L’encombrant "Mister" Leonardo
Leonardo a toujours très bien présenté. La mèche au vent, le costume noir, toujours très bien taillé. Devant les médias, le Brésilien était une parfaite vitrine pour un PSG "made in Qatar". Polyglotte, jouissant d’un réseau énorme, au Brésil, en Italie, Leonardo avait été catapulté à la tête du pharaonique projet qatari. Il devait en être l’homme-fort, la tête de gondole. Le club de la capitale devait devenir un géant, s’installer dans quatre, cinq ans sur le toit de l’Europe. Telle était la mission du directeur sportif de ce nouveau PSG au moment de sa nomination le 13 juillet 2011. Presque deux ans après, que reste-t-il de ce PSG bâti pierre par pierre par Leonardo ? Carlo Ancelotti ? Envolé. Thiago Silva ? De plus en plus tourné vers le FC Barcelone. Zlatan ? Le Suédois doit commencer à se poser de sérieuses questions.
Arrivé en chef de bord, Leonardo laisse le bateau PSG naviguer à vue, avec le seul Nasser Al-Khelaïfi en capitaine esseulé et un Laurent Blanc qui doit se demander dans quelle galère il s’est fourré. On est bien loin de l’image d’un club stable et sur de sa force qu’étaient censés amenés Leonardo et sa politique. L’image justement, la trace que Leonardo va laisser au PSG, ne sera pas impérissable. S’il a amené les stars et permis au club de remporter son troisième titre, le Brésilien a aussi brisé l’image respectable que le club voulait se donner. Par ses paroles et ses actes.
Un paratonnerre trop imposant
Comme José Mourinho, Leonardo avait à cœur d’absorber la pression, énorme qui entourait le PSG, afin de protéger l’entraîneur et ses joueurs. Après une défaite à Reims en mars dernier - qui précédait un match retour capital en 8e de finale de Ligue des Champions face à Valence -, il avait tant bien que mal défendu l’effectif : "On a peut-être une équipe faite pour l'Europe, basée sur le talent, la qualité de passes, pas pour ce genre de matches." Quitte à manier la provocation. Une habitude chez celui qui avait critiqué les instances et le savoir-faire du football français quelques jours auparavant. "Sincèrement, il n'y a pas trop de connaissances du haut niveau, du football. Mais c'est notre challenge", avait-il déclaré à un entretien à l’AFP à la fin du mois de février. L’arbitrage en avait également pris pour son grade – "les arbitres ne sont pas professionnels", avait-il lancé après un match nul 1-1 à Montpellier en novembre 2012 où Sakho avait été expulsé -.
Le point d’orgue a surement été atteint le 5 mai dernier lors du match PSG-Valenciennes à l’issue duquel il a bousculé l’arbitre Mr. Castro avant de l’invectiver devant les caméras. Un acte qui a du peser dans la balance au moment où Nasser Al-Khelaïfi a accueilli sa démission. S’il avait réfléchi à lui proposer la place laissée vacante par Ancelotti, le président du PSG ne l’a pas retenu alors que sa suspension initialement prévue à neuf mois a été prolongée jusqu’au 30 juin 2014. La froideur du communiqué du PSG – trois lignes – en est la preuve. Bien que le club lui "souhaite de poursuivre sa brillante carrière", il n’en a pas rajouté dans l’hommage.
L’atout devenu poids
En juillet 2011, Leonardo arrive avec son expérience du Calcio et son carnet de téléphones plein comme un bottin. Les premières recrues ne se font pas attendre (Ménez, Sissoko, Pastore). Son premier gros coup, il le réussit en faisant venir Carlo Ancelotti, un des as du banc de touche européen en janvier 2012. Suivront Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva et David Beckham, au cœur de l’hiver. A chaque fois, Leonardo a joué de son réseau et de son influence pour faire venir ses pointures. Le mercato était sa chasse gardée et ça a sans doute commencé à gêner le conciliant "Carletto". Quand il a fallu trouver un remplaçant, son ombre, qui allait planer au dessus de la tête de l’élu, en a effrayé plus d’un.
José Mourinho, Arsène Wenger ou Fabio Capello ne partagent pas le pouvoir, ils l’ont. Seuls. Leonardo en avait beaucoup au PSG et il aurait fallu le partager avec lui. Celui qui avait permis au club de franchir un palier et d’attirer les stars devenait d’un coup le boulet qui empêchait l’arrivée d’un des ténors du banc de touche. Seul Laurent Blanc s’en est accommodé. L’image du Brésilien assis au premier rang lors de la présentation du "Président", et non à ses côtés, en disait long : il ne faisait plus partie intégrante du projet. Les deux hommes vont encore cohabiter jusqu’au 2 septembre, avant que Leonardo ne s’envole vers d’autres horizons. Le temps de faire signer Edison Cavani et d’autres sûrement. Après quoi il se tournera le dos au projet PSG. Qu'il a impulsé avant de s'en éloigner. Jusqu'à la sortie.
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