Football : Hervé Renard, sélectionneur des Bleues prêt à secourir la Côte d'Ivoire, une position qui interroge malgré le refus de la FFF
"Les négociations n’ont pas abouti favorablement, c’est que cela ne devait pas se réaliser. J’aurais adoré mais le destin en a choisi autrement." Par ces quelques mots délivrés à Canal+, Hervé Renard a regretté, jeudi 25 janvier, le choix de la Fédération française de football (FFF) de ne pas l'autoriser à prendre temporairement les rênes de la Côte d'Ivoire jusqu'à la fin de la Coupe d'Afrique des nations.
En contactant plus tôt dans la journée son homologue tricolore, la Fédération ivoirienne (FIF) espérait ainsi que l'actuel sélectionneur de l'équipe de France féminine succède à Jean-Louis Gasset, écarté à l'issue d'une phase de poules décevante, où son groupe est passé tout proche d'une élimination précoce à domicile. Une manière de créer un électrochoc auprès des joueurs - humiliés 4-0 par la Guinée équatoriale lors du dernier match - en s'offrant le retour de l'homme avec qui elle a soulevé sa dernière CAN en 2015.
Le Final Four de la Ligue des nations dans un mois
Si cette volonté de la FIF de faire revenir l'un de ses héros semblait toute légitime avant le huitième de finale sa sélection contre le Sénégal lundi, le simple intérêt de Renard pour cette mission sauvetage a posé question quant à son implication auprès des Bleues. "Quand vous avez le président de la Fédération, le Premier ministre du pays qui vous le demandent, je n'avais pas le droit de dire non. Impossible", a de son côté expliqué le principal intéressé dans les colonnes de L'Equipe, vendredi. Avant d'assurer "être attaché" à ses fonctions auprès de la FFF et à l'objectif des Jeux olympiques.
"Dès le départ, j'ai dit : 'Je veux bien mais il n'est pas question que je quitte les Bleues donc vous demandez à mes dirigeants s'ils acceptent que je puisse faire les deux.' (…) C'était non négociable. Il était hors de question que je dise non si ça avait été possible. Mais toujours avec cette ligne rouge : rester avec les Bleues", a ensuite clarifié le double vainqueur de la CAN, ajoutant "[ne pas voir] en quoi ça aurait été incompatible de faire les deux".
Le timing pour une telle opportunité semblait cependant périlleux. Les Françaises sont en effet qualifiées pour le Final Four de la Ligue des nations et doivent y affronter l'Allemagne, à Lyon le 23 février prochain, avant une possible finale en Espagne ou aux Pays-Bas. Le "prêt" du sélectionneur aurait certes été susceptible de prendre fin très rapidement, en cas de sortie des Ivoiriens contre le tenant du titre le 29 janvier. Pour autant, la possibilité de les voir se hisser jusqu'en finale continentale existait. Or, celle-ci est programmée le 11 février. A moins de deux semaines, donc, de l'un des rassemblements les plus importants de l'histoire de l'équipe de France féminine, qui court toujours derrière son tout premier trophée en 54 ans d'existence. Un laps de temps trop court pour pouvoir préparer ce stage décisif dans des conditions optimales.
Mêmes éphémères, ses fonctions en Afrique auraient par ailleurs empêché l'entraîneur de 55 ans de pouvoir pleinement observer les prochains matchs de clubs chez les féminines (l'ultime journée des poules de Ligue des champions les 30 et 31 janvier, et le Classique entre l'OL et le PSG en championnat le 11 février), alors qu'il a déjà été aperçu plusieurs fois à la CAN depuis le début du tournoi. Mais alors pourquoi, le sélectionneur des Bleues était-il prêt à partir en mission, en dépit de difficultés logistiques évidentes avec les deux casquettes ?
Un "VRP" de passage ?
S'il se présente régulièrement comme un "VRP" du football féminin, Hervé Renard - qui sera libre après les Jeux olympiques en août prochain - n'a jamais caché qu'il ne se voyait pas éternellement à la tête de l'équipe de France. "Je suis un peu un ambassadeur pour ces filles, je retournerai d'où je viens, c'est une certitude. Mais pendant que je serai là, il faut que je me batte pour elles, je n'aurai pas grand-chose à gagner personnellement mais peu importe", lâchait-il par exemple en octobre dernier lors d'un point presse en marge de la rencontre des Françaises en Norvège (2-1).
"Dans les pays que j'ai faits, la lumière ne redescendait pas", ponctuait encore à Oslo celui qui a dirigé avec succès les sélections masculines de la Zambie, de la Côte d'Ivoire, du Maroc et de l'Arabie saoudite, au moment de constater le régulier manque d'affluence, dans les stades pour les matchs des Bleues, comme lors des rendez-vous réservés à la presse.
Quelques jours plus tard avant la manche retour contre les Norvégiennes à Reims (0-0), Hervé Renard en avait d'ailleurs dit un peu plus sur ses ambitions futures au journal L'Union. "Il y a quelques mois, j'ai rencontré un monsieur qui a fait cinq Coupes du monde. C'est mon objectif, j'espère prendre ma retraite en 2034. Il reste la Coupe du monde 2026, la Coupe du monde 2030 et celle de 2034. Est-ce que j'y arriverai ? Je n'en sais rien. Mais ce sont mes objectifs et mes rêves", affirmait alors le natif d'Aix-les-Bains, qui compte pourtant déjà deux participations au Mondial masculin (Maroc en 2018 et Arabie saoudite en 2022), et une chez les femmes avec la France l'été dernier.
Ceci étant, la principale échéance du sélectionneur demeure, à l'heure actuelle, Paris 2024, pour laquelle le président de la FFF, Philippe Diallo, a encore répété mardi qu'il attendait à minima une médaille. Depuis leur arrivée auprès des Bleues en mars dernier, Hervé Renard et son staff entretiennent une ambiance de groupe au beau fixe en sélection, après des années de tempête sous Corinne Diacre. "Il y a une osmose fragile, il faut la garder. L'équilibre est toujours fragile", déclarait justement Renard à propos de la concurrence entre ses internationales. Reste désormais une inconnue : ce désir ivoirien d'un jour sera-t-il vite oublié ou bien de nature à ébranler l'alchimie bleue à six mois de l'entrée aux JO, le 25 juillet ? Vendredi, Renard semblait en tout cas tranquille : "Je ne pense pas que ça posait de problèmes d'après ce que je sais... Et à celles qui m'ont envoyé un message, j'ai dit la même chose : il n'a jamais été question de partir".
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