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Football : Marseille honore les 30 ans du Ballon d'or de Jean-Pierre Papin, symbole d'un OM triomphant

Jean-Pierre Papin va donner le coup d'envoi du match entre l'OM et Bordeaux, trente ans après avoir reçu son Ballon d'or sous le maillot olympien.

Article rédigé par franceinfo: sport - Pauline Guillou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Jean-Pierre Papin reçoit le Ballon d'Or au stade Vélodrome, à Marseille, le 25 janvier 1992. (PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP)

La foulée sera peut-être moins incisive, mais le plaisir, lui, devrait toujours être là. Invité au Vélodrome pour donner le coup d'envoi de la rencontre OM-Bordeaux, en hommage aux trente ans de son Ballon d'or, Jean-Pierre Papin retrouve le club qui l'a fait briller. Alors que le souvenir des tribunes vides et silencieuses du Vélodrome s'éloigne peu à peu, "JPP" retrouve Marseille comme il l'avait laissée : incandescente.

Apogée marseillaise

Pour comprendre ce lien indéfectible qui unit Papin à Marseille, il faut se replonger à l'orée des années 90. Celle des shorts trop courts, des maillots aux manches flottantes et aux crampons vissés mordant les mollets de meneurs aux chaussettes basses. À cette image en argentique, impossible d'enlever le blanc et le bleu électrique d'un Marseille devenu magique. L'OM fait peur et pas qu'à cause des tacles d'Eric di Meco. Un certain Jean-Pierre Papin, alias JPP, règne sur la France et la Navarre.

Témoin privilégié de ce phénomène, Laurent Fournier. De sa carrière, le public retient son lien indéfectible au PSG, au point d'en devenir l'entraîneur en 2003. Laurent Fournier a pourtant porté les couleurs du rival honni : l'OM. Une saison d'exception, à plus d'un titre. D'une parce qu'elle ne constitue qu'une violation d'un an de son ADN parisien, et de deux parce qu'il y a côtoyé l'équipe phare de l'Hexagone, le grand Marseille du début des années 90. À cette équipe, "rien ne pouvait [nous] arriver", se remémore le milieu de terrain défensif, débarqué en provenance de l'AS Saint-Etienne à l'été 90. 

"Obligés de gagner" 

Derrière Papin, l'OM de Bernard Tapie a des armes : "La défense était difficile à passer, le milieu était correct, et l'attaque était exceptionnelle", juge Laurent Fournier. La force de cet OM, selon lui, réside dans l'exigence du vestiaire. "La concurrence était sévère, mais l'état d'esprit du club était exceptionnel par rapport aux ambitions et objectifs. Avec des Cantona, des Tigana, et des Papin, vous êtes obligés de gagner." Ce mélange d'internationaux français, nous sommes alors avant l'arrêt Bosman et la dérégulation des transferts, mêlant jeunesse et expérience détonne.

Les premières explosions se font entendre, et c'est toute la D1 qui tremble. Contre Lyon, le 13 janvier 1991, quatre détonations secouent Marseille. Toutes signées "JPP", pour qui le Vélodrome s'enflamme. L'OM remporte le match 7-0 face aux Gones. Deux semaines plus tard, il remet ça. Par deux fois, Papin crible les ailes des Canaris, lors d'une nouvelle rouste 6-0 infligée au FC Nantes. L'Europe aussi est maltraitée par ce Marseille trop puissant. 5-1 face à Tirana, 6-1 face à Poznan. En quarts de finale de la Coupe des clubs champions, l'OM s'offre l'AC Milan, avec une prestation XXL au match retour, qu'ils scellent 3-0. 

"À l'entraînement, il frappait, il frappait, il frappait..."

Laurent Fournier

à franceinfo: sport

L'attaquant français n'en finit plus de marquer. De loin, de près, en finesse, de volée... "C'est lui qui marquait le plus de buts", se souvient Laurent Fournier. "On comptait beaucoup sur lui". Il y avait de quoi : JPP aura fini meilleur buteur du championnat français de 1987 à 1992. Une distinction glanée aussi en coupe d'Europe en 1989, 1990 et 1991. Ces statistiques, le gamin élevé à Jeumont, la ville d'un certain Benjamin Pavard, les a bâties en travaillant plus que les autres. "Je me rappelle encore de ces entraînements, où il frappait, il frappait, il frappait...", raconte Laurent Fournier. 

S'il a toujours eu un caractère bien trempé, en atteste sa signature à Bruges en 1985 pour aller à l'encontre de son père, Jean-Pierre Papin n'était pas obnubilé par les distinctions individuelles. "Son objectif individuel, c'était de marquer des buts, tranche Laurent Fournier. Il ne visait pas directement le ballon d'or."

275 buts et presqu'autant de "papinades"

Mais, même sans le viser, l'or viendra à lui, le consacrant, au même rang que Kopa ou Platini, certes triple vainqueur. Il ne réitérera pas ses performances à l'AC Milan, qu'il rejoint en 1992. Peut-être Papin ne pouvait-il réellement être Papin qu'avec le maillot ciel et blanc (et les offrandes de Chris Waddle). "En championnat on gagnait, et l'atmosphère dans Marseille était géniale, pointe Laurent Fournier. Certains fans, et certains stades font que vos capacités se multiplient par deux." 

Ironie du sort, quand Jean-Pierre Papin quitte l'OM pour Milan en 1992, après huit ans et 275 buts marqués, c'est avec l'ambition de remporter la Coupe d'Europe. Une Coupe d'Europe qui lui échappe au terme d'une finale contre Marseille. Revanchard, il remporte quand même le titre suprême en 1994... sans être dans le groupe milanais. 

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