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Les fans de Chelsea repoussent un Noir dans le métro parisien : l'affaire en cinq actes

En déplacement à Paris pour le match de Ligue des champions entre le PSG et Chelsea, un groupe de supporters du club londonien a violemment repoussé, mardi, un homme noir qui tentait de monter dans le métro.

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Capture d'écran d'une vidéo montrant les supporters de Chelsea accusés de racisme dans le métro parisien, le 17 février 2015. ( YOUTUBE)

La scène se déroule dans le métro parisien à la station Richelieu-Drouot, dans le 9e arrondissement. Peu avant le match de Ligue des champions entre le PSG et Chelsea, mardi 17 février, des supporters du club londonien empêchent un homme noir de monter dans la rame et revendiquent leur racisme en chanson.

Cet acte ouvertement raciste a été largement condamné. La justice française et la police londonienne ont quant à elles annoncé qu'elles se saisissaient de l'affaire. La victime a porté plainte jeudi et le club britannique n'a pas tardé à réagir. Francetv info fait le point sur la chronologie des faits.  

Acte 1 : le "Guardian" diffuse une vidéo de l'agression

Au lendemain du match, mercredi 18 février, le Guardian (en anglais) diffuse une vidéo amateur de l'incident. On y voit une bande de fans du club anglais barrer le chemin à un Noir qui tente d'entrer dans le wagon. Il insiste. L'homme est violemment repoussé par les supporters, qui se mettent à chanter en chœur.

"We're racist, we're racist and that's the way we like it [nous sommes racistes et on aime ça]"

Des supporters de Chelsea dans le métro parisien

 

"Les portes étaient ouvertes, donc j'ai pu voir et entendre ce qu'ils chantaient, raconte au Guardian l'auteur de la vidéo, le Britannique Paul Nolan. Ils semblaient agressifs, alors j'ai sorti mon téléphone pour filmer."

Acte 2 : le parquet de Paris ouvre une enquête

La justice française n'a pas tardé à réagir. Le parquet de Paris a annoncé mercredi qu'il ouvrait une enquête pour "violences volontaires en raison de la race dans un moyen de transport collectif". Un délit passible de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.

La police du Grand Londres a rapidement proposé sa collaboration. "Nous allons examiner la vidéo dans le but de voir si l'on peut procéder à des interdictions de stade ou empêcher des gens de se déplacer à l'avenir, a précisé la Metropolitan Police dans un communiqué. Nous allons, évidemment, aider les autorités françaises à identifier les personnes impliquées et les soutenir dans les actions qui seront prises."

Le club de Chelsea a promptement réagi en indiquant qu'un "tel comportement est odieux et n'a pas sa place dans le football". "Nous soutiendrons toute action pénale contre les personnes impliquées, a ajouté le club londonien. Le club prendra les mesures les plus sévères possibles contre eux, allant jusqu'à des interdictions." De son côté, l'UEFA, l'instance qui régit le football européen, a décidé de ne pas se saisir du dossier et donc de ne pas sanctionner le club anglais. 

Acte 3 : des supporters de Chelsea s'expliquent

Un supporter impliqué dans cet incident a été identifié. Il s'agit de Mitchell McCoy, âgé de 17 ans. "Je ne suis pas sur la vidéo mais j'étais dans le wagon, a-t-il expliqué à l'agence Associated Press, selon L'Equipe. Nous étions dans le train à la station où l'homme a voulu monter. C'est clair que nous ne voulions pas de lui avec nous. Il a essayé de monter en force, donc on l'a repoussé."

S'il a reconnu les faits, le jeune Anglais a réfuté leur nature raciste. Selon lui, l'hymne raciste entonné était destiné au joueur de Chelsea John Terry. Ce dernier avait été accusé d'avoir tenu des propos racistes contre le joueur anglais Anton Ferdinand, puis reconnu non coupable en 2012, comme le rapportait alors L'Equipe

Phil, 16 ans, rencontré avec ses amis par le Daily Mail (en anglais) à la gare de Saint Pancras, à Londres, explique lui que la vidéo est sortie de son contexte. "Nous étions trois wagons plus loin. En gros, de nombreux fans du PSG essayaient de monter dans le métro depuis le quai et c'était l'un d'entre eux", dit-il. 

Acte 4 : la victime porte plainte

La victime, Souleymane, a déposé plainte mercredi soir, dans le commissariat de sa ville. Par ailleurs, la Ligue de football professionnel a anoncé vouloir se porter partie civile, aux côtés de la victime. 

"Je ne savais pas que j'avais été filmé. Le fait maintenant d'en parler me donne le courage d'aller porter plainte à la police", témoigne Souleymane dans Le Parisien.  "J'ai compris qu'il s'agissait de supporteurs de Chelsea et j'ai fait le lien avec le match du PSG qui avait lieu le même soir, détaille Souleymane. J'ai bien compris aussi qu'ils s'en prenaient à moi à cause de la couleur de ma peau. Vous savez, je vis avec le racisme, je n'étais pas vraiment surpris de ce qui m'arrivait même si c'était une première dans le métro."

Acte 5 : Chelsea interdit de stade trois supporters

Le club de Chelsea a rapidement identifié trois premiers suspects parmi ses supporters : ils ont été temporairement interdits de stade jeudi et encourent une interdiction à vie. "S'il s'avère qu'il y a suffisamment de preuves de leur implication dans l'incident, le club prononcera une interdiction à vie à leur encontre", a prévenu le club.

Chelsea assure avoir été aidé dans ses efforts d'identification par des supporters ayant répondu à un appel à témoin. "Nous sommes reconnaissants aux nombreux fans qui nous ont donné des informations jusqu'ici, ont expliqué les dirigeants dans un communiqué laconique. Nous continuons par ailleurs à coopérer pleinement avec les forces de police parisienne et londonienne qui mènent l'enquête criminelle."

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