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Antonetti, un bon choix pour l'OM ?

Clown gueulard et fantasque pour les uns, coach entier et admirateur du beau jeu pour les autres, Frédéric Antonetti divise. Pressenti pour prendre les reines du club phocéen en janvier, l'entraîneur insulaire est-il l'homme qu'il faut à l'Olympique de Marseille ?
Article rédigé par franceinfo
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Elie Baup n'est plus en place depuis deux jours que les CV affluent déjà sur le bureau de Vincent Labrune. Zdenek Zeman, précurseur et adepte du 4-3-3 "football champagne" aurait déjà envoyé sa candidature, tandis que les noms de Bielsa, Eric Roy, et Eric Gerets sont déjà évoqués. Mais selon Bein Sport, c'est bien Frédéric Antonetti, ancien entraîneur de Bastia, Saint-Etienne, Nice et Rennes, qui prendrait la place de José Anigo en janvier. A l'annonce de la nouvelle, qui demande toutefois à être confirmée, les Marseillais se sont montrés dubitatifs. Le coach corse, tantôt qualifié de savoureux mélange entre "Loulou Nicollin et Rolland Courbis", possède une personnalité hors norme dans le championnat de France, qui contraste avec la sobriété affichée par Elie Baup, Claude Puel, ou Laurent Blanc. Mais on ne peut réduire Antonetti à un personnage clownesque. Car l'Insulaire est de ceux qui tirent un maximum de leur groupe et savent faire progresser leurs joueurs.  

Sur-protection et sur-motivation

"Mais ferme ta gu**** toi ! T'as compris ? Ferme ta gu**** !". Cette phrase chantante, entendue, au stade du Ray à Nice en 2007, n'a pas été prononcée à l'occasion de petites joutes verbales entre fans adverses, mais est à mettre au crédit de Frédéric Antonetti, qui s' adressait à un supporter... de son propre club. Le spectateur inconscient avait eu l'audace d'insulter l'un des Azuréens présents sur la pelouse, ce qui eut le don de faire sortir l'ancien entraîneur Bastiais de ses gonds. C'est aussi ça, Antonetti. Ses joueurs, personne n'a le droit d'y toucher, sauf lui. Si ce sont ses hurlements et ses sermons qui ont fait sa réputation, Frédéric Antonetti est également un formateur hors pair. À Nice, il avait donné sa chance à Lloris. À Saint-Étienne, à Gomis… «Il a le nez pour faire sortir des espoirs», souligne Maurice Cohen, l'ancien président niçois. "Ce n'est pas évident de diriger des jeunes. Il peut être dur mais il les aime et ils le ressentent", renchérit Franck Haise, responsable des 16-17 ans au Stade Rennais. A l'OM, les jeunes en mal de jeu et d'amour (Imbula, Lemina, Mendy) pourront profiter des talents de formateur de Frédéric Antonetti. 

Admirateur de Jean-Claude Suaudeau

 "Mon job consiste à faire passer le même message aux joueurs en même temps", déclarait-il à Libération en janvier 2011. "C’est tout simple, mais c’est ça. Quand vous faites passer quelque chose entre deux joueurs [offensifs], vous avez une action. Quand c’est avec quatre, vous avez une occasion de but". Une sentence dont la force et la clarté rappellent celles lâchées tantôt par Jean-Claude Suaudeau, entraîneur maniaque et raffiné du FC Nantes (1982-1988, puis 1991-1997), qu’Antonetti place au-dessus du lot. Néanmoins, s'il se dit adepte du beau jeu et des attaques placées, ses équipes sont pourtant plus connues pour faire déjouer que jouer. Avec Rennes, comme avec Nice par le passé, "Fred" s'appuyait sur une défense rigoureuse, et sur des contre-attaquants supersoniques (Rémy, Koné, Alessandrini). A l'OM, où les largesses défensives sont légions, la rigueur du Corse ne serait pas du luxe. 

Il a (plutôt) réussi partout

En 2001, rien ne va plus à Saint-Etienne. Alors en Ligue 2, le club ligérien, alors entraîneur par Alain Michel, est tout proche de la descente en national. C'est le moment que choisit la direction pour faire appel à Frédéric Antonetti. Après trois saisons en dents de scie, "Fred" fait remonter Sainté en Ligue 1. Mais l'histoire finit mal : suite à de sombres différences de points du vue, Caiazzo souhaite son éviction et l'obtient. Elie Baup est désigné nouvel entraîneur de l'ASSE, Antonetti est mis sur la touche. Les supporters stéphanois, qui vénéraient le coach insulaire, sont scandalisés par son limogeage (on recense notamment plus de 500 manifestants devant le stade lors des jours suivants la décision de départ de l'ex-direction sportive). 

A Nice, en 2005, sa première saison est une réussite puisqu'il permet au club d'une part, d'obtenir son meilleur classement en Ligue 1 depuis plus de 20 ans (8e), d'autre part, d'accéder à la finale de la Coupe de la Ligue (défaite 2-1 contre Nancy). Si la saison 2006/2007 est moins bonne, le club se sauvant de justesse de la relégation, la suivante (2007-2008) est bien meilleure. Le club se classe très vite dans les 5 premiers, et en fin de saison, Frédéric Antonetti rate de peu une qualification pour la Coupe Intertoto. 

Son bilan à Rennes est plus mitigé. Antonetti y passe trois saisons complètes, et termine trois fois de suite dans la première partie de tableau (9e, 6e, 6e). Mais il entretient des relations houleuses avec Pierre Dreossi, le directeur sportif du Stade Rennais. D'ailleurs, s'il s'avère que "Fred" signe à l'OM, le poids de José Anigo au sein du club phocéen pourrait être un problème. Le passé olympien a démontré à maintes reprises qu'un coach ne dispose que d'un champ d'action limité. Didier Deschamps, et Erik Gerets, derniers entraîneurs à forte personnalité, en savent quelque chose. 

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