisible. A Saint-Etienne, les rumeurs de vente vont bon train, dans un club en difficultés financières. "Nous avons encore cette saison une masse salariale en inadéquation avec nos revenus. Structurellement, le club génère donc encore des déficits", s'est alarmé le président exécutif Jean-François Soucasse dans Le Progrès.
Sur le terrain, l'ASSE présente encore un effectif très rajeuni (2e moyenne d'âge du championnat). Les jeunes Etienne Green, Saïdou Sow, Lucas Gourna-Douath ou le capitaine Mahdi Camara occupent un rôle prépondérant. Leur association avec des cadres comme Hamouma, Khazri ou Bouanga peut s'avérer pertinente. "Ils peuvent figurer dans la première moitié de tableau, estime Elie Baup. Le vécu de la saison dernière va les aider."
@mahdi_camara avant #ASSEFCL : "Porter le brassard est une grande fierté. J'ai acquis, ces deux dernières saisons, un peu d'expérience. Je souhaite aider les plus jeunes afin d'obtenir les meilleurs résultats." pic.twitter.com/PUURyVqjEU
— Association Sportive de Saint-Étienne (@ASSEofficiel) August 6, 2021
Bordeaux, en totale reconstruction, part de plus loin. Les nombreux mouvements ont créé une incertitude quant au réel potentiel. "Le coach essaie de mettre en place de la solidité, il insiste sur la manière de sortir le ballon. Il y a des principes de jeu, mais ça prend du temps", souligne Baup, qui préfère temporiser pour établir un premier bilan : "On en saura plus au bout de dix matches".
Difficile toutefois de se projeter à l'heure actuelle. Cinq des sept recrues sont arrivées en prêt, et leur niveau constitue une interrogation : hormis Pembélé (18 ans), aucune ne connaît la Ligue 1. Mais Elie Baup a envie de croire en ce projet porté par Gérard Lopez : "Bordeaux sort de trois ou quatre saisons terribles. Si on regarde ce qu'il a fait à Lille, on adhère." Et ce même si l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois est régulièrement accusé d'avoir laissé le LOSC dans une situation financière compliquée...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.