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Football : comment le FC Barcelone est passé de club ruiné à acteur majeur du mercato estival

Après l'annonce de l'arrivée de Raphinha vendredi, et de Robert Lewandowski mardi, des questions se posent autour des finances du club barcelonais. 

France Télévisions - Rédaction Sport
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Robert Lewandowski, nouvelle recrue du FC Barcelone, s'échauffe avant un match amical de présaison contre l'Inter Miami CF, le 19 juillet 2022, à Fort Lauderdale, en Floride (Etats-Unis). (MICHAEL REAVES / AFP)

Il y a un an, le président du FC Barcelone Joan Laporta déplorait une "situation financière dramatique" du club catalan. Endetté à hauteur de 1,35 milliard d'euros, le Barça dépeignait une "situation économique et patrimoniale préoccupante". Une dette abyssale, une "situation de faillite comptable" et une masse salariale énorme, autant d'éléments qui ne laissaient guère d'option au club.

Mais voilà qu'un an plus tard le FC Barcelone est devenu l'un des clubs les plus actifs du mercato estival, avec notamment les recrutements de Raphinha et Robert Lewandowski, pour plusieurs dizaines de millions d'euros chacun. Comment le club a-t-il pu renverser sa situation économique ? Franceinfo: sport a interrogé Luc Arrondel, économiste spécialiste du football et directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS). 

Par la réduction de la masse salariale

L'an passé, le principal problème du FC Barcelone était sa masse salariale. En effet, la Liga impose un plafond salarial qui dépend des revenus du club. "Comme les revenus avaient considérablement baissé à cause des huis clos dus au Covid, le FC Barcelone sortait un peu des clous en ce qui concerne sa masse salariale, qui est, je le rappelle, pratiquement la plus importante en Europe. Donc, si le club voulait rentrer dans les clous de la Liga, il fallait réduire sa masse salariale", commence Luc Arrondel, économiste spécialiste du football. C'est notamment ce qui explique, depuis un an, "le départ de Lionel Messi et le prêt de Philippe Coutinho à Aston Villa", poursuit l'économiste. 

Par la vente d'actifs

Dans le championnat espagnol, les clubs doivent justifier leurs revenus avant le début de la saison, ce qui est un peu différent du fair-play financier ou de la DNCG en France. "Si le FC Barcelone voulait dépenser plus en masse salariale, il devait alors augmenter sa trésorerie. Pour cela, il a eu l'autorisation des 'socios' [les supporters-actionnaires] pour vendre 49,9% des parts de leur société commerciale, qui gère leurs revenus commerciaux", détaille l'économiste. Le processus est en cours, mais n'a pas encore eu lieu.

Les "socios" ont également validé "la vente de 10% des droits télévisuels à un fonds d'investissement américain, Sixth Street, moyennant un peu plus de 200 millions d'euros", ajoute Luc Arrondel. Le club catalan envisagerait également de se séparer de 15% supplémentaire en échange de 330 millions d'euros.

Mais ce choix de vendre les "bijoux de famille" n'est pas sans contrepartie. "La vente de 10% des droits télévisuels au fonds d'investissement augmente leurs revenus à court terme, mais les diminue à long terme. C'est un calcul qui leur permet de passer la difficulté actuelle", analyse l'économiste. 

En vendant ses actifs, le Barça suit une tendance. En Espagne, 17 clubs de Liga ont par exemple passé un accord avec le fonds d'investissement CVC, et le Real Madrid a vendu 20% des revenus d'exploitation de son stade Santiago-Bernabéu bientôt rénové à Sixth Street en échange de 360 millions d'euros. "On observe une tendance en Europe, qui est l'arrivée des fonds d'investissement dans le foot, non pas en achetant des clubs mais en achetant des parts dans les ligues, les compétitions, etc. C'est ce qu'on observe aussi en France, où il y a des besoins de liquidités. La ligue a vendu 13% de ses droits télévisuels futurs. Comme la ligue espagnole", confirme Luc Arrondel.

Par l'espoir d'une reprise économique

Le FC Barcelone mise surtout sur la reprise économique post-Covid-19 et compte sur les futurs revenus générés par son nouveau stade pour rembourser ses dettes. "Avant le Covid, la billetterie lui rapportait 150 millions d'euros", précise encore l'économiste spécialiste du football. L'objectif paraît atteignable puisque Barcelone fait toujours partie des clubs qui génèrent le plus de revenus au monde, avec 582 millions d'euros selon les chiffres avancés par le cabinet Deloitte en janvier 2022.

Au-delà de la billetterie, le club compte aussi sur les revenus issus de la Ligue des champions, qui "ont aussi beaucoup augmenté ces dernières années, et qui peuvent atteindre une centaine de millions d'euros si vous allez au bout de la compétition", ajoute Luc Arrondel. Par ailleurs, en avril dernier, le Barça et Spotify ont signé un accord, faisant du géant suédois le partenaire principal du club. Ce contrat, qui comprend notamment le "naming" du Camp Nou rénové, va rapporter environ 435 millions d'euros au Barça. Il s'agit du plus gros contrat de sponsoring de l'histoire du club.

Par un lissage de la dette

Avec la masse salariale, le point le plus préoccupant pour le Barça résidait dans sa dette colossale (comprenant sa dette financière, sa dette relative aux transferts, et d'autres dettes) à hauteur de 1,35 milliard d'euros. Sans oublier l'urgence de la rembourser avant le 30 juin 2021.

Mais Joan Laporta, élu président quatre mois auparavant, et son équipe de dirigeants, ont négocié avec leurs créanciers le lissage de cette dette sur plusieurs années, une manière de gagner du temps. "Le problème est que quand vous avez des dettes à court terme, il y a vraiment une charge de la dette qui est importante. Si on l'échelonne, cela peut aider à passer le cap. A court terme, cela vous donne plus de trésorerie, et donc vous permet d'avoir une masse salariale plus importante et ainsi de pouvoir acheter des joueurs avec une enveloppe plus importante", approfondit l'économiste Luc Arrondel. A savoir maintenant si la stratégie s'avérera toujours aussi payante pour les années suivantes.

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