Les supporters de l'OM dressent le portrait de leur propriétaire idéal

Si vous aimez le football et que vous avez quelques millions à dépenser, il y a une super affaire qui vient de tomber : un club mythique du sud de la France est en vente, avec près de 130 ans d'histoire, un public bouillant et un cadre de vie splendide avec vue sur la mer.

Margarita Louis Dreyfus, l'actuelle propriétaire de l'Olympique de Marseille, a décidé de se séparer du club phocéen. Mais attention, "l'OM, ça se respecte, on le donne pas à n'importe qui", tonne Michel Tonini, 50 ans, président des Yankees, un des clubs de supporters marseillais.

Autant dire que l'entretien d'embauche ne va pas être une formalité. En face il y a plus de trois millions de supporters, selon estimation Ipsos datée de 2014, qui ont tous un avis assez tranché sur le type de personne qui mérite de racheter leur club. Contactés par Francetv info, dirigeants de clubs de supporters et simples passionnés dressent le portrait-robot du ou de la propriétaire idéale.

Le futur propriétaire doit être du cru...

... Ou ne sera pas ! On exagère un peu, mais à peine. "On n'aimerait pas beaucoup quelqu'un qui vienne de l'extérieur", confie René Poutet, 72 ans, dont 65 au Vélodrome, et président du Handi Fan Club, un autre des nombreux clubs de supporters. "Et puis pas un Qatari", poursuit Alexis, jeune supporter de 25 ans, "il serait mal accueilli".

En fait, l'idéal ce serait "un francophone" pour René Poutet, "et surtout qu'il sache comment c'est à Marseille, qu'il connaisse le club". Les spécificités de l'OM, c'est le relationnel très fort avec les clubs de supporters, l'importance de la mairie qui possède le stade, mais aussi "la réalité sociale de la ville", explique Bastien, 22 ans. "Il faut garder un prix d'abonnement accessible et ne pas tuer le côté populaire sur l'autel du marketing", plaide-t-il. 

"L'essentiel c'est que le club ne perde pas son identité", confirme Joachim, supporter depuis 1998, "qu'il ne devienne pas comme les PSG ou Manchester City". Bon, "quelqu'un du coin", ce serait bien, mais est-ce qu'il y a des candidats ? C'est moins sûr. Alors, Alexis ne serait pas non plus contre "un milliardaire russe".

Il faut qu'il tienne la baraque et fasse le ménage

"On veut quelqu'un qui remette le club d'aplomb", qui "cadre tout", qui soit "le propre patron de l'OM", lâchent tous les supporters interrogés par francetv info. "Parce qu'il y a eu trop de magouilles !" précise Alexis. "Il faut tout reconstruire", ajoute Corinne qui fait partie du club de supporters des Dodgers.

Il faudra aussi veiller à venir avec une équipe compétente. "On veut du professionnalisme", poursuit Joachim, "on l'a vu avec Bielsa, dès qu'il y a du professionnalisme les résultats sont là". Aussi, il vaut mieux que le nouveau propriétaire soit issu du monde du football.

"C'est un milieu très particulier, il faut quelqu'un qui le connaisse, quelqu'un qui ait baigné dedans", argumente Robert, 61 ans, qui a un peu délaissé le Vélodrome ces derniers temps. Et s'il ne vient pas du foot ? "Alors il faut que ce soit un homme d'affaire, qui a fait ses preuves !" tempête Michel Tonini, "du moment qu'il sait s'entourer".

Il faut qu'il soit passionné et respectueux

"A Marseille, les supporters sont très importants, les clubs de supporters aussi. A Paris, ils ont été évincés, on ne veut pas de ça", prévient Joachim. Et c'est non négociable pour tous les fans du club phocéen contactés par francetv info.

Autant dire qu'acheter l'Olympique de Marseille ne veut pas dire gérer ça de loin. "On veut qu'il soit omniprésent", quelqu'un "qui soit proche des supporters", souhaite Fabien, 22 ans, et fan de l'OM "depuis que je suis né".

Plus concrètement, René Poutet et son Handi Fan Club estiment que "les clubs de supporters aimeraient participer, aider à la présidence, être aux réunions. De cette façon, il y aurait une sorte d'osmose". Patrick Hamou, du club des amis de l'OM, réclame lui "de la transparence et une bonne communication".

En fait, "il peut venir de Mars ou de Jupiter peu importe", pour les Yankees de Michel Tonini, "du moment qu'il a compris qu'il y a une passion gigantesque à Marseille". Parce qu'"un passionnné, il se fera respecter", poursuit Alexis.

Il faut qu'il ait quand même un peu d'argent

Le plus important, ça reste la passion, mais "s'il pouvait arriver avec un ou deux milliards ce nouveau propriétaire, ce serait pas plus mal, ça permettrait d'acheter des joueurs", reconnaît René Poutet. Bastien, lui, estime même qu'il "faut qu'il soit très riche". Mais attention, une richesse "honorable", précise-t-il, préférant "éviter les Qatari et consorts".

Pas question en tout cas de brader ce club historique. Les spéculations vont bon train sur la valeur exacte de l'Olympique de Marseille, rapporte L'Equipe, mais les supporters préfèrent laisser ça aux financiers. Ce qui est sûr, c'est que le prochain propriétaire "peut attendre un bon retour sur investissements", promet Marc, 24 ans, supporter exilé à Paris. "On a un gros public et une grosse cote à l'international, moi j'ai vu des maillots de l'OM au Maroc ou en Asie !"

Il faut qu'il arrive avec de l'ambition

L'objectif du futur propriétaire est clair, pour les supporters : "viser la Ligue des champions chaque année, et aller le plus loin possible", clame Patrick Hamou, du club des amis de l'OM. Et ça passe aussi par une ambition nationale : "viser les trois premières places en championnat et titiller le PSG".

Alors faut-il faire comme le rival parisien et recruter des stars ? Pas uniquement. Pour la plupart des supporters que francetv info a interrogés, "il faut construire un effectif dès le plus jeune âge", "miser sur le centre de formation". Mais le problème des jeunes de la région, "c'est qu'on n'arrive pas à les garder", regrette Joachim, évoquant "par exemple, Lucas Hernandez qui est parti à l'Atletico Madrid et qu'on n'a pas réussi à retenir".

Autour de ces jeunes, il faudra des cadres pour se donner les moyens de jouer une Ligue des champions. Pas forcément des stars, mais "des jeunes qui sont en train d'exploser au niveau européen", estime Alexis qui pense très fort à Antoine Griezmann. En tout cas, des joueurs avec un "mental" et qui "peuvent jouer au Vélodrome, sous pression", prévient Patrick Hamou. L'essentiel, c'est de "redonner l'envie au gens d'aller au stade". "On veut un football offensif", conclut Marc, "parce que c'est ça qui reste dans les mémoires".

Et si les recruteurs vous posent la question de votre modèle, citez plutôt "l'Atletico Madrid", "la Juventus" ou "le Borussia Dortmund", là où "il y a un projet clair tout en gardant une identité propre", explique Joachim. Plus radical, Michel Tonini estime qu'"il n'y a qu'un seul modèle : l'Olympique de Marseille".

Robert voudrait "que ceux qui viennent respirent la vie", parce qu'"on est dans le sud de la France et que c'est merveilleux", se réjouit René Poutet. Alors si vous pensez que votre CV correspond (et que vous avez quelques millions en trop encore une fois), manifestez-vous auprès de Margarita Louis-Dreyfus.