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Courtisé par Manchester United, Antoine Griezmann doit-il quitter l'Atletico Madrid?

L’attaquant français a fait le buzz mercredi soir en évoquant son avenir. Invité sur le plateau de "Quotidien", Antoine Griezmann a assuré qu’il y avait "six chances sur dix" de rejoindre Manchester United. Mais serait-ce une bonne chose pour lui ? Eléments de réponse.
Article rédigé par franceinfo
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Griezmann à United, c’est dans l’air du temps. Manchester a déjà une offre sous le bras. Mais avant de savoir si c’est une bonne ou une mauvaise destination pour Griezmann, il y a deux critères indispensables pour que ce transfert se réalise. La première : United doit disputer la Ligue des champions la saison prochaine. La seconde : l’Atletico devra pouvoir recruter pour le remplacer. Pour la première, on va le savoir très vite puisque mercredi soir, United joue sa place en C1 l’an prochain en disputant la finale de la Ligue Europa contre l’Ajax Amsterdam. En cas de victoire, les Red Devils auront leur ticket. Pour l’autre, tout va se jouer le 1er juin. C’est ce jour-là que l’Atletico saura si son appel, déposé devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) contre l’interdiction de recrutement qui le frappe, est entendu. Si c’est non, l’Atletico ne le lâchera pas. Si c’est oui, la porte sera ouverte. "Tout va se décider dans les deux semaines", a révélé Griezmann. En attendant, on peut peser le pour et le contre.

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Oui, il doit y aller

Depuis de longs mois, Manchester United fait une cour assidue à Antoine Griezmann. Le club anglais est décidé à faire un gros coup en s’offrant, un an après Paul Pogba, l’autre joueur français "bankable". Griezmann est un grand joueur. Qui sort d’une nouvelle saison pleine. Mais il reste un doute, infime. Il a perdu la plupart des finales qu’il a disputées et son incapacité à faire gagner son équipe contre le Real en demi-finale de C1 est encore dans les esprits. S’il décidait de quitter son cocon madrilène, Antoine Griezmann entrerait dans une nouvelle dimension. Il débarquerait dans l’un des plus grands clubs du monde, celui de son idole de jeunesse, David Beckham. Après trois saisons à l’Atletico, où il est devenu un candidat au Ballon d’Or, Griezmann doit finir de grandir. A United, il sera l’une des têtes de pont et retrouvera son grand pote chez les Bleus, Paul Pogba. Avec la Pioche, Ibrahimovic, Martial et consorts, l’équipe des Red Devils aurait fière allure. Dans les schémas concoctés par Mourinho, il trouverait sa place soit derrière une pointe, soit lui-même en neuf.

Après Diego Simeone, il trouvera dans le nord de l’Angleterre, un autre meneur d’hommes capable de faire sortir le meilleur de ses troupes. José Mourinho, capable de mener la carotte et le bâton, protégerait Griezmann comme il a protégé toute la saison Pogba, critiqué à chaque prestation indigne, selon les observateurs, du prix de son transfert. Or, s’offrir Griezmann coûtera 100 millions d’euros minimum à Manchester, le montant de sa clause libératoire. A ce prix, toutes les prestations de "Grizi" seront scrutées et disséqués et Mourinho serait un parfait paratonnerre pour le Français. Avec Simeone, Griezmann s’est doté d’une "caisse" qui lui sera utile pour un championnat ultra-exigeant physiquement. Un travail qui le prépare à celui qu’il aura à faire sous les ordres du "Mou".

En rejoignant Manchester, Griezmann débarquera dans un club habitué à gagner. Même si depuis le départ de Sir Alex Ferguson, les Mancuniens galèrent, l’histoire du club est liée à la victoire. Et après trois saisons accomplies sur le plan individuel, mais frustrantes sur le plan collectif (une Supercoupe d’Espagne en 2014), Griezmann doit gagner des trophées. Avec une saison de plus, le projet de José Mourinho prendra encore plus forme et Griezmann arriverait au bon moment, puisque les deuxièmes saisons des équipes du Portugais sont souvent les meilleures.

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Non, il doit rester

Il y a d’abord le symbole. Ce week-end, l’Atletico a dit adieu à son vieux stade de Vincente Calderon. L’an prochain, les Colchoneros joueront dans un stade flambant neuf, une opportunité que Diego Simeone et Antoine Griezmann ne voulaient pas rater. Ça, c’était il y a quelques mois. L’entraîneur argentin a, de son côté, assuré qu’il restait encore un an. Une bonne nouvelle pour Griezmann qui a souvent lié son avenir à celui de son mentor. Ce dernier a d’ailleurs certifié qu’aucun joueur ne partirait cet été. Les deux hommes pourraient accomplir une dernière saison ensemble, dans le nouveau stade, et partir, chacun de leur côté, en 2018. De plus, dans la foulée de sa sortie sur "Quotidien", le Français avait assuré qu’il y avait "sept chances sur dix" de rester à Madrid.

La vie d’un footballeur est faîte de défis. En choisissant United, Griezmann en aurait un beau et gros face à lui. Trop ? Peut-être. Car à United, il ne serait plus LA star, mais une parmi d’autres. Il quitterait un cadre où il est le joueur le plus important, le plus décisif. Il faudrait qu’il s’adapte à de nouveaux coéquipiers et cohabite avec un Zlatan Ibrahimovic, omnipotent. Cavani peut en témoigner, le Suédois prend de la place. Gravement blessé, Ibra va revenir l’an prochain et voudra retrouver sa place. Sa très bonne première saison en Angleterre a prouvé qu’il n’était pas fini. Griezmann, en Bleu ou chez les Colchoneros, est le référent en attaque, là il devra partager. 

Enfin, il y a l’aspect football. En Espagne, Griezmann s’est construit en tant que joueur et en tant qu’homme depuis son arrivée au Pays Basque à l’âge 13 ans. Ce fin gaucher a trouvé un cadre et un jeu qui lui convenaient parfaitement. Footballistiquement, il est plus "espagnol" que français. Or les exemples des joueurs espagnols ayant réussis outre-Manche sont plutôt rares. Fernando Torres était un pur neuf mais s’est perdu à Chelsea, Xabi Alonso, immense milieu de terrain, a toujours eu ce côté bagarreur qui sied si bien à la Premier League et Cesc Fabregas était arrivé très tôt à Arsenal. Il avait eu le temps de s’imprégner des joutes anglaises. Ces réussites sont rares, les échecs existent aussi. Iago Aspas n’a jamais percé à Liverpool, Nolito cire le banc à Manchester City, Juan Mata a alterné le bon et moins bon depuis son arrivée, Pedro retrouve des couleurs à Chelsea après des débuts timides. Non, l’exemple à suivre est celui de David Silva, maître à jouer de Manchester City. Silva est plus milieu de buteur comme Grizi mais les deux respirent le même football. Mais son acclimatation à un championnat plus physique, moins technique, que la Liga pose question. Et un départ lors de la saison précédent une Coupe du monde est toujours dangereux.

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