Affaire de la sextape : la Cour de cassation valide l'enquête contestée par Karim Benzema
La Cour de cassation a tranché. Voilà une affaire qui continue de faire couler beaucoup d'encre Bleu… La question était donc de savoir si les méthodes d'enquête dans l'affaire du chantage à la sextape de Mathieu Valbuena étaient loyales. Mis en cause depuis quatre ans dans ce dossier Karim Benzema espérait donc voler en éclats ces accusations, mais ce dernier jugement fait tomber ses derniers espoirs.
Les avocats de l'attaquant du Real Madrid fustigeaient un stratagème abusif des enquêteurs, alors que leur client était mis en examen pour "complicité de tentative de chantage" sur Valbuena lors d'un rassemblement de l'équipe de France en 2015, ainsi que pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit".
Le 25 novembre dernier, la Cour de cassation s'était réunie en assemblée plénière afin de prendre sa décision, prononcée ce lundi. Il s'agissait de la dernière chance pour les avocats de Karim Benzema d'annuler la procédure. Depuis la révélation de cette affaire, le joueur du Real ainsi que Mathieu Valbuena n'ont plus été sélectionnés en équipe de France.
Six personnes mises en examen
Outre Benzema, cinq autres personnes sont mises en examen, dont l'ami d'enfance de Benzema, Karim Zenati, et l'ancien footballeur Djibril Cissé. C'est en juin 2015 que l'affaire débute, lorsque Mathieu Valbuena explique à la police avoir reçu un appel visant à le faire chanter. En cause, une vidéo à caractère sexuel dans laquelle il est identifiable et que son interlocuteur menace de diffuser.
L'enquête commence. Un policier se fait passer pour "Lukas", un négociateur missionné par Valbuena. L'agent de police n'aura de contacts qu'avec un intermédiaire, Younes Houass, qui gravitait dans le milieu du football. Le nom de Karim Benzema n'apparaît dans l'enquête qu'en octobre de la même année. Lors d'un rassemblement des Bleus à Clairefontaine, il parle de ladite vidéo avec Valbuena. Selon le joueur madrilène, il s'agit d'une conversation amicale pour le prévenir, alors que les enquêteurs parlent plutôt d'une injonction à payer.
Pas de "zèle" du policier
Les avocats de Karim Benzema avaient considéré que le "zèle" du policier sous couverture a "vicié" la procédure. "Il va prendre la direction des échanges en relançant régulièrement ses contacts", avait affirmé Me Patrice Spinosi. Lors de cette même audience, fin novembre, l'avocat expliquait qu'alors qu'il n'y a plus le moindre échange depuis le 8 juin, "l'officier prend seul l'initiative de relancer ses contacts le 15 juillet". Il en est de même en septembre quand il se montre "pressant", évoquant pour la première fois "une contrepartie financière".
Mais pour la partie adverse, ces méthodes sont complètement normales. "L'enquêteur n'a fait que son travail comme le ferait, toute proportion gardée, un négociateur dans le cadre d'une affaire d'enlèvement et de séquestration", avait expliqué l'avocat de Mathieu Valbuena, Me Frédéric Thiriez, ajoutant que pour la police, "il n'est pas interdit d'être rusée". Et l'avocat général Frédéric Desportes s'était rangé à cet avis. "On ne peut pas exiger des enquêteurs qu'ils mènent leurs investigations de manière transparente", avait-il expliqué, estimant qu'il n'y avait "pas de tromperie sur l'essentiel".
En juillet 2017, la Cour de cassation avait donné raison à Karim Benzema avant que la cour d'appel de Paris ne résiste, conduisant le joueur à se pourvoir à nouveau en cassation. Mais cette fois, la décision est tout autre et le dossier devrait donc revenir sur le bureau du juge d'instruction à Versailles. Karim Benzema doit se préparer à un probable procès en correctionnelle.
"Evidemment, c'est une déception. Il y a quelque chose de schizophrène dans le fait que la Cour de cassation dise le contraire de ce qu'elle avait dit il y a deux ans", a réagi lundi auprès de l'AFP l'avocat de Karim Benzema, Me Patrice Spinosi. "Pour autant, Karim Benzema n'a jamais craint de devoir faire face à ses juges devant lesquels ils s'expliquera sur son absence d'implication dans cette affaire, s'il est renvoyé devant un tribunal", a-t-il ajouté.
Le joueur du Real Madrid s'est fendu d'un tweet assez explicite sur son état d'esprit.
Voir sur Twitter
Samim Bolaky, qui défend M. Houass, a indiqué envisager un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme. "Nous sommes confiants dans notre capacité à démontrer que M. Houass est innocent des faits qu'on lui impute", notamment dans le cadre de l'instruction "qui n'est pas terminée", a-t-il souligné. Au contraire, Frédéric Thiriez, conseil de M. Valbuena, s'est dit "très satisfait". "Cette décision d'assemblée plénière va bien au-delà de cette affaire particulière de sextape. (...) C'est la sagesse. Il eut été singulièrement inconscient de désarmer la police de la République dans ces temps troublés", a-t-il estimé.
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