Football : le Sporting Club de Bastia sur la corde raide
Une semaine après les incidents lors du match contre l'Olympique Lyonnais, le Sporting Club de Bastia (SCB) est de retour sur le terrain samedi face aux girondins de Bordeaux. À Bastia, une partie de la population s'interroge sur l'avenir du club.
Une semaine après les graves incidents qui ont entraîné l'arrêt de la rencontre contre l'Olympique lyonnais, le Sporting Bastia est de retour sur le terrain samedi 22 avril. À 20 heures, le club, 20e et dernier de la Ligue 1, affronte les girondins de Bordeaux. Si les dirigeants du SCB assurent que les dérapages de dimanche 16 avril n'ont pas eu de conséquences sur la préparation de cette 34e journée de championnat, une partie de la population s'interroge sur l'avenir d'un club fragilisé.
"Comment ne pas être frustré ?" répète ce poissonnier en glaçant son étal. Fidèle spectateur de Bastia depuis 20 ans, il estime que la saison est fichue "Ça va être dur pour se relever. Il faut avoir une autre politique. Il n’y a pas d’ambition dans le club. Il n’y a rien. Tous les ans on est obligé de vendre des joueurs pour se maintenir. Il n’y a que des prêts. On ne vit que sur les prêts".
Responsabilité "des élus, des dirigeants, des parents"
Dans le centre-ville, on repère les supporters grâce aux écussons bleu et blanc du SCB suspendus au rétroviseur intérieur des voitures. Christophe baisse sa vitre. Il n'a pas envie de s'exprimer dans la rue, le foot est un sujet sensible, dit-il. Mais il veut bien parler de son club de cœur en roulant. "On est un peu dans l’œil du cyclone depuis pas mal de temps." témoigne-t-il. "C’est vrai que dès fois on le mérite. Parce qu’on n’est pas toujours irréprochable. Mais dès fois on se pose la question de savoir si on est un peu parano. En Corse, on n’est jamais autant solidaire que dans l’adversité. Il y avait une chanson pendant l’épopée européenne qui disait "Ton stade est le plus petit mais pour nous c’est le plus grand." Et c’est exactement ce que l’on ressent. On est un stade qui ne ressemble à rien. Mais pour nous ça reste fort".
Dans son bureau de l'hôtel de ville avec vue sur mer, le maire de Bastia, Pierre Savelli, assume sa part de responsabilité dans les incidents de dimanche face à Lyon. "Si on est arrivé là, c’est qu’on est tous, tous fautif. Si la jeunesse a été au-delà de ce qui est tolérable, c’est qu’on n’a pas su leur expliquer, nous élus et dirigeants, et peut-être parents aussi, ce que l’on pouvait faire et ne pas faire." Et selon lui, la dissolution du club des supporters Bastia 1905 "ne rime pratiquement à rien, si ce n’est pour certains décideurs à se donner bonne conscience."
Je pense que c’est le football qui est pourri.
Un retraité corseà franceinfo
Pour ne pas fausser le championnat de Ligue 1, la commission de discipline de la Ligue annoncera les sanctions définitives contre le Sporting le 4 mai. Dans un premier temps, Bastia est privé de son stade de Furiani et de son public. "Ils sont allés un peu trop loin, ils l’ont un peu cherché quand même." admet un retraité corse. "Donc à partir de là, il faut s’attendre à des sanctions. Mais je ferais remarquer que le problème est général. Parce qu’il y a eu les mêmes événements à Lyon, il y a eu les mêmes événements à Nice, il y a eu les mêmes événements partout. Ça ne veut pas dire que les dérapages de Bastia sont excusables, mais c’est vrai qu’ils sont traités différemment."
Frédéric Antonetti prêt à reprendre le poste d'entraîneur
Pour l'historien et sociologue du football corse, Didier Rey, le club de Bastia est à un moment charnière de son histoire. "Il semble effectivement que la ligue 2 se profile et que ça soit le moins pire. Si résurrection sportive il y a, la leçon à tirer c’est qu’elle ne suffit pas. Et qu’il faut un vrai projet derrière. Un sporting qui soit aussi un moteur social et culturel. Et puis réfléchir aussi sur quel professionnalisme en Corse pour demain."
La reconstruction nécessaire du Sporting, tout le monde l'évoque sur l'île et un nom revient en boucle, celui de Frédéric Antonetti, l'enfant du pays, ex milieu de terrain devenu entraîneur. Pour Didier Rey, il est "un candidat naturel. Il a conduit le club en coupe Intertoto, en coupe d’Europe en 1997 et 1998, et il a entrainé plusieurs clubs professionnels au Japon. Il a entrainé également Saint-Étienne, Lille, Nice, Rennes. Donc il a une vraie expérience du football d’aujourd’hui. C’est évident."
À 55 ans, Frédéric Antonetti se dit prêt à revenir s'il peut avoir les pleins pouvoirs, au niveau sportif "comme au niveau financier".
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