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Ligue 1 : Lyon, une quatrième place au goût amer

Pour la plupart des clubs de Ligue 1, terminer 4e serait synonyme d’une saison réussie. Mais pas pour l’Olympique lyonnais.

France Télévisions - Rédaction Sport
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Memphis Depay, le capitaine de l'OL, dimanche 24 mai 2021, à l'occasion de la 38e et dernière journée de Ligue 1. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Comme dans un scénario écrit par les meilleures plumes d’Hollywood, le dernier match de l’Olympique lyonnais résume à lui seul la saison des Gones. Contre Nice, Lyon menait à la mi-temps, pendant que Monaco était tenu en échec à Lens. Traduction au classement : l’OL montait sur le podium de L1 sur le fil et arrachait sa place en C1. Sauf que les Lyonnais se sont écroulés en seconde période. Résultat : alors que Monaco calait à Lens (0-0), laissant ainsi une chance à l’OL de repasser devant sur le gong, Lyon n’a pas saisi l’opportunité. La faute à l’irrégularité lyonnaise qui aura été la seule constante de cette saison.

"C'est une triste soirée, c'est le pire des scénarios, un scénario cauchemar. J'ai dit à nos joueurs qu'on était à notre place, finalement. On n'a pas gagné car on ne mérite pas d'aller en Ligue des champions. C'est à l'image de notre semaine, de notre saison."

Rudi Garcia

en conférence de presse le 23 mai

Le constat lucide dressé par Rudi Garcia en conférence de presse est terrible, car au départ de la saison, Lyon avait tous les arguments pour être le principal adversaire du PSG dans la course au titre, au-delà de son statut de deuxième budget de L1 (300 millions d’euros).

Rembobinons : fin de l’été 2020, l’OL sort d’une demi-finale historique en Ligue des champions (défaite 0-3 contre le Bayern). Les effets secondaires du Covid entraînent aussi un petit miracle, puisque Lyon conserve ses meilleurs éléments (Memphis Depay, Houssem Aouar en tête) grâce à un marché des transferts grippé par la pandémie.

De quoi aligner la meilleure équipe vue sur les bords du Rhône depuis dix ans. Ajoutez à cela un calendrier allégé par l’absence de coupe d’Europe au programme des Rhodaniens, et Lyon devient naturellement un prétendant sérieux au titre.

Faillite collective, institutionnelle et financière

À mi-saison, les temps de passage étaient d’ailleurs les bons pour l’OL, champion d’automne alors que l’équipe tournait à plein régime entre novembre et janvier. De quoi s’installer solidement sur le podium de la 14e à la 30e journée. Sauf que Lyon a été rattrapé par son instabilité chronique, alors que Monaco avait trouvé son rythme de croisière.

À force de ne jouer qu'une mi-temps par match, les Gones ont lentement laissé les Monégasques leur passer devant. En plus de la non-qualification en Ligue des champions, les Lyonnais pourront nourrir des regrets de ne pas avoir profité des errements du PSG (8 défaites), comme l’a fait le LOSC. D’autant que l’OL a finalement moins perdu que Paris (6 défaites).

Mais qu’importe. Car à l’heure du bilan, finir 4e dans ce contexte pour Lyon, c’est un échec, même si ce serait une réussite pour la plupart des autres clubs de Ligue 1. Sans titre depuis neuf ans, l'OL vient de voir le LOSC sacré pour la deuxième fois depuis son dernier titre de champion en 2008. Entre temps, Bordeaux, Marseille, Montpellier, Monaco et, évidemment, Paris ont aussi soulevé l’Hexagoal, mais plus l’OL, qui a pourtant rarement été en aussi bonne posture de le faire que cette saison.

Pis encore, pour la première fois depuis plus de 20 ans, Lyon va rater la Ligue des champions pour une deuxième année consécutive. Alors, à qui la faute ? En première ligne, on retrouve évidemment le coach, Rudi Garcia, ciblé par toutes les critiques depuis son arrivée.

En deux ans à Lyon, il n’a pas réussi à qualifier le club pour la C1, comme il ne l’avait pas fait à Marseille auparavant. Son conflit larvé avec le directeur sportif, la légende du club Juninho (qui n’a toujours pas réussi à qualifier le club en C1 non plus depuis son arrivée à l’été 2019), ne l’a pas beaucoup aidé au sortir de l’ultime défaite face à Nice.

"Je voulais quitter le club en le laissant en Ligue des champions et ce n'est pas le cas. (…) Bien sûr, je ne serai pas là la saison prochaine. Ça fait longtemps que je l'ai décidé moi-même, car je ne peux pas continuer à travailler et à faire progresser le club dans ces conditions. Ce n'est pas l'endroit et le moment pour l'expliquer, mais je ne continuerai pas. Et si le président a quelque chose à me proposer demain, je ne serai pas candidat à ma propre succession."

Rudi Garcia

en conférence de presse le 23 mai

Depay, seule éclaircie de la saison

Au-delà de l’entraîneur, la faillite des cadres lyonnais interroge aussi entre un Anthony Lopes fragilisé ou un Houssem Aouar décevant. Seul Memphis Depay (20 buts, 12 passes décisives) a été au niveau, avant de quitter le club libre cet été. Un coup dur sportif et financier pour l’OL, déjà durement touché par la crise économique liée au Covid (80 millions d’euros de perte).

D’autant que Lyon ne touchera pas l’indemnité de 35 millions d’euros pour Moussa Dembélé, prêté à l’Atlético de Madrid, mais qui va revenir à Lyon cet été après avoir déçu les Madrilènes.

C’est donc dans ce contexte que Jean-Michel Aulas, le président revenu sur le devant de la scène en fin de saison pour sauver ce qui pouvait l’être, va devoir reconstruire après le départ acté de Rudi Garcia lundi. Pour cela, l’OL pourrait bien avoir envie d’attirer Christophe Galtier, tout juste sacré avec le LOSC, mais le technicien pourrait privilégier d’autres pistes.

Après cette saison décevante, c’est donc un été délicat et incertain qui attend l’OL, qui devra vite rebondir pour retrouver son rang. À défaut de Ligue des champions une épopée en Ligue Europa comme celle de 2017 (éliminé en demi-finale par l’Ajax Amsterdam) marquerait déjà les esprits.

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