Euro 2016 : mais pourquoi les noms islandais se terminent tous en "son" ?
Depuis le succès surprise de l'Islande contre l'Angleterre (2-1), lors des huitièmes de finale lundi, vous êtes devenu un "Islandix" : un amoureux de ce pays sans rien connaître de sa culture. Séance de rattrapage.
Voici la composition de l'équipe d'Islande lors de son huitième de finale victorieux contre l'Angleterre (2-1), lundi 27 juin : Halldorsson - Skulason, R. Sigurdsson, Arnason, Saevarsson - Bjarnason, Gunnarsson, G. Sirgurdsson, Gudmundsson - Sigthorsson, Bodvarsson. Onze noms qui terminent en "son" donc. Mais pourquoi ?
Le nom de famille, qui se termine systématiquement en "son" pour les hommes ("fils de" accolé au prénom du père ou de la mère), ou en "dottir" pour les femmes, n'est qu'un rappel de l'hérédité de la personne. Ainsi, le commentateur fou islandais, devenu la coqueluche des réseaux sociaux, s'appelle Gudmundur Benediktsson, Gudmundur, le fils de Benedikt. De la même façon, la chanteuse Björk a pour nom de famille Björk Guðmundsdóttir, la fille de Guðmund. Les parents peuvent aussi compiler leurs deux prénoms pour baptiser leur enfant : le maire de Reykjavik s'appelle Dagur Bergþóruson Eggertsson, fils de Bergþóra et d'Eggert.
Dans ce cas, pourquoi le joueur islandais le plus connu - bien qu'un peu âgé désormais, avec ses 37 ans - s'appelle Eidur Gudjohnsen ? Environ 10% des familles islandaises, qui portent un patronyme d'origine étrangère, ont obtenu le droit de pouvoir le conserver. Théoriquement, il aurait dû hériter du prénom de son père et s'appeler Arnorsson. Notez au passage que Gudjohnsen, nom d'origine danoise ou suédoise, veut dire "le fils de Gudjohn". Dans le reste de la Scandinavie, on a longtemps utilisé ce système de noms de famille avant de l'abandonner.
Le pays où le nom de famille ne sert à rien (ou presque)
De toute façon, ce qui compte surtout en Islande, ce sont les prénoms. C'est ainsi que l'annuaire est organisé dans le pays. C'est aussi comme ça qu'on s'apostrophe de façon respectueuse, que ce soit son voisin de palier ou le président de la République, continue le magazine Reykjavik Grapevine (en anglais).
Baptiser un enfant en Islande, c'est tout un art. Les parents disposent d'une liste de 3 500 prénoms, moitié-moitié entre les filles et les garçons. Tous doivent être compatibles avec l'alphabet islandais - 32 lettres et pas de "c" par exemple. S'ils veulent être originaux, les parents doivent déposer une demande auprès d'un organisme spécialisé qui répond au doux nom de Mannanafnanefnd moyennant 3 000 couronnes islandaises, à peu près 21 euros. Les critères sont drastiques : ainsi le nom "Pedro" a été recalé, au prétexte qu'aucun prénom islandais ne se termine ainsi. Mais "Pedró" a été accepté - en islandais, ça sonne totalement différemment. Environ la moitié des 100 demandes annuelles sont acceptées, indique le Reykjavik Grapevine.
Une pétition avait même été lancée pour que soit inscrit sur les maillots de l'équipe nationale le prénom des joueurs. Requête rejetée par l'UEFA, constate The Icelandic Monitor, l'administration européenne en général étant rétive aux coutumes islandaises.
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